Sur un baleinier hanté, de battre mon coeur s'est arrêté...
Ce soir, je voudrais faire l'éloge d'un excellent jeu-vidéo.
J'ai envie de vous parler d'une oeuvre qui a été complètement enterrée par une autre (en la personne de Resident Evil 4), mais qui l'aurait largement égalé, voire surpassé aux yeux du public s'il avait bénéficié d'une publicité conséquente. Dommage pour les studios Darkworks, pourtant très méritant.
Vous commandez Tom Hansen, garde-côte forcé à jouer les héros lorsqu'il posa les pieds sur un baleinier en détresse.
* SPOILERS *
Vous vous retrouverez rapidement aux prises avec deux types d'ennemis : d'une part des mercenaires russes, ennemis aisés à battre quoique redoutables en grand nombre, et d'autre part de terribles mutants, allant du simple cadavre réanimé à des monstruosités difformes capables de vous briser en deux d'un seul assaut. Le scénario, classique, traite d'un virus capable de contaminer les corps en en devenant l'hôte : il est matérialisé, dans le jeu, sous la forme de créatures tentaculaires qu'une entreprise russe aurait malencontreusement libéré lors d'un forage. Les scientifiques se sont rapidement emparés de l'affaire, testant dangereusement les capacités du virus, qui leur a, comme vous l'imaginez, finalement échappés. Jouant la carte classique, le scénario n'en reste pas moins efficace : pas transcendant pour un sou, il nous livre en tout cas une aventure solide et bien ficelée, avec un nombre non négligeable de notes éparpillés et des dialogues qui tiennent la route.
* FIN DES SPOILERS *
Ressemblant davantage, de mon point de vue, à un Dead space précoce qu'un resident evil, le jeu à des contrôles moins rigides que ceux de la saga mythique, bien que Hansen mette lui aussi trois plombes à se retourner. Basé sur l'action, vous devrez dézinguer du mutant à l'aide d'une panoplie d'armes diverses, allant du simple pistolet (qui a l'avantage d'être équippé d'une lampe pour les endroits sombres...) au lance-grenades, en passant par un fusil pratique permettant de lancer des fléchettes qui attire les zombies de son parfum capiteux. L'IA est tout à fait correcte, mais n'a de toute manière pas besoin d'éclair de génie pour vous mettre en difficulté...
Autant vous le dire tout de suite, Cold Fear est difficile, et devient même une véritable épreuve de sang-froid en difficulté maximale. Les ennemis sont réactifs, et certains sont même redoutables (en particulier les "shades", quadrupèdes vous chargeant depuis l'ombre et susceptibles de vous abîmer sérieusement si vous n'avez pas des nerfs d'acier, ainsi qu'un timing de hardcore gamer). Les ennemis tués relâcheront souvent un exocel (le parasite qui les habite), qui tentera lui aussi de vous étrangler avec ses tentacules une fois libéré du corps. Les munitions, enfin, ont tendance à partir assez rapidement, et vous devrez régulièrement revenir à l'armurerie pour vous réapprovisionnez si vous ne faites pas attention.
Les graphismes sont tout à fait honnêtes, a mes yeux presque supérieurs à ceux de Resident Evil 4. Les niveaux sont cohérents et relativement grands, bien que les temps de chargement entre chaque pièce puissent s'avérer pesants à la longue (un des rares points noirs du jeu). De plus, le jeu se paye même le luxe de faire preuve d'ingéniosité : la première partie du jeu se déroulant sur un baleinier, les passages sur le pont verront le bateau dangereusement tanguer, au point de vous précipiter dans le vide si vous ne faites pas attention. De plus, d'un point de vue purement graphique, d'habiles jeux de lumière et des effets impressionants (une mer houleuse, des vagues puissantes...) sont des détails appréciables, à la pointe des techniques de l'époque sur la playstation 2 (le jeu est sorti en 2005) et témoignant d'un réel effort de la part les développeurs.
Les musiques sont un des points forts du jeu. Peu nombreuses, elles sont toujours justes et frisent parfois la perfection (celle jouée sur le pont du baleinier, au début du jeu, rend ce passage véritablement épique). Les bruitages ne sont pas en reste : une fois la lumière éteinte et le volume poussé à fond, l'ambiance devient oppressante, emplie d'une soudaine tension lorsqu'un bruit parraît soudain suspect.
Je ne mets pas 10, pour la seule raison que l'arrivée sur la plate-forme pétrolière, deuxième endroit du jeu, marque une légère faiblesse de rythme : infime, elle se se fait tout de même sentir après une séquence en mer véritablement palpitante. Mais sur tous les points, ce jeu mérite la note maximale : Dead space avant l'heure, intense et prenant, il se dévore comme un petit bijou.
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