Jeu marquant car utilisant des mécaniques de gameplay comme véhicules narratifs.
L'enjeu du gameplay n'est pas pas un quelconque challenge - ou alors il est émotionnel et pas performatif - mais de rendre dans l'expérience physique du joueur le sentiment fraternel. L'enjeu c'est d'éprouver organiquement le lien dissociatif entre les deux personnages (main gauche/main droite, cerveau gauche/cerveau droit) pour faire l'effort de les unir. C'est une idée qui est entièrement justifiée par l'accomplissement du jeu (spoilers: toute cette gymnastique pour finalement éprouver le manque lors de la disparition de la moitié de gameplay qui revient à la fin comme un membre fantôme, idée bouleversante).
Le second enjeu c'est plus simplement d'éprouver, par le gameplay, un univers, sorte de condensé exhaustif du romantisme allemand, qui ne ménage pas ses splendeurs. Ca puise dans le sublime à la Friedrich et dans les vieux contes nordiques. Il n'y a aucune réserve à avoir sur le plan esthétique, c'est une merveille de tous les instants.
Du coup le seul reproche que je ferai au jeu c'est de quitter parfois cette expérience directe de son environnement pour des cinématiques qui sont mises en scène avec un assez franc mauvais goût et à grand renfort de musique larmoyante qui m'ont sorti épisodiquement de l'émotion globale. L'impression d'un deuxième jeu à ce moment-là qui ne fait qu'entacher la luminosité du reste. J'aurai aimé que le jeu aille jusqu'au bout et que la narration se déroule intégralement in game (car quand il le fait c'est très fort).
Mais ça reste une belle baffe.
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