« Quel horrible cauchemar. J'ai rêvé qu'on était en 2024 et que tout ce que j'aime avait droit à un remake ou à un remaster ».
« C'est fini. Il n'y a plus rien à craindre. Nous voilà revenu à cette bonne vieille année 2004 ».
2004. Oui. Vous avez bien lu.
Le Gangnam Style n'était qu'une invention de votre cerveau malade. On l'a échappé belle.
Non parce qu'on nous a bassiné comme quoi la PS5 ne pouvait pas lire les jeux PS3, mais Final Fantasy VII Rebirth prouve objectivement le contraire, alors il faudrait arrêter de nous prendre pour des dindons.
Les fans de rétrogaming seront aux anges (à une aile. Ceux qui volent en rond sur place comme des c*ns) (la nature est bien cruelle), ils retrouveront dans ce nouveau spin-off de Kingdom Hearts tout ce qu'ils ont adoré dans les premiers jeux en monde ouvert. Des quêtes Fedex ! Des ressources à glaner pour faire du crafting ! Des personnages qui se glissent péniblement entre deux parois rocheuses pendant que la console calcule ! Des murs invisibles ! Des QTE ! Des sphériers minimalistes à remplir pour gagner 3% de puissance d'attaque en plus ! Autant de mécaniques et stratagèmes tellement old school qu'ils ont oublié qu'on était en 2024 sur une console plus puissante que ceux qui tiennent les manettes !
Oh regarde ça brille par terre, appuie vite sur triangle pour ramasser ! ça sert à rien tu t'en fous l'essentiel c'est de garder les doigts occupés pour donner l'impression que tu t'amuses t'entends ? Tiens, appuie sur R2 pour ramper. C'était rigolo, hein ? ! Eh ben maintenant appuie sur L2 ! Allez, encore ! R2 ! L2 ! R2 ! L2 ! Et maintenant : simultanément ! T'as vu, ça vibre, c'est fun, c'est immersif, allez, appuie, maintiens-le bien, sinon le panneau il tombe ! Bravooooo ! Tu sais garder le doigt sur une touche ! Tu es très fort ! Maintenant appuie sur le mouton ! Meuuuuh... Perdu. ça, c'est la vache. Essaie encore. Ha non, par contre, là, appuie pas, c'est un chocobo, c'est la feinte, ça, lui tu vas lui monter dessus tout seul, à partir du moment où tu marches à côté de lui, que tu le veuilles ou non ! Déjà qu'il faut que tu appuies sur un bouton pour l'appeler, ça va, oh, on ne voulait pas trop forcer sur la charge mentale, tu nous as pris pour qui, on n'est pas des monstres, il faut qu'après une session de jeu, tu sois encore en état de te connecter à notre boutique en ligne et de taper ton code de carte bleue ou celle de tes parents, vas-y, prends-là, elle est cachée dans le petit tiroir du meuble à l'entrée, mais non ils diront rien, enfin, qu'est-ce que tu t'imagines, ils t'aiment, ils ne veulent que ton bonheur et puis ils seront fiers que tu fasses vivre le petit commerce de proximité, la passion c'est bien beau mais nous il faut qu'on mange aussi. Bon. J'en étais où ? Ha oui, le fun, pardon ! Il y en a tellement de partout que je le perds de vue parfois ! Tiens, tu veux grimper à l'échelle ? Place-toi sur le petit carré bleu et hop, ton personnage il grimpe à l'échelle, c'est plus du jeu vidéo, c'est de la magie ! EXPELIAMUS ! SQUARENIXIS ! Sur le carré bleu je te dis ! Mais non, là t'es un peu à côté ! Forcément ça marche pas, attends... décale-toi un peu sur la gauche... maintenant un peu à droite ! Et voilà ! C'est pas compliqué, la magie ! Et la paroi ? ! Tu veux grimper à la paroi ? N'en dis pas plus ! Incline le pad vers les prises signalées en jaune fluo et hop ton bonhomme il saute ! La nature fait bien les choses quand même ! Quoi "un temps de chargement déguisé" ? Mais pas du tout enfin ! Cesse donc de faire preuve d'esprit critique et appuie sur triangle ! Il faut t'a-mu-ser ! Tiens, va voir là-bas, il faut creuser des trous pour trouver d'autres trucs à ramasser avec triangle ! Et là-bas, il y a des monstres à chasser, comme les autres mais d'une autre couleur c'est fou ! Toujours au même endroit, à zoner sur trois mètres carré et se regarder dans le blanc des yeux en attendant que le personnage passe à moins de vingt centimètres, comme ça tu sais toujours où les trouver, tu ne risques pas de tomber dessus par hasard, c'est ça de stress en moins ! En plus ils sont trop fatigués pour te courir après et trop bigleux pour te repérer en moins de dix minutes ! Et là-bas, tiens, il y a des photos à faire ! C'est joli, ça, les