Quand je faisais encore des critiques sous forme de vidéos j’avais prévu d’en faire une sur Deadly Premonition et puis j’ai complètement arrêté. Des fois ça me manque mais quand je repense aux heures passées rien que sur le montage je suis bien content d’être passé sur Sens Critique, c’est bien plus simple. Autant l’écriture c’est marrant et finalement même si l’enregistrement des pistes vocales pouvait parfois prendre du temps ça restait amusant. Mais putain le montage, bon sang de merde c'était d'un chiant ! Surtout quand tu utilises Windows Movie Maker parce que c’est le seul logiciel auquel tu as accès. Moralité c'est de la merde et ça plante tout le temps. Enfin bref, comme d'habitude je raconte ma vie et je m'éparpille sur des détails.
Du coup j'en reviens à cette époque, j’avais prévu toute une critique, j’avais tout sur papier, il y avait peut-être quelques modifications à faire ici et là mais c’était terminé. Et puis dans un retournement de situation digne de M. Night Shayayamalaramaladingdong mes fiches se sont volatilisées. Sans blague, impossible de les retrouver. Alors oui peut-être que c’est parce que c’est un peu le bordel sur mon bureau. Même si en fait c’est mieux rangé que ce qu’on pourrait croire, y’a juste des tas de CD essentiellement un peu partout et pas toujours sur des étagères. Peut-être même que j'ai sauvegardé le document sur mon ancien ordinateur dont la carte graphique et potentiellement la carte mère ont complètement grillé. Qui sait ? Si ça se trouve, cette critique était nulle à chier même ! On ne saura jamais.
Tout ça pour dire que cette intrigue est digne des meilleurs épisodes de Twin Peaks.
Et ce n'est pas une phrase balancée en l'air comme ça, non non c'est un simple prétexte pour dire que Deadly Premonition est sans doute la meilleure adaptation non officielle de la série de David Lynch (avec Alan Wake, qui emprunte tout autant à l'auteur Stephen King).
Mais tout d'abord, il faut vous mettre dans l'ambiance pendant votre lecture, avec cette musique tirée du jeu :
https://www.youtube.com/watch?v=H_8Jcp5Mw-8
Deadly Premonition est un de ces jeux qui est passé sous mon radar à sa sortie, en même temps à l'époque je n'avais pas de Xbox 360. Mais grâce à la superbe équipe de Video Games Awesome sur YouTube j'ai pu enfin découvrir ce chef d'œuvre bourré de défauts.
Lors du Tokyo Game Show de 2007, Rainy Woods est annoncé à travers un trailer qui rappelle un poil trop Twin Peaks. Les similitudes sont omniprésentes, que soit l'agent du FBI David Young Henning, les nains assis dans une pièce drapée de rouge, la victime blonde, jusqu'à l'ambiance générale du titre. Apparemment à cause de ce copiage évident, le jeu fut retardé et subira une bonne grosse chirurgie esthétique. Même si finalement on est toujours autant dans l'hommage à la série de David Lynch.
C'est donc aussi dans son scénario que les références sont évidentes.
Le joueur est propulsé dans les chaussures de Francis York Morgan, un agent du FBI aux méthodes non conventionnelles et dont la personnalité rappelle tout de suite celle de Dale Cooper. York se rend dans la petite ville de Greenvale pour enquêter sur le meurtre de la jeune Anna Graham (jeu de mots !). A peine arrivé il se voit attaqué par des sortes de zombies pas franchement effrayants et adeptes du fisting de bouche, c'est pas commun.
Et c'est alors qu'on comprend le problème majeur de ce Deadly Premonition. York est un gros balourd de tank. En gros imaginez le gameplay de Resident Evil 4, le tout tournant dans du beurre. C'est lourd, c'est gras et pas toujours très précis. On peut tout de même se dire que les combats sont anecdotiques mais rapidement chiants au bout d'un moment. Heureusement l'arme principale de notre agent utilise des munitions illimitées, ce qui facilite aisément la tâche. A croire que les développeurs savaient bien que leur gameplay était bancal.
Après un QTE sortit de nulle part, on découvre l'autre personnalité de cet ovni vidéoludique. Son humour ! Deadly Premonition est vraiment super marrant et il est difficile de savoir quand c'est voulu ou non. D'un côté le jeu est ouvertement drôle, que ce soit dans ses situations ou sa musique, mais de l'autre on se demande toujours si on ne rit pas à ses dépens. C'est un joyeux bordel je vous dit !
