Jeu déception, jeu de riche, jeu bâclé. J'ai souvent lu beaucoup de critiques négatives sur ce spin-off de la célébrissime saga final fantasy, pourtant envers et contre tout je l'ai toujours porté dans mon cœur, comme un jeu beau et poétique, un jeu particulier parmi tant d'autres, un peu choisi au hasard.
C'était un jour de Mars 2004, le mois de mars tout le monde le sais est habituellement un grand mois pour les éditeurs de jeux avec septembre, noël et Juillet. J'étais donc en train de fureter dans le micromania d'une grande surface locale en quête de quelques cadeaux pour mon anniversaire qui par chance tombe en mars lui aussi.
J'avais en ma compagnie ma grand mère et un cousin de quelques années plus jeune que moi, et c'est à ce bambin que je dois cette rencontre quand il a déclaré : « Si tu veux me rendre jaloux, tu choisis ce jeu pour ton anniversaire » en me tendant un exemplaire de ce fameux final fantasy.
Pour bien vous rendre compte pour moi Final fantasy à l'époque c'était quelques chose qui me paraissait très éloigné, très obscur. Une saga résolument mature et adulte peinturluré d'un design graphique attrayant, mais résolument pas faite pour un gamin de dix ans, les gamins de 10 ans ils jouent à mario et à zelda. Oui mais il faut bien se lancer un jour, alors j'ai fait un grand sourire à mon petit cousin, donné l'exemplaire à ma grand mère qui n'attendait que de partir. Et c'est ainsi que j'ai vendu mon âme au jrpg ( En fait je mens mon âme est morte avec golden sun et final fantasy tactics advance mon final fantasy "pour enfant" )
Bref voilà pour le pathos, les souvenirs et toutes ces illusions que je nourrissais enfant sur le média du jeu vidéo, monde fascinant un peu interdit dont je pensais qu'il était la marque de fabrique de ma génération.
Mais ça on s'en fout alors maintenant parlons du jeu.
Nous voilà donc comme dans tout bon opus de final fantasy classique chargé de protéger les cristaux, entités qui empêchent tous les villages du monde de succomber au miasme qui le recouvre. Pour ce faire l'on confie à de jeunes aventuriers un éclat de cristal pour les protéger et un récipient à Myrrhe, sève merveilleuse d'arbres rarissimes qui permettent aux cristaux de briller d'un feu toujours renouvelé, et on les envoie bourlinguer de part le pays afin de sauver le village d'une mort certaine.
Au delà de ce pitch assez classique il est vrai, le scénario ne sera plus guère développé avant un bon moment. On arpente ainsi le monde à la recherche d'arbres à myrrhes cachés dans des donjons toujours plus obscur et croupissant de bestioles macabres et dangereuses, cela peut donc paraître vite ennuyeux, sauf que les courants de miasme fluctuent et que d'années en année il est possible d'atteindre des lieux toujours plus merveilleux. Déserts insulaires, temples marécageux ou cavernes gelées les environnements ne manquent jamais de charme et c'est là le premier grand point fort du jeu, son ambiance.
Parce que clairement à 10 ou 20 ans le jeu en met quand même plein la vue et les oreilles, les environnements sont tous très variés et aucun donjon ne ressemble à un autre, de même les compositions musicales sont très inspirées et distillent des ambiances tantôt oppressantes tantôt joyeuses avec charme et élégance. Kaze no ne restant un des thèmes chantés les plus réussi que je connaisse.
Mais l'ambiance ne passe pas que par cela, elle passe aussi par ce scénario extrêmement décousu mais qui se découvre au fil du carnet d'aventure que transporte la caravane, mais encore et surtout par les petites scénettes plus charmantes les unes que les autres qui viennent ponctuer tous nos déplacements. En effet chaque mouvement sur la carte du monde est propice à une rencontre avec d'autres voyageurs capable de survivre au miasme et qui échangeront avec vous anecdotes, objets s'ils ne tenent pas de nous voler ou de nous écharper ( les scènes avec le chevalier noir sont encore toutes gravées dans mon esprit. )
Alors au final on avance toujours heureux de pouvoir découvrir de nouvelles zones, de la grande métropole au cristal gigantesques en passant par le village caché des magiciens ou le bon vieux patelin des paysans.
C'est donc un final fantasy bien loin des grandes aventures épiques que l'on nous propose à chaque fois qu'il s'agit de découvrir ici. Point de guerriers de la lumière cette fois, point d'élus point de fin du monde imminente, juste un monde à son crépuscule ravagé par un mal étrange et que l'on découvre avec curiosité.
