ESTH(étique mais trop ch)ER
Dear Esther n'est pas un jeu, mais un récit illustré avec un simulateur de promenade. Déjà rien que cette phrase, ça risque de faire éloigner les gamers en manque de sensation forte.
Le joueur est largué sur une île déserte plongée dans une ambiance délicieusement mélancolique. Il avance sans vraiment savoir où aller, en écoutant la voix off qui nous raconte une histoire.
Artistiquement, Dear Esther est sûrement une des plus grandes réussites vidéo-ludiques que j'ai pu essayer. Le décor est absolument magnifique, les détails sont impressionnants, l'éclairage et les couleurs complètement maîtrisées, avec le tout accompagné d'une musique onirique saisissante. Le niveau dans la caverne est une véritable prouesse.
Sauf que voilà, le problème est que ça s'arrête là. Le jeu ne comporte aucun élément de gameplay. Si la lenteur du déplacement est justifiée et pardonnable, l'absence de saut et d'interaction fait quand même tache. Malgré tous ces efforts consacrés aux bruitages et aux graphismes pour donner vie au décor, on finit quand même par avoir l'impression de progresser dans un joli couloir statique tant les interactions sont absentes et le level design ultra-dirigiste.
Des énigmes par exemple auraient relancer l'intérêt de l'œuvre tout en mettant la qualité visuelle en avant. Imaginez un peu un nouveau Myst qui sortirait avec ce genre de rendu visuel, ça serait le best game ever. Sérieux.
Malheureusement, un jeu vidéo ça doit aller dans les deux sens, des graphismes qui servent le gameplay, et le gameplay qui sert les graphismes. C'est pour ça que Dear Esther n'est pas vraiment un jeu vidéo.
Dear Esther se révèle du coup à la fois comme une démo technique impressionnante et une expression artistique mémorable, qui prouve encore une fois qu'un moteur vieillissant peut largement être compensé par une bonne direction artistique. Mais il s'agit également d'un non-jeu que vous allez terminer en une heure, et en payant 8 euros. A vous de décider si ce prix est justifié, si l'œuvre vous permet d'oublier la réalité et plonger sur cette île de rêve.