Civilization: Beyond Earth, c'est deux choses. C'est un Civilization, et à ce titre, il faut se demander si le gameplay suit (c'est le cas, même si les quelques simplifications ne sont pas vraiment bienvenues ), et c'est aussi un jeu de SciFi, et à ce titre on peut se demander si la promesse d'un jeu d'anticipation ambitieux est tenue (c'est le cas, malgré un manque d'imagination sur les biotopes et géologies extraterrestres).
Civ BE est donc avant toute chose un Civilization, et plus précisément un jeu sur le moteur de Civilization 5. Les deux grosses innovations de ce dernier sont conservées (représentation du terrain en hexagone et impossibilité d'empiler les unités), du coup le gameplay de cet opus est franchement similaire au précédent. L'autre bonne idée de Civilization 5, les Cités-Etats, a été gâchée ici ; il y a bien des stations, mais elles se font systématiquement détruire par les aliens, donc... La diplomatie de Civilization 5 était déjà pauvre, sans cette fonctionnalité ça en devient risible dans Civ BE. Le travail de simplification fait dans le 5 n'a pas été renié et même parfois accentué ; on a remplacé le bonheur par la santé, mais ça continue à être géré de façon globale. La religion est laissée de côté, la culture est bien moins importante en l'absence de victoire culturelle, la gestion des ressources est bâclée, entre la ressource d'affinité qui prend toute la place, les ressources utiles mal réparties sur la carte, celles qui sont complètement inutiles...
Deux gros changements : l'arbre technologique n'en est plus un, et c'est vraiment approprié dans un jeu SciFi, et la gestion des affinités. Du point de vue gameplay, je n'arrive pas à dire si on frise le génie ou si c'est un idée mal aboutie ; quand je n'ai pas envie de choisir entre l'une de ces affinités, le jeu devient vraiment difficile et frustrant. Il me faudrait encore plus d'heure de jeu pour me déterminer, je pense.
Pour le reste, on joue au même jeu côté gameplay.
Mais Civ BE c'est aussi la promesse d'un jeu de SciFi ambitieux dans sa réflexion sur un devenir de l'humanité. Sur ce point, la réussite est bien moins flagrante. Si l'arbre technologique est intéressant, il manque un support à l'imagination pour nous permettre de nous identifier à cette fiction. La réflexion sur les exoplanètes, en revanche, est bâclée. Une seule proposition de biotope, pas très folichonne avec seulement 7 unités différentes, la géologie n'est pas non plus tellement exotique.
Et finalement, Civ BE échoue sur un point où je ne l'attendais pas. Contrairement à Alpha Centauri qui explorait le même thème, Civ BE est complètement générique. Les factions n'ont pas de matière, une bonne partie des recherches est complètement dénuée de substance, on peut en dire autant des merveilles. Alpha Centauri avait donné une identité très forte aux différentes factions et nous emportait avec lui dans la découverte des secrets de la planète. Après plusieurs itérations de Civilisation donnant de plus en plus d'identité aux factions, ce retour arrière vers des factions plus mécaniques, moins colorées, moins fortes en somme, malgré une personnalisation possible (mais un peu gagdget) est très étonnant.
D'un point de vue gameplay, il y a suffisamment d'innovations dans ce jeu pour donner l'impression qu'on ne rejoue pas à Civilisation 5, et l'exploration de l'arbre des technologies garantit des parties nombreuses, différentes. Simplement on regrettera que la direction artistique et la proposition créatrice ne soient pas au niveau, ne nous offrant pas une expérience parfaite.
Vivement les add-ons !