Mais j'ai beaucoup parlé d'ambiance mais j'ai peu parlé du jeu. Crystal Chronicles permet au joueur d'incarner l'une des quatre races qui peuplent le monde, des Liltis sorte de croisement entre un nain et une pomme qui manient la lance et possèdent une force accrues, aux Yukes humanoïdes aux airs de volatiles dont la tête toujours piégée dans un casque de métal n'empêche en rien leur magie d'être rudement efficace. Entre les deux, se trouvent deux types d'humain, les clavats aux aptitudes équilibrées ayant un penchant pour la défense et les selkies dont le design roublard est en lien avec leur agilité accrue.
Les armes changent entre tous ces gens là car chacun y va de sa lubie personnelle, lances pour les liltis, épées pour les clavats, marteaux pour les Yukes et me semble t'il bâtons pour les selkies.
Chaque arme possède de plus un coup chargé aux propriétés différentes permettant de dasher sur une zone précise en plus d'un combo de coups unique.
Et croyez moi les armes dans ce jeu vont vous prendre du temps, car les crafter demande de la patience. Outre qu'il vous faut la recette en question, trouver les divers ingrédients dans les donjons n'est pas toujours chose aisée et l'on salivera souvent longtemps devant le plan d'une arme avant de pouvoir réellement latter du mob avec.
A cela viens se greffer un système de magie plutôt bien pensé, en effet l'on récupérera dans les donjons nombres de matéria que l'on peut ranger dans un menu dédié, sauf que diverses associations existent et permettent de lancer des sorts aux effets assez différents. Cette caractéristique est particulièrement savoureuse en ligne ou vous pouvez combiner aisément toute vos magies sur une même zone du champ de bataille pour créer des sortilèges gigantesques.
Car oui quand vous lancez une magie votre personnage stoppe tout mouvement et se concentre vous laissant libre de placer un pentacle à l'endroit ou vous souhaitez lancer le sort, prévoir les mouvements des mobs est donc primordial pour ne pas lancer le sort totalement dans le vide et vous faire charcuter en retour.
Pour ce qui est des diverses actions, l'on peut switcher avec R et L entre toutes nos capacités que ce soit attaque défendre, magie ou objet. ( Sachant que les slots d'objets seront toujours consacrés aux plumes de phénix vu que l'on peut consommer la nourriture sans soucis via le menu. )
Alors ? Vous êtes prêts à partir à l'aventure, à tout laisser tomber pour partir un baluchon à l'épaule ?
Soyez prévenu, seul vous allez peiner à avancer dans ce jeu dont la difficulté à été pensé, surtout vers la fin, pour une équipe multijoueur. Si vous cherchez des boss fights épiques vous allez être servi : plantes gigantesques, crabes géants et autres dragons vous attendent et plus les années avancent, plus ceux ci deviennent terrible.
Le jeu est assez punitif car la mort vous réexpédie tout droit au début du donjon et même si l'on peut retenter les boss à l'envie une fois leur antre atteinte, le jeu ne nous rend pas les consommables perdus durant nos précédentes tentatives, dur dur.
Surtout qu'avancer dans les donjons n'est pas si simple, ce ne sont pas les énigmes simplistes qui vont vous retarder trop longtemps, mais bien le fait que le moindre groupe de mob assez conséquent pourra vous mettre à terre en un rien de temps, la prudence est ici le maître mot et nul doute que les plus bourrins d'entre nous aurons du mal à ne pas se sentir frustré. Surtout que la zone limite de déplacement imposé par le calice ( ah bah oui faut porter le truc même dans les donjons. ) Vous empêche souvent de vous retirer aussi vite que vous le souhaitez, et même si fuir hors de cette zone de sûreté est possible c'est au prix d'un drain de vie constant lié au miasme, heureusement pour vous votre escl... compagnon mog portera ce satané vasé la majorité du temps pour vous, mais le bougre est quand même fichtrement lent.
Pour conclure alors, pourquoi cette vague de colère contre un jeu somme toute bourré de qualités ?
Je mettrai tout cela sur le dos de la communication qui vendait le jeu pour son aspect le plus raté, en tant que véritable ambassadeur du a-rpg multijoueur sur console de salon.
Mais les contraintes ridicules imposées ( une gba et un câble de connexion gba/gc par personne ) ont fait que le jeu n'a pu au final être exploité en multi que par une élite de nantis possédant les divers accessoires requis.
Ce ne fut pas mon cas, pourtant le jeu seul a réussi à me combler. Ambiance, gameplay, mélancolie, thématique du souvenir, musique tout cela m'a fat rêver et me fait rêver encore.
D'ailleurs je rêverai d'un rework pour ce jeu car simplement rehaussé graphiquement et assorti d'une connectivité à la hauteur de ce qui se fait aujourd'hui et cet enfant mal aimé de la saga recevrait enfin la reconnaissance qu'on lui a toujours refusé.
A moins qu'il ait raté son heure, et qu'il ne reste à jamais endormi, bercé par les souvenirs de jeunes joueurs tel que moi.