Bioshock, premier du nom fait parti du panthéon des jeux dont l’aura est absolument inattaquable. On voit ainsi ses détracteurs se faire rouler dessus sur les forums à grand coup de « T’as pas compris le jeu », « tu ne sais pas y jouer » et autres accusations aussi arrogantes que convaincues.

Je l’ai découvert bien malgré moi après m’être fait rentrer dedans une bonne dizaine de fois à la suite par un protecteur en mode Difficile. Je commençais à trouver le système de combat un peu brouillon mais heureusement les fans du jeu m’ont bien vite remis sur le droit chemin. Je suis donc passé en difficulté moyenne et j’ai repris ma route.
Malheureusement mon avis sur le système de baston ne s’est pas vraiment amélioré. Que ce soit pour les plasmides ou les armes, le système de visée n’est pas très précis. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que notre héros ne soit pas un soldat surentraîné. Mais dès qu’on se bat avec trois ennemis ou plus on ne sait plus où donner de la tête. On peut le dire c’est clairement bordélique, la faute à des ennemis ayant tendance à vous foncer dessus ou à bouger dans tous les sens dans des niveaux plutôt étroits. Pareil pour les « boss », l’esquive étant une stratégie assez peu efficace on se contente de balancer toute la puissance de feu disponible en ingurgitant des médikits frénétiquement.
Malgré ces scènes de combat un peu chaotique, les GD n’ont pas lésiné sur l’équipement. Il y a ce qu’il faut en termes d’arme à feu pour varier les situations. Ça commence à faire beaucoup de matos quand on rajoute tous les plasmides de combat à côté. Mais en plus chaque arme dispose de trois types de munitions plus ou moins efficace en fonctions des ennemis. Et là c’est le bordel. Pour des affrontements contre de la chair à canon comme les chrosomes, ce large spectre de possibilités tactiques est très superflu.
La meilleure stratégie que j’ai trouvé reste de lancer les cadavres des chrosomes sur leurs petits copains encore vivants, ce qui a pour effet de les tuer presque instantanément. La télékinésie fut donc mon arme principale dans ce foutoir.
Petite dédicace au système photo qui permet de collecter des renseignements sur les différents ennemis afin d’obtenir des bonus de dégâts et des plasmides. Pas indispensable mais plutôt sympathique.


Enfin, pour se mettre sur la gueule sans retourner au dernier checkpoint toutes les cinq minutes, il vous faudra faire quelques emplettes au cours de l’aventure. Pour cela, différentes bornes sont à votre disposition avec munitions, vie et autres plasmides plus ou moins utiles. Chaque borne, mais aussi caméra tourelle etc, peut être piratée afin de réduire les prix ou d’en prendre le contrôle. Pour cela le joueur doit réussir une sorte de puzzle en temps limité avec des tuyaux et un liquide qui avance. Si ce système est vite fait rigolo au début, il finit par être harassant après quelques heures de jeu. Surtout que le niveau de difficulté varie étrangement. Heureusement il existe des outils de piratage automatique mais des petites variations du mini jeu n’auraient pas été de trop. L’alternative au piratage est de racheter la borne, mécanique simple mais qui appuie l’idée d’une ville ou tout s’achète. Mention spéciale aux bornes de craft qui ne servent à rien sauf pour les outils de piratage auto.


Mais il n’y a pas que le combat et le piratage dans la vie et dès les premières heures de jeu, on découvre les moyens par lesquels l’histoire nous sera narrée. Soit des petits enregistrements vocaux disséminés çà et là ainsi que des interventions scriptés des protagonistes à travers le même système. Une idée intéressante puisqu’elle permet une progression fluide sans être coupé par des cinématiques.
Les différents enregistrements optionnels incitent aussi le joueur à fouiner dans les niveaux pour comprendre ce qui est arrivé à Rapture. D’autant plus que la recherche attentive favorise l’observation, ce qui permet de glisser des éléments de narration dans les décors. Surtout que ces derniers ont vraiment de la gueule.


Malheureusement dans le feu de l’action il est souvent assez difficile de prêter attention à ce qui est dit voir d’entendre tout court les enregistrements. Il faut donc parfois s’arrêter pour prendre le temps de tout écouter ce qui bouscule légèrement le rythme du jeu. Le nombre important de personnages et de noms peut rendre la chose assez confuse aussi.


Si les moyens utilisés pour raconter la décadence de Rapture sont intéressants, l’histoire de la ville en elle-même l’est aussi. C’est comme si l’on jouait aux 7 différences lorsqu’on écoute les enregistrements et que l’on compare avec les restes de la ville autour de soi. On en apprend plus sur le rêve d’une cité dystopique où l’entreprenariat est totalement décomplexé au point d’aller jouer avec le transhumanisme. Bioshock possède ainsi une qualité que peu de titres à gros budget ont, celle d’aborder des sujets politiques et d’y apporter une vision.
Toutes ces informations laissées par le jeu sont autant de clés face aux différents mystères du fonctionnement de la ville sous-marine et de sa déchéance.


SPOILER


Parallèlement, notre histoire, celle du joueur qui cherche Ryan à la demande d’Atlas est assez banale voir un peu chiante dans la première moitié du jeu. Et ça jusqu’au twist qui suit la mort de Ryan. On découvre alors la vraie identité d’Atlas qui nous contrôlait à l’aide des plasmides en ayant juste à dire « Je vous prie ». Le jeu justifie alors la linéarité de sa progression et le fait qu’il n’y ait pas eu d’autres chemin possible. Le libre arbitre du joueur est en quelque sorte remis en cause puisque la finalité de ses actions était prédestiné dans la diégèse même du jeu.

Puis on est sauvé par la scientifique allemande qui a créé une sorte de refuge pour les petites filles. Elles se comporteront différemment en fonction de votre attitude passée. Moi qui étais convaincu que la mort valait mieux pour elles que de vivre dans cette cité dangereuse et à l’abandon je me suis permis de prélever tout leur plasmide après chaque affrontement. Je me suis donc fait fustiger par tout ces petits êtres qui n’avaient rien demandé.
Si je vous raconte tout ça c’est que cette rencontre m’a un peu chamboulé et que j’ai tout de suite changé d’avis en sauvant toutes les petites filles trouvées. Ce type d’implication émotionnelle étant assez rare pour moi en jeu je me suis permis de terminer sur cette anecdote. Le reste du jeu n’offrant pas spécialement de renouvellement si ce n’est un boss de fin très médiocre.


Du coup Bioshock est-il un chef d’œuvre ? Est-il à la hauteur de sa réputation ? Eh bien oui et non. Le titre a, selon moi, des soucis de gameplay et d’équilibrage notamment dans ce qui compose le système et les phases de combat ainsi qu'un level design assez générique. Mais il se rattrape grâce à ses qualités de narration, bien pensés pour son média. Cela permet au titre de présenter au joueur un univers intéressant et marquant sur le plan esthétique comme intellectuel.
Le jeu du studio Irrational Games ne peut pas se targuer d’être parfait et je veux bien sortir les gants pour défendre cette idée. Mais il reste un jeu intelligent, ambitieux et qui vaut le détour.

Orak
7
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le 2 janv. 2019

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