It's a hard world for little things.
A l'époque de sa sortie, j'ai fait l'impasse sur Demon's Souls pour une unique raison : l'insistance des Internets à t'expliquer combien le jeu était difficile. La presse en ligne d'abord, qui s'est empressée de monter - à tord - l'argument de la difficulté comme la feature vedette du jeu. Enfin, sa récupération totale par la communauté des hardcores gamers avec laquelle je n'ai que peu en commun, étant un joueur moyen - au mieux. Convaincu que Demon's Souls n'était pas pour moi, je suis passé à autre chose.
Des années plus tard, c'est un peu par curiosité mais surtout totalement par hasard que j'ai finalement posé mes mains sur Dark Souls. En l'espace de quelques minutes, j'ai été littéralement submergé par la beauté des environnements et leur cohérence, sa narration elliptique et somptueuse, la qualité et la richesse de ses affrontements. J'ai compris quasi immédiatement que j'avais affaire à un jeu de la décennie et j'ai surtout réalisé combien je m'ennuyais en jouant depuis toutes ces années.
Évidemment, j'ai attendu Bloodborne frileux, sans trop y croire. Chahuté par la hype, récupéré par Sony, passé triple A un peu malgré lui, comment Hidetaka Miyazaki pouvait-il récidiver ? Les Internets se lèvent alors et parlent : le frame rate cahote, les loadings sont interminables, le jeu est terriblement difficile et reste toujours aussi évasif sur ses mécaniques de jeu. Je suis surpris par la violence de certaines réactions lues sur Twitter.
Manette en main pourtant, le déclic est de retour, intact et inespéré : la beauté confondante des environnements, l'ingéniosité du level design qui semble avoir été poussé à son paroxysme, le soin apporté aux détails et toujours ces incroyables affrontements. La nervosité apportée par Bloodborne n'annihile en rien ce qui faisait la qualité des Souls mais ajoute une nouvelle dimension offensive au combat sans rien perdre en lecture du jeu. Mieux : l'exploration se taille une part du lion, peut-être même davantage que dans Dark Souls.
Surprise, je meurs (relativement) peu. Que s'est-il passé ? Serais-je enfin devenu un bon joueur ? Malheureusement pour moi, non. Je continue d'admirer la prestation des speedrunners et autres phénomènes du pad qui réalisent déjà des run impressionnantes sur Bloodborne. En ce qui me concerne, je me contente de jouer en me pliant aux règles particulièrement rigoureuses - et parfois piégeuses - dictées par le jeu. Je me gargarise toujours de mes hauts faits et c'est plus que jamais une immense satisfaction que de terrasser un boss ou que de parcourir ce bloc-monde afin d'y dénicher trésors et raccourcis.
La vérité, c'est que je plains ces joueurs qui réduiront Bloodborne à sa relative difficulté ou à ses défauts techniques et qui passeront certainement à côté d'un des meilleurs Action-RPG de ces dernières années. Et j'encourage plus que jamais les autres à l'essayer. Calmement, posément, bien calé - de nuit si possible. Il est encore trop tôt pour savoir si Bloodborne possède autant à offrir que Dark Souls sur le long terme mais en ce qui me concerne et sans me mouiller : en 2015, le jeu de l'année (et pourquoi pas de la prochaine) est bel et bien arrivé fin mars.