Décadence utopique…

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un avion se crashe en pleine mer ; Jack se débattant dans les flots infestés de débris réussi à se réfugier à l’intérieur d’une mystérieuse ville sous-marine du nom de Rapture ; création utopique d’un milliardaire mégalomane fantasmant l’avènement d’une société libérée de tous préjugés. Serez-vous le bien venu parmi cette collectivité ?

Le monde de Rapture dans Bioshock fait la part belle à un magnifique design de style Art déco mêlé à l’esthétique Steampuk au sein d’une immense cité sous-marine… Mais pas d’inquiétude, le jeu ne se passe pas exclusivement dans des tuyauteries vitrées ayant pour seul spectateur des amphibiens et vertébrés à branchies revêtus d’écailles. On est réellement dans une ville enfouis sous les eaux possédant différents niveaux de profondeur qui recèlent chacun une parcelle de société atypique ; le monde chaotique des machines, le monde du divertissement théâtral et des casinos, le monde de la recherche et de la médecine, et même un monde chlorophyllien arboré, poumon de la cité… Vous serez dépaysé tout en ressentant une harmonieuse cohésion dans cet antre utopique moisissant de l’intérieur tout en excrétant folie meurtrière, car évidemment Rapture est à l’agonie ; une cité sombrant dans les limbes de l’aliénation anarchique… Violence, cruauté, horreur seront votre quotidien ; imaginez que cette petite fille accroupie auprès d’un cadavre ne pleure nullement la disparition d’un parent, mais, tel un charognard, récolte avec hargne et allégresse une précieuse substance nutritive sous la couverture protectrice d’un colossal scaphandrier…

Dans Bioshock rentrer dans le tas ne sera pas toujours la meilleure option pour avancer, la surprise et la stratégie sont souvent plus efficaces ; et justement, Kevine Levine a mâtiné son FPS d’une touche de RPG. Vos armes variées pourront être améliorées et posséder divers types de munitions qu’on utilisera en fonction du danger disséminé autour de nous. De plus, Rapture étant un monde au sein duquel la recherche génétique a façonné des monstres aux déviances parapsychiques, vous développerez donc différents pouvoirs, pouvant être amélioré lors de votre scrupuleuse exploration et vous aidant là aussi à l’élaboration de tactique défensive et offensive ; d’ailleurs, cette petite fille vous sera précieuse à plus d’un titre en cela, la seule question que vous vous poserez : Vais-je la tuer ou la sauver ? Enfin, vous récolterez divers matériaux, de la nourriture et de l’argent servant vos besoins, et même de l’alcool et des cigarettes bien que l’abus ne soit pas préconisé ! Outre le fait de survivre en cherchant l’évasion et débloquer le chemin face à des situations extrêmes, Bioshok vous propose divers types d’actions comme pirater des coffres, des sentinelles volantes, poser des pièges, façonner son équipement et ses munitions… Bref, je ne m’étendrai pas plus, mais j’ai été très agréablement surpris de la variété des approches et possibilités offertes ; rarement, un FPS m’a semblé aussi riche et prenant…

Et pour cause, outre ces aspects, nous évoluons dans une atmosphère stressante et oppressante remarquablement restituée. Tout autour de nous, bruits, gémissements et lamentations sinistres et démentes nous harcèlent à chaque interstice lugubre et suintant de notre cheminement pendant que nos pas sont guidés par la voix énigmatique d’un homme semblant chercher aussi notre aide… Succomberez-vous à la schizophrénique paranoïa qui vous encercle ? Les scénarios de FPS sont rarement leur point fort, mais Biosock s’en tire assez bien. Tout le long de votre escapade, vous dénicherez des enregistrements audio divulguant l’histoire de la cité et notamment les causes de son déclin spectaculaire tandis que des personnages fous alliés égrèneront vos découvertes ponctuées de rebondissements assez sympathiques mettant en lumières votre propre passé. Ferez-vous les bons choix pour sortir indemne lorsque la vérité éclatera ?

Bioshock tend à critiquer les déviances de la science, du pouvoir et de l’argent, Rapture étant la métaphore satirique de notre société cherchant la totale liberté de jouissance tout en voulant créer la perfection et l’immortalité corporelles au détriment de toute morale. Une œuvre que j’ai vraiment adorée ; mes mains étaient pour ainsi dire greffées à ma manette tant l’action et l’ambiance sont saisissants or, pour l’amateur ponctuel de FPS que je suis, c’est signe de qualité et d’envoutement.