Je me suis fait draculé

En 1986, Konami nous livrait le premier jeu de son iconique licence, et pas des moindres. Castlevania est, à bien des égards, un jeu à la philosophie moderne, qui ne fait pas du tout son âge.

Le jeu a beau être dur à en crever, il est aussi très conciliant envers le joueur ; un game over ne nous renvoie donc jamais à l’écran titre, mais au début du niveau sur lequel on est mort. Dieu merci d’ailleurs, car l’expérience serait tout simplement atroce dans le cas contraire.

Pour ce qui est du gameplay, Simon est très maniable. Rigide aussi, oui, mais il se contrôle très bien, et cette rigidité nous invite à jouer d’une manière prudente et précise, puisqu’on se fait sévèrement punir à la moindre erreur.

En plus de son célèbre fouet, Simon dispose de tout un arsenal d’armes secondaires qu’il pourra ramasser dans les niveaux, et je dirais que c’est là que ça devient vraiment intéressant. Chaque arme à une utilité ou un rôle distinct. La dague, de loin la pire arme, est selon moi surtout un débuff qu’il faut savoir éviter, alors que la montre peut servir de soutien lors des passages un peu chargés en ennemi. La hache et la croix sont utiles dans pas mal de situations grâce à leur portée, mais la meilleure arme est évidemment l’eau bénite, qui est extrêmement utile pour purifier certains ennemis de fin de jeu et est le meilleur moyen de passer les boss sans devenir fou.

L’emplacement de ces armes (et de tout autres objets, comme la bouffe, ou les bonus) étant fixes, il convient de connaître peu ou prou leur emplacement, ce qui se fait naturellement à force de mourir en boucle dans les niveaux. Petit à petit, on apprend à les connaître et à les passer plus vite à chaque fois, ce qui confère un sentiment de progression assez gratifiant. Castlevania, c’est avant tout un jeu qui favorise la connaissance et l’apprentissage.

Le level design est vraiment solide quand on considère le grand âge du bestiau. Il est exigeant et nous met dans des situations complexes et variées sans être trop injuste. Les seuls moments que j’ai trouvé abusés sont le fameux couloir de la mort juste avant le combat contre… la Mort, et le début du dernier niveau avec les chauves-souris géantes et leur mouvement complètement imprédictible qui peuvent bien te niquer.

Après pour les boss, je ne peux pas me montrer aussi positif, car c’est vraiment d’eux que vient le gros de la difficulté, mais pas forcément de la meilleure des façons. En fait, à partir du niveau 4, les boss deviennent franchement abusés : Frankenstein et son singe de merde, la Mort et Dracula sont tous trois des boss insupportables, et quand bien même les deux premiers se font trivialiser par l’eau bénite susmentionnée, Dracula n’a aucun moyen d’être passé facilement. Son combat est à la fois très technique et extrêmement hasardeux, puisqu’il n’y a pas de moyen de savoir précisément où il va se téléporter et tirer ses boules de feu. Plusieurs dizaines d’essais sont nécessaires pour en venir à bout, mais je ne peux pas dire que ce soit gratifiant pour autant.

Là où Castlevania brille toujours de mille feux, c’est dans son esthétique. Le jeu est magnifique, comparez-le donc avec ses contemporains de 1986, la différence est notable. Mais le plus important est certainement la bande-son. Dire qu’elle est simplement bonne serait un euphémisme honteux, puisqu’il s’agit là d’une des meilleures OST de la console, remplie de musiques excellentes et mémorables.

Si je devais résumer Castlevania, je me contenterais de dire : excellent, à la fois pour son époque et en tant que premier jeu de sa série, mais très laborieux. Le fait qu’il soit encore appréciable aujourd’hui en dit long sur sa qualité néanmoins, car seuls les grands jeux peuvent s’en targuer.