D'ailleurs en parlant de musique, il s'agit d'un de ses plus gros points forts. Même si parfois elle ne colle pas parfaitement à la situation, les codes utilisés imitent ceux d'Angelo Badalamenti.
Entre l'extrêmement entêtant Life Is Beautiful, le thème principal Greenvale rappelant les chansons de Julee Cruise, les envolées de saxophone sur Red Tree, Miss Stiletto Hills et ses paroles incompréhensibles ou encore la reprise d'Amazing Grace bien trop pleine de spoilers pour en parler. Bref que du bon, sur du bon, avec du bon dedans, saupoudré de bon !
Ne pas parler des personnages serait absolument disgracieux de ma part, car c'est une des meilleures choses. Ce casting coloré renvoit à nouveau au travail de Frost et Lynch. Et je ne parle pas seulement Francis York Morgan (qui a tout de même le meilleur doubleur dans le lot) ou Anna Graham, mais les autres diverses personnalités aussi ! Je ne pense pas être le seul à avoir une préférence pour Willie le superbement intelligent dalmatien, Sigourney et ses marmites refroidissantes (qui rappelle la femme à la buche), mais aussi Mr. Stewart qui aime ses sandwiches avec de la confiture, des céréales et de la dinde (oui oui dans un seul un même sandwich).
A titre de comparaison son point faible principal est que le jeu est daté comme pas possible. Je suppose que le développement a commencé sur PlayStation 2 et que l'équipe a en cours de route changé de plate-forme. Ce qui peut certainement expliquer le gameplay rigide (et j'ai pas parlé des séquences de conduite) et surtout ses graphismes indignes d'une 360.
Il est pourtant tout à fait aisé de passer outre ses défauts là. C'est un peu comme un bon gros nanar finalement, ou juste un film de série B. D'un côté il y a des gros lacunes évidentes, comme ici un manque de budget, les années de retard et l'hilarant jeu d'acteur, de l'autre il y a l'ambiance et le scénario qui n'arrêtent pas de surprendre. Même si le gameplay peut parfois frustrer, voire énerver le joueur, on en redemande toujours plus et justement il nous donne toujours plus !
A cause de ses problèmes le jeu s'en est pris plein la gueule lors de sa sortie. Il a quand même eu le droit à un deux sur dix par IGN, le journaliste a eu le droit à un tas de critiques du coup. Chez les deux leaders français, Gamekult et Jeuxvideo.com, il se paya au moins la moyenne. Seul Destructoid aura le courage de lui attribuer la note parfaite !
Mais honnêtement, avec un si petit prix dès sa sortie, il était difficile de résister. Sans parler que maintenant il est facile de le trouver dans tous les bacs d'occasion.
Il faut tout de même que je rajoute deux trois petites choses.
En 2013, Deadly Premonition fait un come-back en fanfare. Une version Director's Cut pointe le bout de son nez sur PC et PlayStation 3, les possesseurs de Xbox 360 garderons la version originale.
Cette édition apporte son lot d'améliorations afin de proposer la meilleure expérience possible à tout nouveau joueur et aux fans hardcore de l'original.
Globalement je ne saurais quelle version recommander, il y a autant de problèmes de chaque côté. La DC améliore grandement le gameplay, en améliorant la maniabilité et rendant les ennemis plus facile à tuer. De plus le filtre vidéo verdâtre est complètement retiré, rendant les graphismes un poil moins délavés.
Après le taux d'images seconde est bancal, même si c'est facilement bidouillable sur PC. Il y aussi quelques problèmes de qualité sonore mais ça a peut-être été patché depuis.
Cette version DC apporte aussi son lot de cinématiques supplémentaires, ça reste anecdotique mais laisse entendre à une potentielle suite. Twin Peaks est bien revenu plus de vingt-cinq après après, qui sait pour les aventures de York ?
Pour terminer je citerais le journaliste Jim Sterling qui disait dans sa critique sur le site Destructoid : "Deadly Premonition est comme regarder deux clowns se manger entre eux. C'est pervers, c'est mal et pourtant c'est d'un putain de marrant."..."C'est un bel accident de train, et il en est bien conscient. Même si ce jeu ressemble à tant d'autre, il n'y a rien de tel. Rien dans cette industrie ne peut se comparer à cette étrange et merveilleuse expérience. Jugé comme un divertissement, tel un jeu qui surprend et étonne constamment, en décroche la mâchoire, je n'ai pas d'autre choix que de dire que Deadly Premonition va bien plus loin. Ce jeu est si mauvais qu'il n'est pas seulement devenu bon. Il est proche de la perfection."