Parcours terminé après presque 80 heures.


Voilà plus de deux décennies que le studio Larian développe des RPG, même s'il ne se limite pas à ce genre (cf. Divinity Dragon Commander), et après beaucoup d'expérimentations, Divinity Original Sin 2 (DOS 2) atteint un seuil de qualité qui lui a valu une popularité certaine, et certainement suffisante pour attirer un plus large public. Moi-même à force d'en avoir entendu autant du bien, ai-je fini par me laisser tenter pour cette aventure hors-norme.


Déjà, on peut dire que le jeu sait laisser une très bonne premières impression, en faisant l'étalage d'un contenu extrêmement riche qui peut s'approcher de multiples manières. Ajouter à ça un polish suffisant (pour ce projet d'envergure moyenne, financé en partie via un kickstarter), une prise en main facile, tant que l'on est un tant soit peu familier avec les CRPG, d'autres fioritures aguichantes (dont les voix et musiques, toutes deux d'excellentes qualité), et il n'est pas surprenant que DOS 2 ait reçu autant de louanges.


Le jeu saura séduire le joueur notamment grâce à son système de combat très attractif. Comme pour ses autres facettes, DOS 2 encourage autant que possible la créativité. Plutôt qu'une terne confrontation de statistiques, les affrontements sont vus comme des puzzles à résoudre par différents moyens : utilisation de la furtivité, verticalité, gadgets (grenades, tonneaux explosifs, artisanat divers), et surtout manipulation de l'environnement, une mécanique de DOS 1 pleinement exploité dans cette suite. Par exemple, vous pouvez utiliser un sort d'eau pour créer une surface de terrain humide, puis soit le transformer en givre, afin de le rendre glissant pour vos ennemis ou bien en vapeur par un sort de feu avant de l'éctrifier pour potentiellement les étourdir. Les possibilités sont, pour ainsi dire, infinies.


Maîtriser les combats dans DOS 2 s'avère rapidement extrêmement satisfaisant, d'autant plus qu'ils sont accompagnés d'une multitude de compétences uniques, visuellement réussies (même pour les combattants corps à corps), en plus d'un système d'instrument, influençant les thèmes musicaux, une fonctionnalité qui relève du génie.


Cependant, le gameplay voulu par le studio Larian a aussi des défauts, qui deviennent de plus en plus apparents au fil des heures. Tout d'abord, la créativité tant promue donne lieu à toute sorte d'abus (télékinésie, sortie de combat, camouflage) et la facilité à incapaciter les adversaires, quand on sait ce qu'on fait, peut rendre la plupart des joutes trop triviales. De plus, même si jouer avec les surfaces de terrain est très gratifiant au départ, l'apparition par la suite de 'surfaces maudites', beaucoup plus nuisibles et difficiles à faire disparaître, apporte le risque que les champs de bataille se transforment constamment en océan de feu maudit, ce qui empêche toute utilisation intelligente de cette facette du jeu. Cela dit sur ce dernier point, qui est une critique récurrente, j'avoue ne pas en avoir trop souffert (en difficulté Classique) et j'ai trouvé la 'fameuse' bataille dans les Fosses Noires, tristement célèbre pour son caractère incendiaire, particulièrement mémorable.


Je ne peux que dresser un constat similaire concernant les quêtes. D'énormes efforts ont été réalisés afin de laisser le joueur façonner sa propre aventure. Les nombreuses quêtes qui existent peuvent être résolues de plusieurs manières : tantôt on approchera un animal afin de récupérer un indice capital sur une enquête, tantôt on parlera à un fantôme dans le but de découvrir leur perspective, ou bien notre elfe mangera une jambe afin de sonder d'importants souvenirs, ou encore notre groupe arrivera par chance à déceler une porte cachée dans une habitation aux apparences innocentes qui mènera à un repaire secret, sans compter le charisme de nos héros qui peuvent nous sortir de plus d'une situation délicate durant les dialogues (et nous empêtrer dans bien d'autres). Le jeu permet tout cela, et fera de son mieux pour prendre en compte les personnages que l'on tue, les objets importants que l'on vole, les étapes d'une intrigue que l'on peut brûler...


C'est clairement dans cette dimension que DOS 2 impresionne le plus, surtout vu la richesse des zones qui regorgent d'endroits à explorer (souvent grâce à la téléportation), de petits détails qui peuvent mener à des quêtes optionnelles si l'on prête attention. Difficile de s'ennuyer devant la quantité des points d'intérêts offerts sur la carte, même si leur densité pourra sembler plus d'une fois bizarre, quand un arbre mystique elfe cotoye un mécanisme draconien géant, ce dans un lugubre cimetière humain.


DOS 2 laisse aussi le choix dans la manière dont on souhaite faire avancer le scénario principale, en proposant plusieurs sous-quêtes menant au même objectif. Cela dit, j'ai trouvé cette approche relativement illusoire, et surtout peu viable, car cela implique de passer outre une partie du contenu, et donc l'expérience associée. Or, j'ai trouvé que maintenir son niveau était particulièrement essentiel pour ne pas se faire rétamer par le premier pégu venu (la difficulté ne s'adapte pas à votre niveau). Ainsi, même quand il m'était possible de d'avancer à l'étape suivante, je me suis retrouvé encouragé à ratiboiser les environs, et même adopter une attitude plus meurtrière pour amasser autant de pouvoir que possible.


Bref, pas l'idéal pour l'immersion. En parlant d'immersion, j'ai eu un peu de mal à totalement accrocher à l'aspect narratif de DOS 2. L'histoire principale est standard mais pas mauvaise, les compagnons (les héros 'Origins' que l'on peut soi-même incarner) sont bien écrits, tout comme certains personnages secondaires (Malady notamment), et le monde de Rivellon a beaucoup à offrir. Pourtant, malgré les rencontres fascinantes, les affres et les rires procurés, je n'ai jamais été scotché par les intrigues à part pendant la résolution de celles des personnages Origins. Il manque un petit je ne sais quoi pour être vraiment prenant.


Je pourrais aligner bien d'autres imperfections : un inventaire pénible à gérer, tout comme la gestion de groupe pendant les mouvements, ou encore un système de réputation très basique... mais même si l'ensemble de ses défauts diminuent le jeu quelque peu, il reste une oeuvre de qualité que j'ai beaucoup aimé. Et même si je n'ai pas eu de grand coup de coeur, j'ai été surpris en fin de partie par mon envie de repartir une nouvelle fois à l'aventure dans le futur, en quête de la divinité.


Skidda
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le 27 août 2023

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Skidda

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