Doki Doki Literature Club Plus!
7.2
Doki Doki Literature Club Plus!

Jeu de Team Salvato et Serenity Forge (2021PlayStation 4)

Désolé pour ce titre matrixé par le fait que mon dernier film vu est Thérèse. Impossible de parler de Doki Doki sans spoiler, et vu que l'intérêt principal du projet se situe justement dans la découverte, circulez tout de suite si vous n'avez pas touché au jeu. Et par pitié, ne faites pas comme moi et ne vous spoilez pas tout avec des vidéos Youtube. DDLC est vraiment un jeu auquel il faut jouer manette en main pour réellement vivre l'expérience.


Donc Doki Doki Literature Club, phénomène du Visual Novel moderne a fait un beau petit buzz à sa sortie. Il a bénéficié à cette période de conjonctures parfaites : gratuit sur Steam, un amour des dating sims et des weebs grandissants dans la pop-culture actuelle, et un côté "choc" qui incite grandement au bouche à oreille. Effectivement le jeu est sympathique, et force le respect pour avoir à ce point pris les bonnes cartes en main pour garantir son succès.


Niveau réalisation c'est un bon jeu en soit, il embrasse parfaitement son côté "simulateur de drague japonais" ultra cliché avec des designs agréables en plus d'être des poncifs du genre. Certains ont trouvé que le premier acte du jeu était extrêmement chiant, ce que je comprend, c'est vrai qu'on aurait pu aspirer à plus d'ironie ou d'humour sur ce style de jeu dans la première partie. Même en tant qu'amateur de slice of life à 2 de QI, je ne suis pas vraiment entré en totale immersion dans l'univers du jeu effectivement. Faute au fait que je m'étais fait spoilé avant, ou que l'écriture est effectivement peut être trop peu ambitieuse ou classique. Cependant, malgré tout, la deuxième partie du jeu est objectivement bien réussie pour moi. Il y a un vrai humour sur certains passages, comme Monika qui passe au dessus des boîtes de dialogues sans raison, ou quand le protagoniste dit "Yuri a une tête étrange aujourd'hui" alors que son sprite est effacé, entre plein d'autres. Mais c'est vrai que cette horreur a un petit côté "Scary Movie" vu que c'est souvent assez ironique / comique. Un peu décevant quand on voit les thématiques que le jeu aimerait aborder ou qu'il y a marqué "Expérience d'horreur psychologique n°1" à l'arrière de la boîte (Silent Hill rigole fort).


Et justement, le gros point noir pour mon expérience aura été les thématiques du jeu… Le projet se pose directement comme assumant un côté "houlala très choquant" avec son avertissement initial ou la violence visuelle assez crue. Mais j'ai vraiment pas compris quel était le projet dans cette manière d'aborder la dépression, le suicide et les troubles mentaux. Ce n'est pas les jeux qui manquent qui abordent ces thématiques, d'une belle manière symboliquement comme Silent Hill ou dans le message à retenir comme Celeste. Ici, DDLC a pris à mes yeux un espèce de côté "foutage de gueule". Ok Natsuki se fait abuser par son père, Sayori et dépressive, etc mais quel est le projet à par faire de l'ironie et proposer un petit délire méta / parodique ? Les personnages en arrivent à de dramatiques extrêmes parce que Monika s'en débarrasse pour sortir avec le héros… je comprend le côté pertinent de cette proposition pour détourner les codes du jeu vidéo et parodier d'une certaine manière les dramas lycéens mais je sais pas… je trouve ça ni subtil, ni pertinent... je vois pas vraiment à qui il est destiné de rire et parodier les maladies mentales, de cette manière en tout cas. Loin de moi l'idée de vouloir mettre un tabou moral dessus, au contraire, ou même de dire qu'il est impossible de plaisanter de ce genre de sujet. Vous avez vu en plus que j'apprécie énormément de projets jeu vidéo sur ces sujets. Mais là je sais pas… associer le côté rose bonbon / kitsch des jeux de drague Visual Novel avec les maladies mentales de cette manière, j'ai pas compris. Je n'ai en tout cas pas trouvé ça spécialement subtil ou bien traité. D'autant plus avec l'absence de choix quoi… ça aurait pu être intéressant au lieu de laisser une seule voie possible et un joueur spectateur de proposer une meilleure interaction, un moyen pour tenter d'arranger les choses. Ca aurait été encore plus angoissant et malsain. Potentiel un peu gâché à mes yeux, mais ça reste drôle et bien réalisé dans son deuxième acte donc j'ai bien entendu apprécié malgré tout.


Pour finir je touche deux mots sur le portage... remaster... extension... enfin la version Plus qui permet de jouer sur console. Le choix de faire une machine virtuelle embarquée était la solution la plus pertinente, surtout qu'elle est à la fois crédible dans son design et riche en contenu avec les CGs, les mails, l'accès aux dossiers, etc. J'ai noté une micro-censure sur la séquence où Yuri se poignarde, le sang est noir et remplacé par des pixels pendant la cinématique. Étrange car c'est vraiment le seul point du jeu qui a été retouché, et sur le CG qui suit on la voit bien cadavérique dans un bain de sang, donc c'est assez cocasse que juste l'animation ait été atténuée. Le choix d'ajouter des histoires annexes qui font totalement fi du twist du projet, et partent donc sur du développement de personnage innocent est effectivement assez étrange… Ca aurait peut être servi de plutôt mettre ça dans le jeu de base pour renforcer l'immersion et le lien émotionnel du joueur ? Parce que c'est vrai que la proposition principale est finalement assez courte. M'enfin, ça fait toujours un peu de contenu supplémentaire.


En bref, même après avoir vécu l'expérience manette en main, ce pour quoi elle a clairement été pensée donc l'impact en vidéo aura un effet bien moindre, je n'ai pas été complètement enchanté par ce DDLC. Son côté assez peu subtil, ou pertinent ENFIN CE QUE J'AI DÉTAILLÉ AU DESSUS limite l'immersion totale dans une expérience à l'idée sympathique. Sa deuxième partie est intelligemment réalisée, les divers détournements des codes du jeu vidéo valent le coup d'être vécus. Mais on n'a au final qu'une expérience divertissante, dont la version "Plus" n'est d'ailleurs qu'une amélioration en accessibilité. A tester malgré tout, pour la renommée qu'il s'est construite d'une manière quand même pertinente.

Tomega
6
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le 23 oct. 2021

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