It's not good to be back, Again.

"Je crois que non."

"De quoi ?"

"Bah, je crois pas que ça va fonctionner."

"Bah, c'est mal barré pour l'instant. Plus tu vas chercher, plus tu vas te rendre compte que les entreprises ne veulent pas de toi."

"Mais je trouve ça dégueulasse. C'est... comme si... c'était rapé depuis le début. Il n'y a aucun avenir. C'est la fin de la route."

"Au mieux, je préfère qu'on me laisse vautrer plutôt que de me garder sur le perron."

"C'est la fin."

"Tu es seul."

"D'accord."

"C'est la fin du monde."

"Laissons tomber ça. Je veux dire, le vrai monde n'a pas besoin de moi donc... je préfère me cantonner aux mondes qui manquent de réalisme."

"Tu dois envoyer tes CV, et tes lettres de motivation à d'autres entreprises, pourtant."

"Baisser les bras, c'est tellement facile. Par contre, dans un jeu vidéo, c'est tellement plus dure."

J'ai tellement cette impression de déjà-vu.

Cette fois-ci, je suis Cliff Calo et j'ai encore une invasion de zombies sur les bras.

C'est ballot. Le scénario semble se répèter et ne mener à rien. J'ai envie de dévoiler la vérité sur les expérimentations de l'île, épingler sur le mur, les grandes entreprises scientifiques.

Mais en fin de compte, j'en sais rien. A quoi bon dévoiler les secrets de l'île, si c'est pour que le prochain opus m'apprend qu'il y a encore des zombies, sur une autre île ? J'en ai dézingué plein pourtant, mais ils reviennent toujours. A quoi ça sert ?

Aurais-je vraiment envie de montrer à mon père que je vaux n'importe quel journaliste (encore plus ma soeur) de son énorme firme ?

C'est une drôle d'idée, ça, de penser à son passé dans un moment pareil.

Attendez, je suis comme qui dirait libéré du monde extérieur, des responsabilités et autres contraintes, j'ai perdu mon bateau, je me suis perdu sur une île oubliée de l'archipel, et le pire, c'est que je suis en danger de mort et tout le monde s'en fout.

Qu'il aille se faire foutre, qu'ils aillent tous se faire foutre.

Je perds les pédales, il y a vraiment plus aucune raison pour que j'aille trouver la vérité. Et surtout à quoi bon, j'ai essayé tant bien que mal, je retourne toujours dans cette foutue chambre. Avec le même réveil matin, le même store, et sa même lumière diaphane, le soleil de l'île me réveille, et cherche à comprendre ce que je fous endormie à une telle heure de la journée.

Et autour de moi, c'est le même décor ressassé en boucle dans les plus monotones de mes routines, et mes affaires semblent se téléporter à moi, et pourtant, je dois être encore sur l'île. Comment font-elles pour venir à moi ? Comment cette chambre semble prendre tous les traits de ma chambre d'étudiant ? Il y a même ce foutu magazine Lui qui traîne dans un coin, celui avec Audrey Fleurot en couverture.

Je suis piégé, c'est sûr, je reviens toujours dans cette foutue chambre, dans ce foutu lit. Echec de la licence, echec du master, echec de l'année de Césure. Echec sur échec, mais aucun échec quant à l'atterrissage qui se fait toujours en douceur... pile sur ce lit.

Fin du désunivers. Fin du Better Future. Début de quoi ? Début de la folie douce ? Début du Its Good To Be Back ?

On entend des trucs dans nos têtes ?

Des petites phrases sorties de nulle part, le genre à te souligner des réalités amères, alors que tu n'es même pas réveillé, alors que tu n'es même pas d'attaque. A ton oreille, on lui sussure des mots doux... Un "d'accord" par ci, un "Je suis seul" par là. Souvent, elle édicte la fin d'un monde, auquel tu crois encore. Parfois, ce sont des morceaux de musique qui s'invitent, mais aucune trace écrite.

Bref, "c'est la fin de tout". Le monde reboucle, et quand il reboucle, il y a un problème quelque part, dans les engrenages du monde. Tu tues des zombies, tu explores, tu passes par les mêmes chemins en boucle, c'est à s'énerver de voir les mêmes paysages, et les mêmes zombies au même endroit. Je désespère. Cette histoire n'aura pas de fin. On retrouve toujours sa chambre, et rien n'y fait. Tu avances dans l'histoire, à reculons, à cloche-pied, et parfois, tu bondis, et l'objectif se tire bien loin, remplacé par autre chose. Tu avances, encore et encore, tu rampes, tu trottines, tu boîtes. Et ça continue d'avancer.

Et quand tu penses que c'est la fin, ça ne l'est pas.

Je ne sais pas si mes amis sont morts, je ne les vois plus, je ne vois plus de zombies, je ne sais plus s'il y en a. Il y a une explosion sur l'île, mais elle est encore intacte. Je suis sur une plage, il y a personne. J'avance et je m'ennuie. J'ai une boîte que je laisse dans l'eau, je la laisse dériver. Une boîte qui contient toutes les informations sur l'île, mais c'est injuste, car l'île a encore changé d'aspect, elle est revenu à son point de départ, je ne fais plus partie de son histoire. Plus tard, la boîte trouvera un bateau sur lequel se cogner, il partira bien plus loin, et ce bateau sera le nouveau point de départ d'une nouvelle histoire, c'est encore moi, Cliff Calo qui redécouvre l'île et ses zombies. Pour une nouvelle représentation. Et une fois de plus, je suis perdu.

L'année de Césure se termine, et elle commence comme elle s'est terminée.

C'est dingue, ça.

Its Good to be Back. Again.

But it's the end, Again.