Injustement descendu en flammes
La fin est proche.
Depuis maintenant plus de 15 ans, les énigmatiques Seigneurs du froid et leur mortearmée s'acharnent impitoyablement à traquer et à éradiquer toute forme de vie dans le monde de Vertiel.
Rien ne semble pouvoir arrêter cette monstruosité qui ne fait que gagner de plus en plus de soldats après chaque bataille. Les grandes nations humaines et leurs puissantes armées ont été anéanties dès le début du conflit et les elfes, par leur inaction, ne vont par tarder à les rejoindre dans la fosse commune.
Les survivants sont désormais contraints de se cacher dans les forets ou les marais mais ce n'est qu'une question de temps avant que les sinistres sbires des Seigneurs d'Ombrefroide ne leur mettent la main dessus.
Pourtant, dans ce paysage de décombres et de glaces éternelles, réside un maigre espoir. Les survivants de l'ordre des Erudits Rouges se sont réunis dans un temple pour invoquer une vieille et puissante créature : « un démon » capable de mettre fin aux exactions des Seigneurs du froid. Mais tout ne se passe pas comme prévu : le Démon se retrouve emprisonné dans le corps de Volcan, un artificier travaillant au sein de la dernière troupe de mercenaires encore en activité.
Volcan porte en lui les germes de la destruction des seigneurs du froid et du salut de Vertiel... mais l'emprise du Démon n'est pas sans danger.
Bound by Flame est un jeu développé par le studio "Spiders", édité par "Focus" et injustement massacré par une critique acerbe et assassine.
De nombreuses personnes semblent avoir oublié que "Spiders" n'est qu’un modeste studio de moins de 20 personnes et que le titre n'était pas spécialement prévu pour devenir le prochain "The Witcher".
Bound by Flame est un petit RPG honnête qui n'a malheureusement pas le budget nécessaire pour satisfaire ses folles ambitions.
En terme d'intrigue et de narration, Bound by flame mélange les références littéraires de la dark fantasy et met dans son univers tout ce que l'on espère trouver dans cette dernière : des elfes, des morts vivants, des dragons, et autres joyeusetés.
Avec une mise en scène un peu faiblarde, le scénario accumule les clichés et les poncifs du genre et ne s'écarte que rarement de cette voie.
Mais le jeu dispose de plus d'une corde à son arc pour rattraper l'apparente faiblesse de son histoire : le second degré des dialogues.
Le jeu n’arrête pas de souligner l'importance de votre quête mais également l'absurdité de la situation.
Le background tournent en dérision certains éléments de la fantasy classique avec des dialogues crus et pour le moins inhabituels.
Vous pouvez par exemple parler avec une femme fort dévêtue des risques d'attraper une pneumonie , questionner un mort vivant sur son ancienne vie sexuelle et même ridiculiser les principes de la chevalerie.
L'Histoire en elle-même est très tournée vers le concept de « possession » et se moque justement des aventures à la Skyrim avec un personnage principal surpuissant mais utilisé par n'importe qui.
Les méchants sont également difficile à prendre au sérieux en raison de leurs noms dignes de marchands de glace fauchés : Malegivre, le Maréchal Hiver, la Dame blanche.
L’inconvénient de ce genre de pratique c'est que le jeu fini constamment le cul entre deux chaises : d'un coté il essaye de raconter une histoire intéressante sur la notion de possession et de libre-arbitre mais de l'autre, il tente de créer un univers sombre avec une pointe d'humour et le sens de la parodie.
Les deux ne se marient pas forcément bien car il est difficile de savoir précisément où s’arrête le premier degré et ou commence le second.
Personnellement j'ai pris les discussions avec le démon et les événements du cœur-monde comme du premier degré et la croisade contre Malegivre comme du second.
Pour le gameplay, il est considéré par une bonne majorité des critiques professionnelles comme chiant, mou, inintéressant couplé à une difficulté abusée et des boss insurmontables.
Je n'aime pas parler des autres mais il faut que ça sorte : c'est des conneries.
Les gens qui ont trouvé le jeu impossible à terminer ne savent pas jouer et n'ont absolument rien compris aux mécanismes offerts par le gameplay.
Le jeu arrive à faire en sorte que chaque combat soit suffisamment difficile pour vous obliger à utiliser de manière judicieuse les différentes facettes du gameplay.
