Quel plaisir ! Braid fait partie de ces jeux où l'on bute sur une énigme jusqu'à s'arracher les cheveux et mettre fin à la partie. Et puis le lendemain on rallume le PC, on relance Steam et dés les premières minutes de réflexion, on trouve la solution, en s'écriant presque "Eurêka" et en se croyant un génie capable de faire travailler son cerveau comme le plus grand des physiciens. Oui, en fait Braid est une machine à régénérer l'ego, à le développer même... à condition de parvenir à le terminer.
Mais la grande réussite du jeu est d'avoir su créer des puzzles difficiles avec des éléments tous simples. Un bouton de saut, un bouton pour revenir en arrière, quelques légères subtilités comme le saut sur les ennemis pour atteindre les hauteurs ou l'enrobage vert qui immunise du retour dans le temps ; c'est tout.
Cela aurait pu constituer un motif de reproche dû à la répétitivité de l'ensemble mais heureusement le créateur du jeu a eu la bonne idée de proposer des thématiques dans chaque monde ; ainsi un niveau propose une corrélation entre les mouvements de votre personnage et ceux des ennemis voir plate-formes, un autre s'amuse à laisser votre ombre vagabonder après un retour dans le temps, le niveau six vous octroie une pouvoir permettant de ralentir les mouvements au sein d'une bulle. Des trouvailles qui rendent chaque environnement unique et renouvellent les énigmes.
Leçon de level-design, Braid sait aussi se montrer d'une beauté évanescente avec ses couleurs chatoyantes, ses références à Mario, et ses musiques divines. Car dans un puzzle game dans lequel on peut vite rester coincer, la qualité des musiques est une chose primordiale, et cela Braid l'a bien compris. La souplesse du gameplay, son caractère intuitif n'ont de cesse d'encourager le joueur à persévérer en rendant la progression agréable.
Et puis il a ce scénario obscur, difficilement pénétrable, sujet à diverses interprétations, mature en tout cas dans son traitement et dans son sujet. La narration se veut trouble, opaque mais attirante, fascinante, et l'on cherche les détails dans les textes permettant de comprendre l'identité de cette princesse, les motivations du personnage, le rapport à la bombe atomique ; on admire aussi que cette narration se retrouve dans le gameplay, avec des retours dans le temps symbolisant la volonté de rattraper ses erreurs, et surtout une séquence finale révélatrice de la confusion du héros, géniale de simplicité et de clarté. Un vrai choc sans cinématiques qui surprend le joueur à travers une simple application de la base du gameplay : le retour dans le temps.
Souffrant tout juste d'une durée de vie faiblarde et d'une rejouabilité limitée mais inhérente finalement à ce genre de jeu, Braid est définitivement une œuvre d'une intelligence remarquable tant dans la lisibilité de son level design que dans l'opacité de sa narration, tant dans la simplicité de son gameplay que dans la complexité de son scénario.
Et à la fin on espère juste que notre mémoire se désagrègera afin de pouvoir recommencer Braid et le redécouvrir à nouveau. Après tout, avec le temps va, tout s'en va...
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