Deponia: The Complete Journey
7.8
Deponia: The Complete Journey

Compilation (2014PC)

Mon second coup de cœur « tardif » de cette année 2018 (avec The Room) fut Deponia, une série de jeu que j’ai acheté complètement par hasard dans une solde Steam ou il m’a été proposé probablement car je venais de faire l’acquisition des classiques de Telltale. Je remercie grandement l’algorithme Steam sans qui je n’aurais probablement pas fait la découverte de cette pépite.



Alors Deponia c’est quoi ?



Deponia est un Point’n’click à la Lucas Art tout ce qu’il y a de plus classique mais modernisé. Ce qui frappe instantanément sur ce jeu c’est sa direction artistique absolument somptueuse, dans un style cartoon très soigné et bien animé. Je ne suis pas du tout fan des point’n’click en général et je trouve les jeux Lucas Art vraiment surcoté mais en ce qui concerne Deponia, j’ai tout de suite été séduit par la bande annonce présentant un jeu avec bien plus d’actions et véritablement comique contrairement à ses pairs. C’est ce qui m’a poussé à l’achat malgré mes appréhensions sur le genre et, vous l’aurez compris, je n’ai pas eu à le regretter.


Le deuxième point qui m’a conquis c’est l’écriture d’une finesse inégalée. Le jeu est tout simplement hilarant, les dialogues sont cinglants de cynisme et autres sarcasmes. Dès le départ le jeu bouscule nos habitudes avec un didacticiel parodique qui brise le quatrième mur en se moquant des préjugés que le joueur a concernant ce « passage obligatoire ». Ainsi on est tout de suite amené à être intime avec le jeu et Rufus, son personnage principal. Rufus est l’anti-héro par excellence, un type complètement mégalomaniaque et égocentrique dont le passe temps favori est de créer des catastrophes accidentelles. Ce point en particulier le rend tout à fait détestable aux yeux des autres personnages mais aussi aux yeux du joueur car il sera votre plus grande source d’ennuis (dans le bon sens du terme, j’entends par la que c’est lui qui provoquera les situations desquelles vous devrez sortir en vous triturant les méninges). C’est là qu’est toute la force de ce personnage, il est aussi détestable qu’il est attachant, montrant parfois des signes de faiblesse ou de doute qu’il compensera pas sa forte estime de lui-même. On comprend alors qu’elle lui sert de pilier pour renforcer sa détermination.



Et ça parle de quoi ?



Parlons maintenant de l’histoire et de l’univers qui m’ont également beaucoup plu de par leur originalité. Deponia se présente comme une planète post apocalyptique recouverte de déchets sur laquelle tentent de survivre quelques autochtones. Au dessus de ces derniers se trouve un genre de station spatiale inaccessible nommé Elysium ou vivent d’autres humains dans un luxe paradisiaque. Cet Eden est l’obstination de notre héro qui, exaspéré par son monde et sa condition précaire, cherche à s’en évader coûte que coûte. Malheureusement pour lui, chaque plan qu’il élabore fini inévitablement en catastrophe, ce qui, cumulé à son égo surdimensionné, lui vaut le mépris de ces semblables. Lors d’un énième essai, il va parvenir à atteindre non pas Elysium mais une station intermédiaire qui descendait justement sur Déponia… mais dans quel but ? Sans même avoir le temps de se poser cette question, notre anti-héro va assister à une discussion entre une magnifique jeune femme et des soldats souhaitant vraisemblablement l’éliminer. Pris dans un élan d’héroïsme et cherchant surtout à faire tomber la belle dans ses bras, Rufus va tenter de s’interposer pour la sauver mais va, comme à son habitude, tout faire de travers. Assommant la belle inconnue plutôt que les soldats qu’il visait, il se fait donc attraper et jeter du vaisseau avec sa dulcinée. Cette dernière est d’abord retrouvée par les habitants du village et attire très vite la curiosité. Rufus arrive alors et demande à voir celle qu’il dit avoir sauvé mais, en plus de ne pas croire à son histoire de sauvetage, on lui annonce que la jeune femme est dans le coma. Se voyant alors comme un prince devant réveiller sa princesse et cherchant par la même à prouver son acte héroïque de « sauvetage » a tout les « crétins » du village, notre héro va devoir confectionner un remède pour la réveiller. Durant sa quête il va mettre à jour un complot organisé par l’armé Elysienne