Dans ce jeu, vous pouvez crafter des pièges explosifs, des potions de mana et de santé ainsi que des carreaux d’arbalète pour vous aider lors des affrontements.
Vous pouvez également switcher en plein combat entre la rapidité des dagues et la force brute d'une épée, tuer des patrouille en mode furtif, esquiver ou parer les attaques adverses et utiliser les pouvoirs de pyromant pour améliorer votre résistance et vos dégâts.
Un groupe d'ennemis vous semble difficile à abattre ? N'hésitez pas à poser 2 ou 3 pièges avant le combat pour les affaiblir.
Un de ces ennemis dispose d'une bouclier ? Utiliser votre posture guerrière pour briser sa garde et enflammez votre épée avec votre aptitude de pyromant pour décupler vos dégâts.
Le chef de ce groupe est énervant et n’arrête pas de briser votre parade ? Utiliser votre posture de rôdeur pour l’esquiver et faite lui mal avec vos dagues empoisonnées.
Le boss vous inflige des dégâts considérables et vous n'arrivez pas à vous protéger de ses coups ? Demandez à votre compagnon (Edwen ou Mathras) de contrôler son esprit pendant quelques secondes pour reprendre des forces.
Le combat est perdu d'avance ? N'hésitez pas à éliminer les plus faibles et battre en retraite, loin de la zone de combat pour vous régénérer.
Bound by flame est un A-RPG extrêmement tactique qui vous oblige à réfléchir avant chaque attaque. Foncer sur un groupe d'ennemis sans préparation juste avec son épée en criant « Fus Ro Dah » est synonyme d'une mort rapide et violente.
Une fois les mécanismes assimilés, le titre devient extrêmement fun et agréable à parcourir. Les combats sont exigeants mais loin d’être frustrants.
Le tout est de savoir gérer au mieux les compétences des 3 arbres proposés : Rôdeur, Guerrier, Pyromant.
Il y a néanmoins des pics de difficulté assez désagréables qui ternissent un peu le parcours comme le passage des égouts de l'Acte 3, moche et un peu longuet et le boss de fin qui est effectivement très difficile à vaincre (un conseil : gardez 50 pièges pour l'affronter sans risque).
Le gros point noir de Bound by Flame se trouve dans son aspect technique.
Avec des graphismes d'un autre âge, des bugs de collision récurrents, des animations ratées et désagréables, des visages peu expressifs et des effets de lumières limités, Bound by flame bénéficie d'une réalisation maladroite frisant parfois la médiocrité.
Encore une fois, je veux bien excuser le manque de budget mais certains passages comme les marais sont relativement moches. Le tout se rattrape tout de même par un design de fantasy classique mais bien plus intéressant que chez la concurrence.
Pour l'aspect sonore, le doublage anglais est passable avec des voix particulièrement agaçantes et souvent à coté de la plaque. Les bruitages sont plutôt bons mais n'ont rien de transcendant ni de vraiment inoubliable.
En revanche une énorme bon point pour l'OST mémorable du jeu signée Olivier Derivière, un compositeur sous-estimé.*
Bound by flame souffre de nombreux défauts : les voix sont désagréables, les graphismes sont moches et dépassés, l'histoire oscille entre le bon et le très mauvais, la mise en scène est moyenne, la durée de vie est faible (15 heures) et les personnages n'ont que très peu de profondeur.
Mais d'un autre coté le jeu dispose d'une ambiance de qualité, d'un système de combat nerveux et exigeant, d'un système de craft intuitif, d'une musique belle et poétique, d'une personnalisation des armes excellente, de dialogues bien écrits, d'une dualité de personnage démon-homme encourageante et d'un bon potentiel de rejouabilité.
Bound By Flame est un jeu artisanal créé par une bande de passionnés avec ses défauts et ses qualités. Son ambition est démesurée par rapport à ses moyens mais l'effort et l'attention sont louables.
Spiders continue lentement mais sûrement sa lancée dans le monde du RPG et j'espère que leur prochain jeu "Mars : Paradise Lost" , gommera les défauts de Bound By Flame.
Un coup de cœur !
* = https://www.youtube.com/watch?v=aRHJDo-HZQQ&list=PLDaNXN23WaSj2fw5FTtdG12bzZDvbcRVp&index=2