Les circonstances sanitaires exceptionnelles me poussent à me tourner vers d’autres formes de divertissement. Mais, depuis quelques jours, chaque nuit, je fais le même cauchemar.


Un cauchemar qui me glace le sang.

I- Le cauchemar



Dans une pièce fermée, j’entends des cliquetis d’armure et des hurlements.


Pourquoi suis-je ici ? Mon esprit ne me donnera jamais la réponse. Je suis là et je dois l’accepter. Tout comme le fait que la pièce est vide et ne dispose que d’une seule porte pour pouvoir sortir. Je retiens mon souffle, caché dans l’ombre et j’attends que l’orage passe. Mais, le bruit est de plus en plus proche. La porte s’ouvre, des yeux rouges transpercent l’obscurité. Ils se tournent vers ma cachette. Je suis terrorisé. Alors que l’entité se rapproche, je sers instinctivement les poings, prêt à en découdre. Mais, mon esprit ne veut pas accepter cette rencontre. Tandis que l’apparition s’apprête à lever le bras, mon cœur fait un bon et j’ouvre les yeux.


Je tourne la tête, figé au fond de mon lit. Personne n’est près de ma porte.


Je soupire. Maintenant que je suis réveillé, je me décide de me lancer dans ma critique.



II- Découverte du titre



Ce titre est à l’origine de mes nuits agitées. Découvert grâce à la fabuleuse mine d’or qu’est Abandonware, un site permettant de jouer à des jeux qui ne sont plus commercialisés de nos jours, Dark Project n’aurait pas dû être installé sur mon ordinateur.


La raison est très simple : hormis quelques titres que je considère comme exceptionnels qui lorgne vers de l’infiltration (la saga des Metal Gear, Sly Cooper), je ne suis pas friand de ce type de jeu.


C’est le contributeur du jeu sur le site qui m’a poussé à l’installer, en lui décernant un Abandonware d’Or, considérant ainsi ce jeu comme une pépite parmi les centaines de titres à disposition sur le site.


Alors je me suis lancé, malgré mes réticences.



III- Premiers instants



Dès la superbe cinématique et l’écran d’accueil je suis dedans. Je suis même plutôt surpris par l’ambiance du titre, qui lorgne vers l’univers du jeu de plateau Mordheim, de la célèbre licence Warhammer : du médiéval saupoudré de fantastique et du steampunk. Un mélange qui me paraît pour l’époque très peu courant.


Je me lance dans le tutoriel et déjà un élément me frappe. Graphiquement, le jeu dégage une ambiance oppressante. Il est assez rare pour moi de ressentir ce genre de choses au bout de quelques minutes de jeu. Les flammes crépitent, la musique est en retrait, et je n’entends que mes pas qui résonnent bruyamment dans les longs corridors de mon espace d’entrainement.


J’apprends rapidement les touches nécessaires et je découvre le point fondamental du gameplay du titre : la furtivité, qui doit être ma priorité pour survivre. Alors je me prête au jeu, je ralentis la cadence de mon personnage, j’évite de marcher sur des dalles bruyantes et je privilège les surfaces où mes pas ne résonnent pas. Le gameplay est assez exigeant, car il existe de nombreuses touches et la précision de mes actions est la clef du succès.


Après une petite demi-heure, je me lance dans le scénario principal.



IV- Quelques bribes de scénario



Dark Project est un jeu qui selon moi, ne doit pas être raconté. Il vaut mieux le découvrir sans connaître des indications sur l’histoire principale, pour ne pas se cacher le plaisir de la découverte.


Pour résumé très simplement l’histoire, le héros principal vit une enfance difficile et tente de survivre grâce à de petits larcins. Un jour, il a la mauvaise idée de tenter de voler une bourse à une personne très importante de la ville. Impressionné par les qualités du jeune homme, le mystérieux personnage lui propose d’améliorer ses conditions de vie en rejoignant son ordre, les Gardiens. Formé, notre héros décide cependant de quitter l’ordre à l’âge adulte et de continuer sa carrière criminelle.


L’aventure commence quand notre voleur, décide de dévaliser la résidence d’un noble alors qu’il est absent.


Je m’arrêterai là. À vous de découvrir la suite. Vous ne serez pas déçu.



V- L’ambiance : pilier de la réussite du titre



Difficile à définir, lorsque vous écrivez des lignes sur un jeu vidéo, l’ambiance de Dark Project est encore aujourd’hui une réussite. Malgré l’âge du titre et son aspect graphique qui pourra faire sourire les jeunes joueurs, la patte graphique fait encore mouche et je me suis surpris à observer plusieurs minutes les environnements dans lesquels j’ai pu évoluer.


Cela est dû également à l’agencement des niveaux. Ils sont à la fois horizontaux et verticaux dans des proportions qui donnent parfois le vertige. Je me suis perdu un nombre incalculable de fois, pensant à chaque fois en avoir fait le tour, pour finalement découvrir une nouvelle cachette qui remet en perspective la façon de terminer le niveau.