visant à faire exploser Déponia et ses habitants afin de propulser la station spatiale Elyium vers une planète plus accueillante qu’ils appellent Utopia. L’Elysienne répondant au nom de Goal n’est donc plus uniquement son ticket d’entré au paradis mais aussi le seule espoir de sauver les Déponiens puisqu’elle pourrait témoigner auprès de ses dirigeants pour stoper cette folle entreprise et faire évacuer les habitants de Déponia avant la détonation. Rufus devra donc faire un choix entre suivre son rêve égoïste ou tous sacrifier pour le bien commun.



Analyse critique



Voilà en gros le synopsis du premier jeu de la licence qui se poursuivra ainsi sur toute la trilogie. Bon nombre de rebondissements et de retournements de situation sont au programme, tous plus barrés et comiques les uns que les autres, dans une surenchère de grotesque à mourir de rire. Mais le jeu n’est pas uniquement là pour nous divertir, il délivre un message, une sorte de sous texte dont je vous avoue honteusement ne pas avoir pris conscience moi-même avant de lire l’excellente critique de joemaster que voici (Attention spoilers de toute la saga, quatrième inclus). Je vais néanmoins tenter d’exprimer la chose à ma manière.


Déponia a donc un sous texte, c’est l’histoire d’une quête obsessionnelle


qui se termine par un lâcher prise, autant physique que figuratif.


On retrouve des indices dans les noms tel que Goal qui signifie « le but », Elysium qui d’après la définition embarque également toute une symbolique qui fait sens avec l’histoire


« Région des enfers où séjourneraient après leur mort les héros et les hommes vertueux (à savoir que dans la mythologie Grec il n’existe pas la notion de paradis mais en gros c’est ça, même si on parle d’enfer ça n’a pas la même connotation que celui du mythe chrétien). Virgile place dans l'Elysée les braves défenseurs de la patrie, qui sont morts en combattant pour elle »


et enfin Utopia, l’utopie qui, comme son nom le laisse supposer, est l’idéal


qui ne sera jamais atteint.


Néanmoins, si je n’ai pas décelé ce message tout de suite c’est que sa fin n’est pas suffisamment claire et impactante à mon sens.


Rufus se retrouve pendu dans le vide et doit se laisser tomber pour sauver l’humanité. Ca semble assez clair sur le papier mais la trilogie nous a tellement habituée à des retournements de situation improbable qu’on n’imagine mal Rufus mourir. Il s’en sort toujours quoi qu’il arrive et ce sentiment est d’autant plus renforcé par le fait qu’il est impossible d’avoir de Game Over dans le jeu.


Je suis donc resté un peu sur ma faim et j’avoue avoir fait parti des déçus. Ce dénouement m’a parus trop abrupt pour une interprétation qui ne m’avait pas sauté aux yeux jusque là… Je ne suis d’ailleurs pas le seul à être passé à côté du message, si bien que, à cause de la grogne des joueurs, Daedalic Studio a fait un ultime épisode dans le but de clarifié son idée et dont je vous parle ici dans une autre critique.


Mais quel est le message du coup ? Et bien je dois admettre que je ne suis pas encore sûr de la réponse,


la fin voudrait-elle dire que la vie n’a aucun sens si l’on a plus aucun but ou objectif à atteindre ? Si l’idée me séduit assez, cette interprétation me semble peu probable puisque Goal n’est pas morte. Ou apporte-t-elle un message plus conventionnel du style « accrochez vous a vos rêves, vivez les et sacrifiez vous pour eux car l’aventure en vaut la peine » ? Mouai bof, pas besoin de faire mourir Rufus pour ça… Ou la résignation tout simplement, le simple fait de devoir abandonner son ego pour le bien des autres ? Ou encore autre chose ?


