Elite : Dangerous est une oeuvre étrange, rien qu'en tapant "année lumière" dans mon moteur de recherche principal je comprends à quel point je ne suis rien, que je ne sais rien et pire encore que je ne verrais rien.
Toi qui entre ici n'abandonne pas tout espoir
Tu prendras peur de ne jamais avoir les crédits nécessaires pour acquérir ce vaisseau tant désiré, tu craindras encore plus de le voir broyer dans les engrenages d'un univers impitoyable. Le lot de consolation sera un noyau dur humain persistant ou les actions même minimes seront synonymes de changement, parfois majeurs, mais tout ça à l'échelle humaine. Il y aura des missions, bien payés ou généralement non, des escarmouches et des dogfight endiablés en plein cœur d'un champs d'astéroïdes. Tout ça sera hautement stimulant et fidèlement rendu.
Certains se regroupent pensant qu'ils seront plus fort à plusieurs et c'est loin d'être faux. Quand bien même tu serais le meilleur le nombre a tendance à l'emporter. Ce n'est qu'une belle pirouette pour insister sur le fait de rejoindre une puissance, quelle soit Impériale, Fédérale ou encore un melting-pot démocratique des deux précédents ingrédients. C'est vrai, il y a fort à faire dans l'espace connu, du commerce, des missions, de la contrebande et même de la piraterie sans oublier l'exploitation des ceintures d'astéroïdes. Tout ça paye bien quand on s'y accroche. Avec le temps et de la persévérance les plus déterminés auront leur vaisseau tant désiré et leurs espoirs gonflés à bloc. Les autres s'en iront ou finiront dans un bar à se lamenter. Mais d'autre comme moi paniquent devant quelque chose de plus terrible encore. Ils fouillent leur carte galactique et se demandent à quoi correspond cette courbe d'étoiles si éloignées des tensions humaines. Ils naviguent, regardent et commence à explorer les prémices d'un désir bien plus profond: celui de se perdre très loin, trop loin. Cette envie d'observer de ses propres yeux cette limite dessinée déjà si loin par son logiciel cartographique. Il y a bien cette appréhension excitante mais elle ne suffit pas. Alors le pilote attiré par quelque-chose de lointain se met en marche et se rend compte immédiatement que tout ça n'a pas de sens, que ces distances, ces fausses limites sont aliénantes et pire encore quelles en deviennent un fantasme qui n'a pas de finalité. C'est un jeu, il me propose sur des milliers de systèmes de participer à la vie active d'une espèce entière qui se déchire et pourtant, ces étoiles cachés au bout de ma perception du réel m'appellent, qu'est-ce qu'il y a là-bas bon sang ? Les schémas que je croise tout le temps dans les systèmes ou je me bats et où je manque de finir écraser dans une station. Et pourtant ça ne me conforte pas. Quand je vois ce milliard d'étoiles théoriquement accessibles il y a forcément quelque-chose de différent.
Peut-être
Et c'est là où je deviens fous et que le génie de Elite m'éclate à la tronche.
Je peux voyager à travers des milliards de systèmes sans réussir à en atteindre les limites et ces systèmes seront tous particuliers, parfois identiques mais sensiblement différents. Ça ne sert à rien, ça ne sera probablement pas pleinement exploité par le jeu mais c'est à la fois encourageant et terrifiant si ce n'est terriblement évocateur.
Et rien que pour le vertige, la sensation d'être minuscule: Elite : Dangerous est un jeu qui mérite un coup d’œil sensible. Aller au bout de notre galaxie est une performance en soi, ne pas y perdre son sang froid, un combat.
Mais n'oubliez pas de vous faire un pirate dans un champs d'astéroïdes: ça c'est grisant.