On est aujourd’hui habitué à vivre des aventures magnifiques et intenses mais qui restent souvent linéaires. Dans Dark Project, il est tout à fait possible de terminer un niveau en une trentaine de minutes, ou de passer au moins une heure pour effleurer 50 % du niveau. Le titre récompense la découverte du joueur et lorsque je me suis rendu compte que je hochais la tête lors du crochetage d’une nouvelle cache au trésor, j’étais certain que le titre avait réussi son pari.


La frénésie de l’or m’a pris et j’ai commencé à prendre des risques pour explorer, tester mon environnement afin d’accumuler les richesses fictives.


Le danger est pourtant omniprésent. Dark Project est un jeu selon moi assez exigeant : mon personnage n’est pas de taille à résister aux gardes qui protègent les trésors qu’il convoite. Bien que vous disposiez d’un petit armement pour vous défendre, vous êtes rapidement occis après quelques passes d’armes.


Il faut combiner trois forces pour s’en sortir : les gadgets du héros, notre oreille et de la patience.


Le héros principal dispose de la panoplie complète d’un voleur, mais son utilisation change considérablement par rapport à d’autres grands titres d’infiltration de l’époque. Sachez par exemple que certains objets vous permettront d’éteindre les flammes des torches, vous permettant ainsi de plonger votre environnement dans l’obscurité ce qui facilitera considérablement vos déplacements. D’autres vous permettront d’effacer les éventuelles tâches de sang qu’un garde aura pu laisser lors de l’affrontement avec votre héros.


Cela n’a l’air de rien, mais la découverte du gameplay de Dark Project est grisante.


Pour les personnes qui n'ont pas peur de se faire spoiler les mécaniques du jeu, voici une vidéo qui présente la profondeur du gameplay de Dark Project en comparant le titre avec les triples AAA.


https://www.youtube.com/watch?v=jPqwDGXxLhU


L’audition est également fondamentale. Pas question ici d’utiliser un détecteur de mouvements ou un capteur thermique, ces technologies n’existent pas.


Il va falloir écouter les pas des gardes, leurs sifflements, parfois leurs ronflements ou leurs discussions, pour arriver à les situer dans les niveaux. Il n’y a pas de vue à la troisième personne dans Dark Project, vous vivez l’aventure à travers les yeux de votre personnage, ce qui renforce l’immersion dans le jeu.


Il est également nécessaire de faire très attention à ses déplacements.


L’intelligence artificielle fonctionne du tonnerre : même en ralentissement vos pas, si vous marchez sur une dalle près d’un garde endormi, celui-ci va immédiatement comprendre que quelque chose ne va pas et se réveiller brusquement. Un réalisme qui m’a fait grincer des dents au départ, mais que j’ai très rapidement accepté, car j’aurais eu les mêmes réactions.


Randy Smith, le game designer du titre résume parfaitement le ressenti que j’ai pu éprouver durant mes sessions de jeu :



Dans Thief, la frontière entre le danger et la sécurité se trouve souvent entre l'ombre et la lumière, mais cette frontière n'est ni stable, ni garantie. Le joueur doit à un moment donné sortir de son périmètre de sécurité pour faire face au risque, jusqu'à ce qu'il trouve une nouvelle zone sûre.



Même en restant caché, je me suis toujours senti vulnérable et ce sentiment d’insécurité m’a marqué tout au long de mon aventure et durant les nuits qui ont suivi ma découverte du titre. Il m’a fallu beaucoup de patience pour terminer le jeu, mais je vais garder un souvenir très positif du titre.

VI- Conclusion



Dark Project, aura laissé un héritage considérable dans l’univers de l’infiltration et aura fortement influencé la série des Splinter Cell et des Hitman. Malgré un succès critique le titre se vendra correctement sans pour autant atteindre les sommets (environ 500 000 copies).


Je pense que cela est dû principalement à la difficulté du titre, qui ne pardonne pas les erreurs. Mais, à l’image de la saga des Souls (Demon et Dark), le jeu récompense les joueurs patients sans pour autant être injuste. Le titre n’est pas parfait : je ne juge pas l’aspect graphique qui garde pour moi un certain charme. Je pense surtout à certaines mécaniques du jeu ne sont pas optimales (les cordes possèdent par exemple une physique très particulière et j'ai parfois pesté dans des moments critiques).


J’ai finalement peu de choses à reprocher à ce titre sorti au milieu des années 2000 et je …, attendez une seconde, je vérifie la date de sortie du titre pour être plus précis.


1998 ?!


Il est sorti la même année que Metal Gear Solid ?


À l’image du jeu, lorsque j’ai lu la date de sortie du jeu un seul mot m’est venu en tête.


Extraordinaire !

Elminster
8
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Créée

le 17 avr. 2020

Critique lue 146 fois

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Elminster

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