Le « Devil’s Third », ou intervalle du diable, est un intervalle musical à trois tons pleins dont la dissonance était considérée diabolique et source de malaise. Si comme moi vous n’y connaissez rien en musique, voilà pour l’explication du titre. Quant au rapport avec le jeu, j’imagine que ça fait référence aux trois éléments distincts qui composent son gameplay : le tir, le sabre et… heu… les glissades ? Peut-être ?
Bon d’accord, je ne sais pas pour le troisième, mais je suis sûr que c’est un truc comme ça. Et puis c’est largement utilisé par les groupes de métal, donc ça colle avec l’idée générale du jeu. Pour prendre une métaphore haut perchée, Devil’s Third c’est ce groupe de métal ringard qui gratte et qui envoie de la double pédale un peu n’importe comment. C’est pas très fin, c’est pas très bon, mais c’est sympa quand même.
Le solo annonce la couleur très vite. Ivan est un gros russe expert en tout qui joue de la batterie en prison. Le président des États-Unis a besoin de lui pour combattre une organisation terroriste à laquelle il appartenait il n’y a pas si longtemps. Les méchants ont, en effet, mis à genoux l’entièreté du réseau de satellites et ont nullifié l’avantage technologique des défenseurs de la liberté. Du coup,on envoie le chauve et une poignée d'hommes.
Ivan accepte, sans qu’on sache vraiment pourquoi et sort de sa piaule en massacrant tous les taulards qui venaient de lancer une insurrection fort à-propos. Comme son mentor est le dernier héritier d’un clan de ninjas russes, Ivan mouline les katanas comme personne et fait des glissades ascendantes dans les escaliers.
Après, on fait les quatre coins du globe sans que ce ne soit particulièrement justifié et, à un moment, il y a des mutants, mais ça j’ai pas compris parce que je regardais ailleurs pendant la cinématique.
Et puis à la fin, il y a le Président en personne qui serre la main d’Ivan en lui disant « Merci pour la liberté », mon cul sur la commode, et Ivan s’en va comme un prince.
C'est pas évident d’expliquer à quel point le jeu se moque de son scénario. Tel le pire film de The Asylum, c'est une expérience à vivre. Priver une armée moderne de sa technologie, il y un début d’idée là. Mais en fait non. A part au début et lors d’une scène spécifique, la trouvaille n’est jamais exploitée. Comme les mutants qui ont leur niveau attitré et sortent de nulle part pour refaire un petit coucou au détour d’une autre mission.
Techniquement, Devil’s Third rend un hommage vibrant à la Gamecube pour la qualité graphique et à la PS2 pour les temps de chargement. C’est atroce. Il y a trois ou quatre environnements sympas et une multitude de couloirs. On a aussi droit à toutes sortes de phases annexes complètement pétées, dont une course sur neige qui m’a rendu hilare tellement c’était mauvais et quelques boss bien lourdingues avec insta-kill et toute la panoplie.
Un solo assez bancal, donc, mais séduisant quand même grâce à son côté série Z volontaire. Et puis surtout, les combats fonctionnent bien ! Et c’est peut-être la seule chose qui fonctionne mais c’est l’essentiel. On court, on glisse, on tranche, on mitraille, on éclate des têtes sur des rambardes, ça va vite, c’est super con, mais c’est tellement marrant. Il faut d’ailleurs souligner que la transition entre les combats à la troisième personne et la vue FPS se fait de manière naturelle, sans aucun accro. Et que la fluidité entre ces phases de gameplay complètement opposées est une grande réussite.
Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde pendant les 6-7 heures du solo et le multijoueur est très complet. Il y a des modes rapides comme le TDM, classique mais efficace grâce à des cartes toujours bien construites et adaptées au gameplay versatile du jeu. Il y a aussi un mode clan qui nécessite de l’investissement. On peut y acheter des places fortes et les personnaliser avec des bâtiments et des défenses. On s’attaque entre clans pour le contrôle d’une zone géographique et on peut former des alliances.
Au niveau des sensations, le multi m’a rappelé Timesplitters. C’est le même genre de plaisir. Et c’est dommage que les performances ne soient pas au rendez-vous (encore une fois, les temps de chargements…), mais ça promet du meilleur pour Devil’s Third Online.
Il y a des tas de jeux superbes et biens finis auxquels je n’ai pas joué plus de trois heures parce qu’ils n’avaient aucun intérêt, aucune originalité et qu’aucune situation excitante ne me donnait envie d’aller plus loin. J’en ai déjà passé une vingtaine sur Devil’s Third.
C'est un jeu old school, un fourre-tout magnifique, un nanar flamboyant. L’héritier légitime de tout ce que le jeu vidéo a fait de plus décérébré. Un jeu bardé de défauts mais doté d'un atout majeur : du fun.