Premier (et unique) jeu d'ex-développeurs de Hitman, il m'a tout de suite fait de l'œil avec son pitch d'infiltration old school pimentée par une idée originale : les ennemis acquièrent vos capacités quand vous les utilisez. Mais ce qui marque au lancement, c'est l'attention portée à la narration, avec une longue introduction où l'on en apprend plus sur cet univers de science-fiction, sur notre protagoniste En, et ses motivations. Tout de suite, on nous peint un monde curieux, et des enjeux personnels sont introduits. La direction artistique superbe achève de nous happer, avec ces intérieurs immaculés et luxueux, irréels.
Nous nous retrouvons perdus dans ces niveaux qui paraissent sans fin, et l'on doit progresser en échappant aux ennemis. Chaque action effectuée pendant une période donnée, que ce soit courir, s'accroupir, enjamber un muret ou attaquer un ennemi, est ajoutée à leur éventail d'actions possibles sur la période suivante. Si vous courez partout en usant à tout va de votre pistolet, préparez-vous à vous faire courser et arroser copieusement sur la séquence suivante, ce qui, vu le nombre des ennemis et l'espacement des checkpoints, est une proposition suicidaire. On se retrouve donc constamment sous pression d'une armée de clones dont le nombre seul vous inciterait à user de tout votre arsenal, mais le système vous invite à la retenue, et à réfléchir à quelle capacité vous pouvez vous permettre de leur donner.
Malheureusement, une fois qu'on a trouvé un enchainement qui fonctionne, on a tendance à beaucoup se reposer dessus (ne jamais courir ou tirer, alterner les séquences où on "donne" le saut de muret et celles où on "donne" l'ouverture de portes) pour passer les challenges qui se renouvellent trop peu (collecte d'une paire de clés pour une serrure, ou récupération de quelques dizaines d'orbes disséminées dans les niveaux). Le jeu tombe dans une routine, avec un peu d'histoire entre les niveaux, qui ne cachent pas leur artificialité, et les quelques complications ajoutées au fil du titre ne changent pas fondamentalement la donne.
Le jeu essaye aussi d'étoffer son univers avec des logs à collecter, mais de façon absurde, leur contenu ne s'affiche que si on récupère tous les extraits d'un niveau. Ceux-ci sont bien trop grands et labyrinthiques, et les checkpoints trop espacés pour qu'on prenne le risque de les explorer de fond en comble, et je n'ai jamais réussi à avoir un log exploitable.
Au final, j'ai apprécié le jeu tendu de chat et de la souris avec ces clones, la gestion du risque avec les compétences qu'on cède aux ennemis, mais j'étais content d'en voir le bout.