Built with Rocks & Fire !
Je parle de rocs durs et tranchants qui n'hésiteront pas à vous taillader chaque fois que vous poserez vos mains dessus. Que cela soit dans son interface ou son level design, Dragon's Dogma va vous faire souffrir. Allez-retours, consommables périssables, objets améliorables mais régulièrement obsolètes, indications de quêtes floues, absence de checkpoints en extérieur, sauvegarde unique... le jeu va vous forcer à (re?)prendre certaines habitudes. Le confort cède au plaisir non pas "masochiste", comme certains se plaisent à le dire, typique des DSouls, mais plutôt exploratoire. Faire toutes les quêtes et sous-quêtes du bousin relève de la folie pur et de l'acharnement. Aussi si vous êtes de ceux qui veulent à tout prix explorer l'intégralité de ce qu'un jeu a dans les tripes lors de son premier run, vous ne trouverez ici rien d'autre que la frustration.
Quand il s'agit de faire plaisir à tous les autres qui considèrent qu'un jeu vidéo n'est pas une timeline à suivre à la lettre mais bien un régime d'expérience potentiellement personnalisé, le constat n'est pas totalement satisfaisant non plus. Des gardes qui ne réagissent pas quand ils vous voient en dehors de votre cellule de prison, un ensemble de motivations prédéterminés pour votre personnage dès lors que vous assistez, curieux, à une event de quête dans lequel vous pensiez être neutre, ou encore l'introduction, le développement mais l'absence de dénouement concernant le parcours de certains personnages secondaires pourtant largement mis en avant par les cut-scenes en pleine partie... A côté de ça, vous avez un terrain de jeu pas si vaste mais Densément peuplé où vous croisez indistinctement gobs, bandits, harpies, loups, griffons, chimères, dragons... et plus encore.
C'est là que Dragon's Dogma se met à briller de mille feux. Balancer des ogres, des trolls et des gobelins simultanément dans votre tronche c'est cool, surtout quand le système de combat se base sur les collisions et non pas sur un principe de ciblage bon à réserver aux MMOs démodés (toutefois préservé lorsqu'il s'agit de lancer des sorts). Si en plus on vous permet de vous agripper dynamiquement à vos adversaires les plus imposants façon Shadows of the Colossus ou encore de les arroser d'huile avant de déchaîner les enfer sur leurs sales faces de streums, là c'est carrément l'extase. Et puis les petites bébêtes ne sont pas en restes, vous pouvez toujours les saisir pour les balancer du haut d'une falaise... enfin moi j'dis ça... ça vous fera moins de butin mais qu'importe, c'est FUN !
Quand vous commencez à mélanger ces deux aspects (mais si, l'exploration longue et un tantinet fastidieuse puis la baston viscérale et FUN, suivez un peu !) et bien vous passez de l'extase à l'épicness absolue. Vous vous retrouvez à traverser la carte pendant une heure à la poursuite de telle ou telle créature à défourailler du menu-fretin (parfois... souvent même agrémenté de surprises bien ardues) pour aboutir à un combat où le setting est au rendez-vous, où la mise en scène se couple à une animation exemplaire, chaotique et prompt au spectacle. Ces prodigieux moments, sans non plus êtres d'une rareté extrême, arrivent toujours à temps pour que jamais ne pointe la routine liée à une utilisation abusive du procédé (là, je pense très fort aux dragons de Skyrim). Voilà, Dragon's Dogma c'est ça, plus une histoire qui sans être transcendante fait plutôt dans le bon goût et sait faire le nécessaire pour renouveler le plaisir une fois son point d'orgue atteint. Elle permet même des situations à la fois narratives et ludiques bien expérimentales vers la fin du récit ce qui a définitivement scellé ma fascination pour le jeu.