Je vous laisse faire vos propres conclusions car je serai bien incapable d’y répondre et je crois que toutes sont valables en quelque sorte.



Et le gameplay dans tout ça ?



Comme je le disais on est sur quelque chose de très classique, le monde est divisé en tableaux, on passe de l’un à l’autre en cliquant sur une flèche au bord de l’écran. Les mécaniques consistent principalement à récolter, observer ou interagir avec des objets que l’on peut également combiner, ce qui s’avérera être la principale cause de difficulté du jeu tant les inventions de notre héro peuvent être farfelues. Bien sûr, chaque objet n’a généralement qu’une seule fonction et disparait donc de l’inventaire après utilisation, exceptés quelques uns (ces derniers disparaîtront toutefois inexorablement au début d’un nouvel acte). Les actes sont séparés par des interludes musicaux et marquent l’arrivée dans un nouveau lieu sans retour en arrière possible. Quoi qu’il arrive, tout a son utilité, il n’y a pas de chemin annexe ni de secrets à découvrir avec des collectibles à la clé. Cependant, il y a belle et bien quelques actions secrètes débloquant une petite scène humoristique sans importance ou un commentaire du héro. A noter que le jeu n’affiche pas d’office les éléments avec lesquels il est possible d’interagir mais une simple pression sur la barre espace permet de les révéler. Cela vous sera d’une grande aide (pour ne pas dire indispensable) et permet surtout de ne pas surcharger les décors avec des icônes visibles en permanence.


L’autre mécanique principale concerne les nombreux dialogues à choix multiples, même s'ils n'ont aucune conséquence sur l’histoire et qu’ils sont tous réalisables en une partie. Ils sont souvent facultatifs mais permettent d’obtenir des indices sur la résolution d’une énigme et/ou donnent lieu à des dialogues comiques. Je n’ai d’ailleurs pas encore abordé ce point mais le jeu est intégralement doublé en Anglais et en Allemand ce qui est fort plaisant car des dialogue silencieux a la Ni No Kuni II aurait été vite ennuyeux. Malheureusement, pour la VF, il faudra se contenter de lire, ce qui pourra poser quelques soucis de timing par moment mais honnêtement ça va, je ne suis pas un lecteur rapide et j’ai quasiment rien loupé (à part dans Chaos On Déponia ou un personnage che-chete ce qui complique grandement la lecture), j’ai connu des jeux où c’était plus compliqué à suivre. Par ailleurs, la qualité du doublage anglais est vraiment excellente (je n’ai pas testé en allemand par contre vous me pardonnerez). On appréciera aussi le doublage anglais pour certaines blagues qui ne sont pas traduisible en VF, les plus attentifs et bilingues riront donc 2 fois plus ! J’ai également noté quelques références culturelles pour les gens vraiment avisés…



En résumé



Heureusement que la critique de joemaster était là pour m’ouvrir les yeux sur le fond et j’espère que la mienne pourra vous éclairer tout autant. La saga Déponia est une petite merveille, dans un genre certes un peu lourd et dotée d’une difficulté plutôt corsée à cause de son côté extravagant mais c’est une aventure véritablement passionnante et pleine d’humour que je recommande à tous. Le rythme est un peu inégal par moment selon la fluidité avec laquelle vous vous en sortez (j’ai pas mal bloqué sur le 2 perso) mais c’est assez négligeable compte tenu de la qualité globale de la série. Je vous recommande d’utiliser des soluces pour éviter de vous décourager tout de même, parfois un tout petit coup de pouce peu débloquer plusieurs problèmes, il ne faut donc pas hésiter sauf si vous aimez les challenge relevés. Comptez tout de même une moyenne de 15 à 20h par épisode.

Nixotane
9
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le 5 févr. 2019

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Nixotane

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