Cela fait bien longtemps que j'ai fini Fez, depuis Février, c'est dire. Mais le jeu m'avait tellement plu que je m'étais juré de le finir à 209,4%. Était-ce vraiment nécessaire ?
Un Feztival d'énigmes
Fez est avant tout un jeu d'énigme, mais pas n'importe quelles énigmes. Elles sont ici pour la plupart innovantes et originales, et cet aspect non-dirigiste et labyrinthique permet de mieux s'immerger dans cet univers, et permet à chacun de se faire sa propre expérience. Elles sont surprenantes, voire novatrices (et nous découvrons enfin l'utilité des QR Code !). D'ailleurs, ne vous étonnez pas si vous passez plus de 3 heures sur certaines énigmes, car parfois elles devront nécessiter beaucoup de ressources cérébrales et méthodiques. Pour atteindre les 100% et avoir la première fin, il faut juste récupérer la moitié des cubes, ce qui est largement faisable sans soluce, car quand on est bloqué, on peut prendre un autre chemin (et des chemins, il y en a). Mais pour le finir à 200%, c'est autre chose. Certaines énigmes sont sacrément corsées, voire impossible si l'on n'a pas les références nécessaires, et surtout si l'on n'est pas anglosaxophone. Par exemple, décoder l'alphabet requiert une certaine référence, anglaise qui plus est, ce qui ne va pas faciliter la tâche à de simples français, et même à certains anglais, qui ne connaîtraient peut-être pas cette dite-référence. Dans ce jeu, nous ne sommes guidé nullement, c'est à nous de faire nos recherches et de prendre des notes sur les informations pertinentes. Car oui, il faut prendre des notes, sinon vous n'y arriverez jamais, à part en suivant une soluce, que vous utiliserez forcément un moment ou à un autre. Car certaines énigmes sont pratiquement impossibles, voire assez imprécises, il faut parfois se mettre à un endroit précis, et entrer un code précis. On choppe aussi quelques fois des indices, mais dont on ne sait pas toujours à quoi ils servent. On obtient des artefacts, dont je n'ai pas vraiment compris leur utilité, et qui m'avaient amené sur une fausse piste. Et une fois qu'on a décodé l'alphabet, la moindre traduction est une véritable plaie, et la plupart ne servent à rien, ce qui rajoute un sentiment de frustration.
Admirer les moindres Fez et gestes
Mais à côté de ça, le jeu nous offre un univers immersif et somptueux, servi par une ambiance sonore chatoyante. On ne peut pas lui enlever l'influence 2001/Blade Runner, notamment dans la première fin du jeu, qui est juste sublime.
Techniquement, j'ai été bluffé, l'originalité et la complexité des mécaniques de gameplay, sont... révolutionnaires, je ne trouve pas d'autres mots. Le concept du jeu 2D dans un jeu 3D est juste énorme, même s'il faut un certain temps d'adaptation pour vraiment l'assimiler, car du premier coup d'œil, cette mécanique n'a rien de cohérente, et pousse l'absurdité à son paroxysme. Et c'est ça qui m'a vraiment mis sur le cul, surtout dans les premières heures de jeux, car rien que d'avoir l'idée de pondre un concept pareil, il faut avoir de la suite dans les idées. Certains passages qui, au premier coup d'œil, paraissent d'une impossibilité flagrante, s'avèrent finalement on ne peut plus simple. Au début, nous ne sommes pas encore pleinement familiarisé avec ce système, qui nous parait tout simplement paradoxalement absurde à travers notre vision de simple humain. Mais au fur et à mesure, on assimile le concept du jeu, ce qui débouche sur des énigmes innovatrices et fantaisistes. Un pur régal.
Pour générer un tel monde, il y a bien évidemment quelques bugs, mais sur la version PS4, ils sont vraiment bénins. Mais quelques trucs m'ont quelques peu déçu. Premièrement, quand on découvre la map du jeu au fur et à mesure, on se dit qu'elle est supra complexe et bien pensé, et c'est bel et bien le cas. Mais au final, on s'y retrouve assez facilement une fois qu'on l'a torché, et la map se révèle moins impressionnante au final. Elle perd un peu de son aspect sibyllin et ésotérique, c'est pour ça que je ne conseillerais pas forcément de le finir à 200%. Même si vous passerez à côté d'énigmes grandiosement élaborés, vous garderez un souvenir plus mystérieux de ce jeu, et puis pour le finir entièrement, il faut en vouloir, et ça peut lasser du concept. D'ailleurs, UnDropDansLaMare a fait une vidéo sur ce sujet ("L'open world et le moment dissociatif"), qui explique à peu près ce que j'ai ressenti, sur le fait que je me suis quelque peu désimmerger de l'univers dans les derniers moments de jeu.
Et un autre point sur lequel je veux revenir, c'est la deuxième fin. La première est majestueuse, mais pour celle-ci j'ai été beaucoup déçu, elle cache peut-être un message intéressant derrière, ça reste tout de même moins marquant que la précédente, surtout après tout ce que l'on a endurer pour l'atteindre. Ils auraient peut-être dû les inverser. Après il y aussi d'autres trucs qui m'ont gêné, comme les trous noirs qui popent aléatoirement dans les niveaux, mouais, je ne vois pas trop où est l'intérêt, à part nous faire chier.
"Philippe ! Je sais où tu te caches !"
Fez n'est pas qu'un concept, c'est un jeu vidéo à part entière, une idée entièrement abouti, dans une œuvre d'exception. Mais je pense que Philippe Poisson aurait pu pousser le concept plus loin dans un second opus, dommage. J'hésitais à lui mettre 8, mais une fois le jeu fini, tous les mystères du jeu et la complexité de la carte disparaissent, et je trouve au final le jeu beaucoup moins transcendant qu'au début. Mais il reste tout de même une référence dans le milieu de l'énigme et de l'ambiance ésotérique. Mais je vais lui mettre 8 quand même au final, juste pour marquer le coup, et parce que de toute façon, les notes n'ont jamais voulu rien dire. C'est d'ailleurs pour ça que je lui mets 7, parce que je trouve que 8 c'est trop haut. Au pire je changerai la note plus tard, et réduire un jeu à une note ça m'emmerde.
Bref, à faire.
Critique aussi disponible sur Hooper.fr