Quand les vampires n'étaient pas encore ringards.
L'avantage de posséder une PS Vita (oui il y en a), c'est qu'on peut accéder à une mine intarissable de chefs-d'oeuvre vidéoludiques d'hier et d'aujourd'hui : le Playstation Store. C'est ainsi qu'en me baladant tranquillement dans cette caverne d'Ali Baba je suis tombé sur un des jeux les plus emblématiques de la Playstation, Castlevania : Symphony of the Night, pour la modique somme de 9,90€. Alors certes payer pour la version dématérialisée d'un jeu sorti il y a déjà plus de dix ans sur une console rétro, ça peut paraître une bonne enfilade. Mais quand on sait que ce jeu est non seulement introuvable en magasin et qu'il est en plus coté à 60-70€, on arrête de jouer l'indigné et on fait péter la thune. C'est ce que j'ai fait, sans la moindre hésitation. La question est désormais de savoir s'il est à la hauteur de sa réputation de meilleur épisode de la série dont il porte le nom et s'il est encore aujourd'hui un jeu accessible et amusant. Après l'avoir terminé à 196%, j'apporte un verdict clair et sans concession : PUTAIN OUI !
Symphony of the Night, c'est d'abord un mix de plusieurs types de jeux qui parviennent à s'entralimenter sans se marcher dessus. Comme tous les Castlevania, c'est un jeu d'action 2D qui lorgne du côté de la plateforme. Mais pas seulement ! C'est aussi un jeu d'aventure et d'exploration qui demande de faire des aller-retours et de la recherche d'objets-clés pour progresser. Mais ce n'est pas tout ! Symphony of the Night, se pare d'une solide composante J-RPG, indispensable pour rendre les combats et l'exploration plus gratifiante. On passe donc notre temps à affronter des ennemis en masse dans l'optique de monter de niveau et d'accumuler des items utiles et inutiles. D'ailleurs, il y a tellement d'ennemis qu'on a l'impression des fois de nager en plein beat'em all.
Le meilleur, c'est que chacun des aspects du gameplay est maîtrisé à la perfection. Tout fonctionne parfaitement et il est de ce fait assez ardu d'écrire le test d'un jeu aussi soigné.
Symphony of the Night fait partie de ces jeux qui attrapent le joueur pour l'entraîner dans un monde immersif dont il ne décrochera pas tant qu'il n'aura pas vu le générique de fin. C'est une aventure rythmée que l'on ne lâche que difficilement tant la progression est nette et constante. On prend plaisir à explorer chaque recoin du château de Dracula et à compléter la carte qui prend forme à mesure que l'on visite les différentes zones. Et autant vous dire que ça prend du temps ! La map est immense et il vous faudra au moins 15 bonnes heures la première fois pour boucler le jeu. D'ailleurs, pour rendre l'expérience moins pénible et encore plus palpitante, le château comporte beaucoup de raccourcis, de chemins alternatifs et de téléporteurs qui évitent de faire trop de chemin quand on doit passer d'un côté à un autre de la carte. Les nombreux aller-retours ne sont donc pas ennuyeux et apparaissent plutôt comme une bonne occasion de gagner un niveau avant le prochain boss. En clair, ce Castlevania est un exemple en matière de level-design et peu de Metroïd-like parviennent à lui tenir la dragée haute.
Mais un excellent level-design, ça ne fait pas tout et il est important dans un tel jeu d'avoir un système de combat qui tienne la route. Comme dans tous les Castlevania, c'est très simple, voire simpliste. On tape à l'épée, on trouve des items qui nous donnent des pouvoirs spéciaux ou des projectiles et on peut orienter nos coups selon la position de l'ennemi. Enfin ça c'est en apparence, car en réalité, la composante RPG du jeu enrichit considérablement le gameplay. Déjà, première constatation, du fait que l'on n'incarne pas un Belmond, on ne manie pas de fouet mais une épée, c'est déjà en soi une sacré différence en terme de feeling. Ensuite, on possède un inventaire dans lequel on transporte toutes nos armes, armures, items et accessoires divers. Et ce ne sera pas un luxe tant le nombre d'objets à trouver ou à acheter est considérable. Il est possible de customiser son personnage à la carte, comme bon nous semble, selon notre style de combat.
Question combat, Symphony of the Night assure grave. Ils sont simples, mais efficaces. L'action est omniprésente, mais chaque affrontement se termine rapidement. Il en résulte un rythme survolté où le joueur avance sans s'arrêter jusqu'à son objectif en enchaînant les fights à une cadence effrénée. De plus, les développeurs ont fait le choix de mettre un enjeu à chaque combat : l'XP. L'introduction d'un système de level permet aux développeurs d'agrandir la durée de vie, d'élargir le public en réduisant la difficulté et de décupler l'attention du joueur portée aux ennemis. Ce n'est pas pour rien que cet épisode, et d'autres suivants, sont qualifiés de "metroïdvania".
