Etrange jeu. D'un côté une vaste arnaque qui à force de vouloir bouffer à tous les râteliers construit un gameplay tout en façade: pas un jeu d'exploration en monde libre mais un FPS couloir, un soupçon de tactique et de Roleplay illusoires qui favorisent en fait le bourrinisme et la recherche d'items compulsive, pas vraiment une réflexion sur le totalitarisme mais plutôt une narration à tiroirs fourre-tout. Mais cet espèce de gigantesque montage d'idées qui tend l'expérience de jeu vers le néant reste intéressante parce qu'elle redouble le contenu narratif et ses histoires de mondes parallèles et trouve un accomplissement dans l'incroyable direction artistique qui va encore plus loin dans le collage d'influences que les précédents Bioshock. On navigue de l'esthétique révolutionnaire communiste aux fantasmes de grandeur religieuse en passant par la Guerre de sécession, l'art antique, tout ça passé au mixeur Jules Verne, et cela de manière assez organique et cohérente.
Du coup on comprend très vite que l'intérêt du jeu réside presque uniquement dans la contemplation. Les phases de jeu ne servant qu'à générer des images, la First Person devient un prétexte à la scrutation et visuellement il faut avouer que le jeu en a sous le pied (même si l'émerveillement du début du jeu tend à s'estomper au fur et à mesure). Donc même si le jeu est une grosse déception en terme de gameplay (je ne me souviens plus des précédents opus mais j'avais pas souvenir d'un tel manque), ça reste une expérience qui vaut le détour. Il faut juste le prendre comme une longue balade dans un immense générateur d'imagerie détraqué.
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