Soyons honnêtes : Dragon Quest VI Le Royaume des Songes est un excellent RPG. Un classique parmi les classiques, même. Des graphismes somptueux pour ce remake DS, une grosse quarantaine d'heures de jeu au compteur, deux vastes mondes à explorer plus un monde sous-marin (voire même le monde cauchemardesque à la fin de l'aventure), une histoire à base de mini-intrigues (une marque de fabrique de la série) sympathique à suivre, un système de combat de de vocations efficace... Bref, du tout bon !


Oui, mais voilà... Il y a un je ne sais quoi qui lui fait défaut par rapport notamment aux épisodes IV (avec l'idée originale de suivre plusieurs personnages différents dans leur propre quête) et V (avec son souffle épique inégalable qui vous amène à suivre le héros de son enfance à sa vie d'adulte). Car le gimmick de ce Dragon Quest VI, c'est la superposition du monde réel et du monde des rêves (deux facettes un peu différentes d'une même gigantesque carte entre lesquelles on fait des aller-retours au moyen d'un système de puits). C'était certes très original à l'époque de la sortie du titre original sur Super Famicom en 1995 (même si Zelda A Link to The Past avait déjà exploré cette voie en 1992)... mais aujourd'hui, c'est du vu et revu... Et surtout, on retrouve les petits défauts de ce type de level design (ceux qui se seront pris la tête sur Metroid Prime 2 Echoes ne seront pas dépaysés !) : devoir constamment changer de monde pour pouvoir progresser et contourner un obstacle dans un monde pourra en effet finir par agacer un peu (avec cette impression d'être ralenti artificiellement dans l'aventure).

Un peu plus gênant, le jeu souffre aussi d'un problème de rythme vers la fin de l'aventure. En effet, si je ne suis pas forcément adepte des RPG ultra-dirigistes, la quête des quatre reliques sacrées (l'Épée de Ramias, le Bouclier de Valora, l'Armure d'Orgo et le Heaume me de Sebath) risque de faire perdre patience à beaucoup de joueurs : les indices sont minimalistes, certaines sous-quêtes sont peu évidentes (un tapis volant se récupère en participant plusieurs fois à un défilé de mode qui avait pourtant tout d'un mini-jeu optionnel pour gagner des éléments d'équipement plus rares) voire dénuées de toute logique (l'énigme des catacombes où il faut descendre de 3 niveaux puis remonter de 2 pour ouvrir une sortie secrète). Si en plus vous avez eu le malheur d'être trop curieux avant cette quête, la carte ne sera plus grisée et ne vous sera de plus d'aucun secours pour repérer les rares zones encore inexplorées. Et impossible d'y échapper pour autant ; cette quête étant une condition indispensable pour progresser dans l'aventure et accéder au château Zénithia. Rien à voir donc avec les quêtes pour retrouver ses camarades dans la seconde partie de Final Fantasy VI. Autant dire que si l'aventure était jusque-là bien rythmée, elle subira à ce stade une sérieuse baisse de tension. Enfin, comme à l'habitude avec Dragon Quest, si aucun boss ne vous posera de problèmes particuliers en ayant fait un minimum de combats, il en ira tout autrement avec Mortamor, le boss final, qui exigera un peu de level-up (j'ai dû passer d'un niveau 39-40 à un bon 44-45 pour ne pas me faire humilier) et d'optimisation de job/d'équipement (deux personnages avec le sort Multisoins sont recommandés ainsi qu'une vocation Dragon avec le sort Soufle Gla-Gla-cial) alors que la progression tranquille dans son antre démoniaque ne le laissait nullement entrevoir. Un peu frustrant...

Par ailleurs (mais c'est ici le revers de la médaille de la politique de remake à la chaîne de Square Enix sur DS), pour qui aura joué avant à Dragon Quest IV et V sur DS (même à quelques mois d'intervalle) se dégagera une désagréable impression de déjà-vu. Arte Piazza a en effet effectué un fabuleux boulot de restauration pour le remake de Dragon Quest IV... qui a été évidemment recyclé pour les deux remakes suivants. De sorte que la direction artistique est si cohérente ( qui a dit uniforme ?) d'un épisode à l'autre et qu'il y a si peu de différences techniques entre les 3 remakes qu'on finit par avoir un peu l'impression de se retrouver face à un jeu généré aléatoirement à partir de l'univers de Dragon Quest (le bestiaire, le character design, la carte, la progression, les sons et musiques...). C'est évidemment une critique un peu biaisée... mais il n'empêche que cette impression est bien présente si l'on a enchaîné la trilogie Zénithia sur DS entre 2008 et 2011.


Néanmoins, au final, il ne faut pas bouder son plaisir : Dragon Quest VI Le Royaume des Songes est un RPG ultra-efficace avec une histoire accrocheuse bien que très classique (un vilain démon Meurtor menace la quiétude du monde... à moins qu'il n'y ait un vilain encore plus méchant qui tire les ficelles par derrière), une réalisation somptueuse, un système de vocations et de combat bien fichus et une progression sans accroc (en-dehors de ce qui a été dit plus haut). Bref, les amateurs de RPG (avec une traduction française exemplaire, qui plus est) peuvent se ruer dessus les yeux fermés... même s'ils n'en garderont sans doute pas un souvenir aussi inoubliable qu'avec Dragon Quest V La Fiancée Céleste.

marchiavel
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le 17 févr. 2012

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