Sliders, Les Mondes (un peu trop) Parallèles
Vraiment délicat d’attribuer une note à ce Bravely Default après avoir bouclé l’aventure 90 heures environ après l’avoir commencée. Doit-on retenir les 30 premières heures du jeu classiques, mais ultra-efficaces… ou les soixante dernières qui, il ne faut pas se le cacher, constituent une véritable purge, à l’exception du chapitre conclusif ?
Sur la forme et sur le fond, Bravely Default est un hommage aux J-RPG à l’ancienne avec son lot de châteaux, de chevaliers, de dragons, d’invocations, de jobs et autres cristaux. Autant dire que ceux qui avaient aimé par exemple le remake de Final Fantasy III sur DS seront aux anges. C’est carré, efficace et le scénario simple se suit avec plaisir. Qui plus est, le concept a été mis au goût du jour et profite à plein des fonctionnalités de la 3DS et notamment du StreetPass : au programme, reconstruction du village de Norende avec l’aide de joueurs croisés dans la rue, assistance ponctuelle permettant de bénéficier de la puissance de compagnons de Streetpass. Bref, du tout bon. Au point même qu’une fois arrivé vers la fin du 4ème chapitre après une trentaine d’heures de jeu, on se dit qu’on va peut-être rester sur sa faim.
Et voilà qu’arrive LA mauvaise idée du jeu : celle présente pour rallonger artificiellement la durée de vie et décourager les plus patients. Au prétexte d’un twist scénaristique fumeux à base de paradoxe spatio-temporel que je vous laisse découvrir, le scénario va ainsi vous forcer à refaire le jeu 4 fois de suite (oui, vous avez bien lu, QUATRE fois !). Certes, les choses vont aller en s’accélérant et les deux derniers runs vont s’apparenter à peu de choses près à un boss mode où tout s’enchaîne très vite. Le hic, c’est que rien ou presque ne va changer dans les chapitres 5 à 8 (ou si peu…). La seule différence notable est en réalité l’opposition de plus en plus brutale et féroce des différents gardiens des cristaux. Autant dire que de nombreuses heures de purge vous attendent ; les runs successifs n’étant qu’un prétexte pour faire du level-up. Bête et méchant, ni plus ni moins.
Bref, 50 à 60 heures de jeu en boucle ad nauseam tel un vieux vinyle rayé qui fait sauter périodiquement le bras de lecture… avant que le jeu ne reprenne son cours lors du chapitre conclusif qui viendra vous tirer d’une somnolence certaine après pas mal de trajets en RER 3DS en main. Ce problème flagrant d’équilibrage est d’autant plus dommage qu’on gardera finalement un bon souvenir de cette aventure hors norme une fois le jeu terminé. Mais combien de joueurs auront posé pied à terre quelque part entre le chapitre 5 et le chapitre 8, lassés de voir se répéter la même histoire avec quatre New Game Plus qui cachent mal leur nom. Et quand on pense que les plus malins des joueurs qui sauront assez vite déceler la supercherie scénaristique et braver les interdits… seront récompensés par… la mauvaise fin du jeu, on se dit qu’il faut avoir un sacré esprit grégaire pour voir le bout de ce Bravely Default.
Au final, Bravely Default n’en reste pas moins un solide J-RPG classique à l’ancienne. Mais il reste quand même plombé par des tares inexcusables pour prétendre à devenir un classique. A croire que les critiques dithyrambiques de certains testeurs n’aient dissimulé le fait que nombre d’entre eux se sont arrêtés à la fin du chapitre 4 ou 5. Mais ça, personne n’oserait y croire parmi les journalistes professionnels… ou pas.