Starbreeze souffle un petit vent de fraîcheur avec ce Brothers. Ce studio nous avait surtout habitué à faire des FPS bad-ass (Escape from Butcher Bay, The Darkness), un clone sympa de Left for Dead (Payday 2) et un reboot de merde (Syndicate). Cette fois-ci, ils nous ont concocté un petit jeu à télécharger qui ne paie pas de mine mais qui s’avère être une très bonne surprise. Microsoft ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque Brothers a fait partie du Summer of Arcade 2013.
La mère de Nyaa et Naiee est morte noyée. Leur père est à l’agonie (c’est vraiment pas de bol). Le médecin local leur apprend que pour sauver leur père, ils vont devoir aller chercher l’eau de l’Arbre de Vie. C’est ainsi que les deux frangins vont traverser les saisons et les paysages (village, château, collines enneigées,…) pour trouver cet arbre et sauver leur papounet.
Ce qui est frappant dans ce jeu et l’argument principal d’achat, en ce qui me concerne, c’est le gameplay. Brothers ne se joue qu’en mode 1 joueur et pourtant, on contrôle les deux frères. En fait, le grand frère se dirige avec le stick analogique gauche et le petit frère avec le stick analogique droit. Les interactions avec les décors ou les PNJ se font avec les boutons L2 et R2 (sur PS3), un pour chaque personnage. Bien sûr, les développeurs ont pensé à développer tout un tas de passages et d’énigmes qui mettent au défi le joueur (aaaah, le passage avec la corde !!). Ce style de contrôle est tout à fait original et presqu’inédit puisqu’à ma connaissance seul The Adventure of Cookie and Cream (Kuri Kuri Mix) de From Software sur PS2 avait une jouabilité similaire, et il date de 2000. Edit de Nov 2016 : Le Joueur du Grenier m'a fait découvrir qu'un jeu Famicom en 1987 proposait déjà de contrôler 2 personnages simultanément - Hana no Star Kaidou)
L’ambiance graphique ressemble à du Fable et a permis aux graphistes de se lâcher dans la beauté des paysages. C’est peut-être pour cette raison qu’ils ont mis des bancs sur lesquels on peut faire s’asseoir Nyaa et Naiee, à la manière d’Ico mais sans vraiment d’utilité si ce n’est admirer les paysages (ce que j’ai fait avec plaisir) et obtenir un moment un trophée/succès.
Mais alors que j’ai pris le jeu pour son gameplay, l’histoire m’a finalement aussi marqué que l’originalité des contrôles. L’aventure est courte (3 à 5 heures, même en comptant le temps d’obtenir 100% des trophées) mais ils ont réussi à faire des personnages très attachants alors qu’il n’y a aucun texte et aucune parole intelligible (ils parlent une langue inventée pour l’occasion). Ceci est dû à de multiples raisons.
Tout d’abord le chara-design est sympathique, même si le jeu est techniquement limité (modélisations simples, textures qui mettent 3 plombes à charger, effets et photo limités,…). Cela sert notamment la direction artistique. La musique de Gustaf Grefberg (compositeur attitré de Starbreeze) met tout de suite dans l’ambiance grâce à l’utilisation de musique « kulning » et ses chœurs presqu’aussi particuliers et déroutants que les chœurs bulgares d’Alone in the Dark Inferno d’Olivier Derivière. Elle est malheureusement très peu variée malgré les 19 pistes de l’OST. Enfin, peut-être que le fait de contrôler les deux personnages en même temps multiplie l’empathie qu’on a envers eux par 2 !
Quoiqu’il en soit, la fin, bien que prévisible, est vraiment touchante. « L’événement » de fin a des conséquences dans la psychologie du personnage mais également sur le gameplay qui change du tout au tout et ancre de ce fait le jeu complètement dans le style du rite initiatique et du passage à l’âge adulte.
Bref, si vous ne rechignez pas à mettre une quinzaine d’euros (mais les soldes sont récurrentes, je l’ai moi-même acheté à 5€), vous passerez quelques heures vraiment sympa avec un jeu esthétiquement très réussi, au gameplay innovant et bien utilisé, le tout porté par une histoire touchante. Les seuls reproches que je pourrais faire concernent la technique et la linéarité du jeu.
Paragraphe sur les trophées
Les trophées sont simplement des actions à faire pendant le jeu pour découvrir ou déclencher des saynettes. Il n'est même pas nécessaire de finir le jeu (ce qui serait dommage).
Vous pouvez soit tout faire au 1er run, soit faire le jeu tranquillement et choper les trophées la fois suivante en utilisant le "chapter select".
En tout, ça a dû me prendre 4 à 5 heures de jeu.
Les trophées sont très faciles à faire, pas de skill particulier, il faut juste savoir quoi faire, cela va de simplement accéder à un endroit un peu hors du chemin (le jeu est linéaire) jusqu'à, mon préféré, aider un père qui est en train de se suicider.
Pour tout dire, le plus difficile est "love birds" pour lequel il faut faire deux actions dans deux chapitres différents du jeu.
Bref, des trophées qui sont à l'image du jeu : pas difficiles mais très poétiques