Conformément aux clichés les plus éculés du RPG, l'histoire de Crono, héros de ce titre (la disparition du "h" n'étant du qu'à une limitation technique de l'époque: seulement cinq caractère pour le prénom d'un personnage) commence dans son propre lit. Sa mère vient le réveiller pour la grande fête du millénaire, organisée par le roi local pour fêter l'an 1000 de son royaume. Au cours des festivités, notre héros va croiser une étrange jeune fille, Marle, et retrouver son amie d'enfance, une bricoleuse de génie dénommée Lucca. Cette dernière a mis au point un dispositif de téléportation que Marle décide de tester. Mais l'étrange pendentif réagit avec la machine et crée une sorte de trou noir, propulsant la malheureuse à travers le temps. Crono et Lucca décident de tenter le tout pour le tout, et d'aller à sa recherche. Leur quête les ménera quatre-cent ans plus tôt, au moyen-âge, à l'époque d'une grande guerre entre les humains et les démons. Mais tout cela ne sera que le début d'un aventure bien plus longue, qui mènera notre petite troupe de la préhistoire au futur, avec l'objectif d'empêcher un terrible cataclysme qui bouleversera toutes les époques.
Le scénario, brillant, prend le temps de poser ses bases et de ne révéler ses enjeux que progressivement. Ainsi, ce qui n'était qu'une simple mission de sauvetage devient peu à peu, une quête de sauvegarde du monde. Les auteurs jouent avec les époques, les principes de causalité (planter, ou pas, une graine dans le passée décidera de l'existence, ou non, d'une forêt dix mille ans plus tard) et les motivations des voyageurs du temps de manière particulièrement jouissive. On peut ainsi refaire le jeu plusieurs fois et découvrir de nouvelles choses, réflexions de personnages ou détails d'arrière-plan, qui prennent tout leur sens une fois l'intrigue connue.
Le gameplay n'est pas en reste, prennant le meilleur de l'époque et le sublimant, puis ajoutant sa griffe pour en faire l'une des toutes meilleurs expériences de l'époque. Offrant plus d'une dizaine de fin différentes, en fonction des choix fait dans l'histoire, les développeurs intronisèrent à cette occasion la fonctionnalité du "new game+" qui marqua tant les esprits qu'encore aujourd'hui, on emploie ce même terme pour la désigner dans les jeux qui l'intégre. Car avec la pléthore de quêtes secondaire et de fins alternatives, faire et refaire le jeux pouvait être contraignant. Aussi, l'on pouvait recommencer à zéro, certes, mais en conservant son personnage, son niveau, ses pouvoirs, ses caractéristiques et son équipement, permettant ainsi de "rusher" à travers l'histoire afin d'expérimenter toutes les fins possible sans repasser par des heures et des heures de leveling sauvage. Encore une vraie bonne idée de l'époque, et un héritage toujours vivace.
Au final, enfonçant le clou d'un âge d'or du jeux vidéo, à la grande époque des consoles 16-bits, Chrono Trigger fait parti de ces jeux qui auront marqué une génération à tel point que 20 ans plus tard, il fait encore autorité en la matière. RPG dans la plus pure tradition des jeux de rôles japonais de l'époque, cousin de Final Fantasy (suffisamment éloignée pour avoir son propre caractère et sa patte unique, mais si proche qu'on ne peut nier la parenté), ce jeu n'est pas tant une étape qu'une apogée. Non, il n'y a pas eu un "avant" et un "après" Chrono Trigger: des titres de ce genre, on en trouvait déjà par dizaines au Japon (dont un infime fragment seulement atteignait l'occident, et encore, uniquement les USA). Mais Chrono su pousser le concept au maximum de ses possibilités, offrant une histoire riche, des personnages forts, un gameplay millimétré et, surtout, de l'émotion. Et d'un point de vu personnel, parmi mes tous meilleurs moments de jeux vidéos.
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