Piou piou, piou, piou piou piou (pouce!)

"J'ai eu beaucoup de problèmes dans ma vie, et certains se sont même produits" citation de Mark Twain, dans Civilization VI. Un personnage attachant, malgré son nom improbable...

Il a raison le type, de dire qu'il a des problèmes. Moi je fais pareil, j'ai pas honte. Enfin je parle surtout de ceux qui se produisent pas. Les autres ils sont chiants à mourir.

Ceux qui se produisent pas, ils te sucent le jus du bide en douceur, toutes les heures que Dieu fait. Ils te suivent partout, comme son monstre suivait Victor Frankenstein, où qu'il aille (jusqu'en Suisse même, rendez vous compte).

Le monstre de Victor il existe, il marche et tout. Mais avant ça - avant le vrai monstre - Victor il en avait déjà plein, des monstres. Des faux, qu'il se fabriquait aussi. À partir de ses profs notamment, qui ne croyaient pas en l'alchimie, et qui étaient un peu condescendants..

Tout ça pour dire que Victor il a créé un monstre ; mais que déjà avant, il n'était plus seul dans sa tête. Il avait tout un tas de lubbies (comme dirait peut-être Mary Shelley) qui l'entraînaient toujours plus vite dans son gros oeuvre. Et le monstre, finalement, sorte d'assemblage cauchemardesque de tout ce que Victor a trouvé en lui et autour de lui, n'est pas beaucoup plus terrible que les petits monstres d'avant... Bon, il tue, ce montre-là. C'est vrai. Mais il n'est pas démoniaque. Il tue par humanité, et souffre par éducation. L'inverse de Victor, qui donne vie par humanité, et souffre par nature.

Alors moi mon monstre, le seul auquel j'ai eu envie de penser hier en tout cas (pendant 13h d'affiliés par contre, j'ai mal au bras) ce sont mes légions romaines dans Civilization. Déjà je culpabilise d'y passer autant de temps. Et ça c'est bon, c'est palpable comme culpabilité. Ça focalise. C'est concret. Et puis au sein de mes 13h, dans mon monde à moi, je lâche la sauce. Comme un gosse qui fait piou piou avec son Nerf sur son meilleur pote. Et c'est là ou le transfert devient total - et en quelque sorte relaxant - parce que j'en viens à culpabiliser pour mes actes dans le jeu. et j'en oublie mes vraies fausses culpabilités, celles du monde réel.

Croyez le où non. J'en viens à culpabiliser pour mes actes dans le jeu, surtout pour mon allié japonais, que je trahis souvent, mais qu'est trop con pour s'en souvenir. Et mon ami belge que j'use que pour les routes commerciales. Je leur fais des cadeaux pour les amadouer. Du mercure, j'en ai toujours trop.

Et puis il y a mon meilleur ennemi Russe. Lui je lui fais tout subir. J'enchaîne les déclarations d'amitié et les coups de pute. Je suis devant sa frontière, le jeu me dit d'attendre parce qu'on doit laisser 8 tours entre une attaque et une déclaration d'amitié. Mes troupes s'installent. Je suis une marée martiale ; c'est complètement pas équitable. Saint-Pétersbourg petit point jaune et noir au milieu de mes légions mauves. Ou violette c'est selon. Saint-Pétersbourg qui me demande de retirer mes troupes, et que moi je lui dis que je fais que passer. Alors que mes troupes je les ai fabriquées rien que pour lui, dans une ville qui, il y a peu, était la sienne. Quelle ironie. C'est tragique. Ah! Ah!

Bref...Du coup je culpabilise un peu, et je m'amuse beaucoup, et j'oublie le reste.

Il va falloir que je vous laisse d'ailleurs. Posez-vous tranquille dans mon atrium ; profitez de mes jardins suspendus. On se fera une belote à mon retour si ça vous dit. Là, j'ai prévu d'aller emmerder Amsterdam, et une ville Aztèque dont j'ai oublié le nom (foutus sauvages...). Pas de ma faute s'ils ont du salpêtre et qu'ils refusent de me le vendre. Ils refusent carrément de me parler en fait. J'envoie des déclarations d'amitié pourtant, et tout. Mais ils doivent voir le truc venir. Déjà, ils savent que le salpêtre c'est pour faire des armes à feu (pas cons les gars). Et puis quand ils voient la gueule de mon empire, ils se rendent bien compte que niveau architecture c'est éclectique. Que pour en arriver là j'ai tué des trucs, que j'ai réassemblés ensuite comme Alexandre le Grand. Comme Victor avec son monstre aussi, en fait.

Ça se voit tout de suite que j'ai piqué l'Italie, et l'Inde (Ah Gandhi, on s'est marré tous les deux... toujours à m'filer du fric, alors que j'me foutais d'ta gueule). Ça se voit tout de suite que... Ah merde, un satellite Aztèque. Déjà ? Mais on est en quelle année ? XXe siècle ?! Putain, et moi je me déplace toujours à cheval. J'ai oublié d'évoluer, merde ! Ça craint, ça va me retomber sur le coin de la gueule. Je le sens. Pourquoi faut-il que ça se passe toujours comme ça ? Pourquoi faut-il toujours que sorte des cendres un mauvais rêve. Où un fantôme. Qui tourne autour, comme un satellite justement... Putain de Shakespeare. Putain de Roi Lear.

Même dans les jeux vidéo, sérieux ?