Pourquoi revenir en Albion?
Projet ambitieux et ahurissant de richesse sur le papier, Fable a toujours été accueilli avec une pointe de déception une fois en main. La faute certainement à un esprit trop dense, impossible à synthétiser en un jeu.
Oui Peter Molyneux est probablement un génie qui a du mal à déployer ses ailes. Qu'importe, Fable et sa séquelle restent d'excellents jeux, qui ont su plonger de nombreux joueurs dans les terres fascinantes d'Albion.
Et c'est non sans curiosité que l'on découvre cette nouvelle itération, avec cette fois un background chamboulé, vu qu'il faudra bouter votre tyran de frère hors du trône pour mettre fin une fois pour toute à ses exactions. Ainsi débute Fable III, sur fond de révolution populaire et industrielle car Albion a bien changé durant toutes ces années.
Autant être clair, Fable III garde le côté captieux des épisodes précédents. Graphismes dépassés, frame rate poussif, véritable hommage au début des cartes 3D-FX non optimisées. Pis encore, la liberté se voit résumée à des missions souvent creuses, et les interactions avec les PNJ se veulent on ne peut plus limitées. Et je sens alors à la lecture de ce que l'on pourrait appeler pamphlet que vos 70 euros iront s'investir ailleurs. Et pourtant...
Cessons de voir le jeu vidéo pour jeu vidéo. Tâchons de dépasser les contraintes et voir ce qu'il se passe de l'autre côté de ce miroir au mauvais teint. Une donne apparait comme importante sinon essentielle : L'Ecriture.
Et c'est certainement grâce à sa qualité que les aventures de cet(te) héro(ïne)s anonyme se doivent d'être parcourues.
Les Terres D'Albion, ses environnements, son peuple, et les tribulations qu'elles offrent se vivent comme un livre de conte. On ne joue pas à Fable III, on se promène, on découvre, on ressent. Malgré son côté répétitif, la coercition de nombreux allés retours, le charme opère divinement. Comme s'il fallait se convaincre, que son enrobage à l'allure si européenne touche en plein cœur les amoureux d'histoire.
Fait de plusieurs récits qui ne forment qu'une œuvre, Fable III dévoile des charmes tristes et froids, emprunte du Napoléon ici, de la piraterie là et se permet de se renouveler dans un cynisme et un humour poussés.
On pense à Charles Dickens et à la vieille Angleterre, mais aussi à la France pour son histoire. Fable III n'est pas un titre comme les autres.
On pourra lui reprocher nombre de choses, et pérorer longuement sur son géniteur; visionnaire sagace certes mais manquant clairement de fiabilité. Pourtant n'allons pas tirer à boulets rouges sur Monsieur Molyneux. Il est de ces rares créateurs qui osent des paris quitte à les rater, et qui s'ils ne remplissent pas totalement le contrat initial, savent malgré tout offrir une belle expérience en devenant quelque part humbles devant une critique féconde.
David Cage devrait s'en inspirer...
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