Belle ambiance !

Je suis très surpris de la plupart des notes basses attribuées par une grande partie des gens ici alors que fondamentalement si Call of Cthulhu n'est certainement pas la tuerie de l'année, il n'en reste pas moins un jeu correct dans l'univers si envoûtant de l'écrivain américain H.P. Lovecraft. C'est vrai que le gameplay hybride du jeu peut surprendre les joueurs les plus conventionnels. Disons que c'est un jeu à la croisée de plusieurs chemins. Pour la partie enquête et recherche d'indices, on est en phase avec des jeux tels que le Testament de Sherlock Holmes : vous vous déplacez dans des lieux restreints et partez à la recherche d'indices nécessaires pour progresser dans le scénario. Pour la partie horreur caractéristique de l'univers de Lovecraft : vous êtes sans défense face à une menace qui peut potentiellement vous pourchasser et vous tuer, le canon classique rendu célèbre par Amnesia. Pour la partie infiltration : c'est très basique même si certains passages, notamment à l’hôpital psychiatrique, peuvent être retors. Il faut simplement éviter d'être dans le champs de vision direct de certains ennemis sous peine d'être repéré. Enfin pour la partie dialogue et interaction, on se rapproche d'un jeu dans la mouvance de ce que peut produire Telltale Games mélangé à du The Council : des choix de dialogues qui peuvent parfois entraîner des conséquences directes sur l'action en cours et des réponses déblocables en fonction d'un arbre de compétences. On a aussi droit à une pseudo phase FPS, certes mal réalisée, mais tellement anecdotique qu'on ne peut pas se baser sur cela pour évaluer Call of Cthulhu dans sa globalité. Bref, vous l'aurez compris la production de Cyanide Studio est protéiforme. Elle n'est pas irréprochable dans tous ces domaines, loin s'en faut, mais au final Call of Cthulhu ne s'en sort pas trop mal.

Le point fort du jeu reste son ambiance et sa direction artistique plutôt réussies reprise sur l'oeuvre de François Baranger, immense illustrateur des œuvres de Lovecraft. Les teintes vert de mer sont omniprésentes pour refléter le côté surnaturel, sombre et maritime de l'imaginaire de l'écrivain.
On y croit à cet univers et pour ceux qui ont lu les nouvelles, ça colle plutôt bien donc le boulot est fait. Alors, oui, il faut avouer que les graphismes sont plutôt décevants et les textures baveuses de sorte qu'il ne faut pas s'attarder sur certains éléments de décor de trop près. Mais la technique est rattrapée par un scénario décent s'inspirant de la nouvelle éponyme de l'auteur sans en calquer les ressorts scénaristiques. Alors, je ne suis pas suffisamment adepte du monde de Lovecraft pour faire, comme certains, un relevé clinique des incohérences du scénario par rapport à l'oeuvre originale. Mais pour la plupart d'entre nous, ce dernier apparaîtra comme suffisamment correct et original pour sortir des sentiers battus de la plupart des jeux actuels.

Call of Cthulhu est linéaire et ne vous demandera à peine dix heures pour en voir le bout (si vous prenez votre temps), c'est pourquoi je vous recommande de vous le procurer sur Steam à petit prix. Sans être indulgent à outrance, force est de constater que Call of Cthulhu n'est pas l'étron fumant montré du doigt par la plupart des internautes sur ce site. Certes, le jeu est déstabilisant par son gameplay fourre-tout mais il s'en sort avec une belle direction artistique, des énigmes potables et un scénario agréable (doté de quatre fins différentes selon nos actions en jeu). Par ailleurs, pour les plus sceptiques d'entre vous, le jeu est évalué sur Steam de manière positive par plus de 5 000 joueurs, allez vérifier par vous-mêmes. Si on est capable en 2020 de s'extasier le manche sur des jeux de merde comme Fall Guys, alors Call of Cthulhu devient de facto un excellent jeu. A méditer.