En fait, ce qui rend l'expérience de ce Castlevania si excitante, c'est son incroyable capacité à captiver le joueur en lui donnant envie de visiter chaque recoin du château. On se sent conquérant et chaque nouvelle zone découverte ouvre la porte sur de nouveaux défis et de nouveaux upgrades. Chaque pas effectué nous rend plus fort et c'est en cela que Symphony of the Night est un excellent jeu.
Cependant, il serait hautement réducteur de ne percevoir le pouvoir d'immersion de ce Castlevania dans son gameplay. Certes, ce dernier fait la plus grosse part du boulot, mais il ne faut pas oublier tout le travaille d'enrobage qui caractérise Symphony of the Night. Il bénéficie d'un soucis du détail impressionnant et profite de la 2D pour imposer une direction artistique intemporelle.
Déjà, graphiquement, il assure à tous les niveaux. Les décors 2D sont superbes et confirment le charme gothique de la série tout en le transcendant. Un vrai travail d'architecte, cohérent et en même temps plein de trouvailles esthétiques qui témoignent de la volonté des développeurs de faire de Symphony of the Night l'épisode définitif de la saga. Un peu comme si les développeurs avaient ressenti le besoin de sublimer leur propre travail en faisant le Castlevania le plus ambitieux jamais réalisé. Bref, on reste dans la veine des précédents épisode, mais avec des décors plus beaux, plus variés et plus chaleureux. Plus chaleureux ne veut pas dire plus accueillants. Le château de Dracula reste toujours aussi lugubre et il n'est pas étonnant de croiser des cadavres ou des cercueil au détour d'un couloir.
La bande-son n'est pas en reste. Chaque zone a son thème, sans compter les musiques de combats de boss ainsi que les thèmes spécifiques à certains personnages ou dialogues. Divers genres se mélangent, le rock côtoie l'électro, des solo de piano posés font la paire avec des musiques épiques. Tous ces gens ne sont pas séparés, ils s'entremêlent pour former une identité sonore propre au jeu, ce qui est loin d'être courant dans le milieu du jeu vidéo. En résumé, même musicalement, Symphony of the Night envoie du lourd. Il est même possible qu'il possède la meilleure bande-son de la série, c'est dire !
Bon, je crois que vous l'aurez compris, Castlevania : Symphony of the Night, c'est juste un très grand jeu qu'il faut avoir fait au moins une fois pour se rendre compte de l'ampleur de l’œuvre. Il frôle la perfection et ne laisse aucun répit au joueur qui n'a d'autre choix que de continuer l'aventure. Oui j'ai bien dit qu'il frôle la perfection parce qu'il a tout de même quelques défauts pas bien méchants qui peuvent entacher ponctuellement l'expérience. Mais en fait, si l'on y regarde de plus près, on se rend compte qu'ils sont symptomatiques de la série Castlevania et de l'époque dans laquelle elle se place. Le scénario est riquiqui et les personnages creux, ça ce n'est une surprise pour personne. Ensuite, il arrive que certaines énigmes manquent de clarté. Il faut parfois tâtonner un bon bout de temps avant de comprendre ce qu'il faut faire. Bon après il se peut aussi que je soit un peu con, donc oubliez ce que je viens de dire... Un autre détail irritant concerne les collisions et les animations. Quand on se prend un coup, Alucard fait un bond de deux mètres en arrière et ne bénéficie que de peu de temps d'invincibilité, ce qui fait de lui la proie des autres ennemis alentours. C'est parfois assez relou et casse les combos. Et enfin, on termine sur un défaut propre à cet épisode : les boss. Alors certes il y en a à la pelle ! C'est la foire aux monstres, y en a pour tous les goûts ! Seulement, ils sont tous ridiculement faciles et certains ne peuvent même pas nous toucher pour peu qu'on les coince contre un mur ou qu'on les arrête pendant qu'ils attaquent. C'est vraiment dommage, d'autant que certains combats auraient pu être dantesques !
Bon, comment conclure ce test ? Tout a déjà été dit et je ne vois pas vraiment ce que je pourrais rajouter. C'est un jeu cultissime qui mérite complètement son statut d'incontournable. Tout le monde peu y trouver un intérêt même les plus réfractaires à la série. Il marque même un tournant dans la saga Castlevania en marquant les esprits à tout jamais. Il lui apporte une fraîcheur et une richesse inédite qui influencera tous les épisodes qui suivront. Donc je vous conseille chaudement de l'essayer si ce n'est pas encore fait, car il se pourrait bien qu'il devienne dès les premières heures un des meilleurs jeux de votre vie de gamer !