photos ! ça fait des souvenirs ! C'est comme des selfies mais sans toi dessus ! Je sais, c'est un peu bizarre mais ça se faisait beaucoup avant qu'on démocratise la mégalomanie ! Oh, là ! Une rivière de la vie à scanner ! Accroche-toi bien, on passe à la vitesse supérieure, il va falloir appuyer sur... tu devineras jamais... triaaaaangle ! Ouiiii ! Trois fois au bon moment, non mais tu t'imagines ?! Trois fois le fun d'affilée ! Tu la sens, la montée d'adrénaline ? Après, si tu dépasses un peu, t'inquiète, on te validera quand même, comme pour ton bac et ton brevet, on est là pour que tu t'amuses, pas pour que tu relèves un challenge, c'est trop stressant les challenges et le stress c'est pas fun ! Du coup même si tu rates c'est pas grave, tu peux recommencer autant que tu voudras, oui, comme pour ton bac et ton brevet aussi, pareil ! Elle est pas belle, la vie ? Allez, je sais, après toutes ces émotions, on va se faire un petit tour en Chocobo, il y a un temps record à battre mais je sais que tu peux le faire, il suffit de rester appuyé sur L3 et de suivre le chemin, c'est très technique, des fois il change de direction mais ne t'inquiète pas, si tu tournes à gauche au lieu de tourner à droite - parce que c'est quand même compliqué de faire la différence, on en est bien conscient, y'a qu'à voir comment les gens votent -, au pire, tu recommenceras aussi, autant de fois qu'il le faudra, on est plus à ça près, ça fait de la durée de vie ! Et même le jeu de cartes, regarde : pas de stress, que du fun, tu ne peux pas en perdre, juste en gagner, on n'est pas venus là pour souffrir ok ! Hein ? Quoi ? Tu aurais voulu un bouton pour sauter ? Allons, tu n'y penses pas, petit inconscient ! Je sais que tu es jeune, que tu es foufou, que tu es avide de sensations fortes seulement c'est très dangereux, de sauter ! On peut se fouler la cheville en retombant et ça fait très très mal ! Après on pleure, on crie et on se souvient plus de son numéro de carte bleue ! Personne n'est gagnant ! Non, à la place, tu auras un bouton d'action contextuelle, c'est beaucoup mieux ! Comme ça quand on aura décidé que tu pourras sauter, tu sauteras, et quand on aura décidé que tu ne pourras pas sauter - indépendamment du fait que dans les cinématiques de l'épisode précédent ton perso il faisait des triple lutz piqués de trois cent mètres dès qu'il sortait acheter du pain -, et ben à la place, tu feras une roulade sur place ! C'est joli les roulades ! C'est fun ! Tu aimes le fun, n'est-ce pas ? C'est fun, le fun ! Allez, fais une roulade, ça te détendra ! En plus pour rendre ça encore plus marrant un coup l'action contextuelle elle se déclenchera toute seule, un coup ce sera à toi d'appuyer, mais sans rien pour te l'indiquer, comme ça tu appuieras tout le temps sur rond au cas où, ça t'occupera un peu ! Et puis attends, les gens ! Je t'ai parlé des gens ? C'est fun aussi les gens ! C'est comme toi, mais en moins bien et en plus moche ! Tiens mate-le, lui, là ! Il est rigolo : plus il pleure et plus il est fort aux cartes ! Et elle ! Elle s'est fait une forteresse en carton au milieu de l'espace public ! C'est tellement drôle, l'humour, p*tain, j'ai mal aux cotes ! C'est drôle, j'ai dis ! ALORS RIS ! POURQUOI TU RIS PAS SALE HATER ? ! JE TE PRÉVIENS SI TU RIS PAS JE VAIS T'EN COLLER UNE ! C'EST PAS DIFFICILE DE RIRE ! MÊME TIDUS Y ARRIVE ! T'ES PAS PLUS BÊTE QUE TIDUS QUAND MÊME ?! TU RESPIRES QUAND TU VAS A LA PISCINE ? ! ALORS TU RIS ! Voilà. C'est mieux. On est là pour s'amuser, bordel. T'as failli tout gâcher avec tes c*nneries. Regarde : même les gens du jeu ils s'amusent ! C'est une Amuseception ! De l'amusement dans de l'amusement ! C'est pour ça que peu importe où tu iras, tu auras toujours l'impression que neuf gens sur dix sont en vacances, on se croirait dans la Fonction Publique ! Parce que le travail c'est pas fun et que les gens aussi sont là pour se détendre ! Y'a pas de raison ! Du coup ils seront tous en short et en polos comme à Monaco ! Tu aimes ça, Monaco ? Ha ben non, pardon, tu ne peux pas savoir, à force de taper ton codes confidentiel sur notre site marchand et de payer 30 balles de plus pour un CD quatre pistes et un artbook de vingt pages, tu n'as plus le budget ! Nous si. Coïncidence ?! Je ne crois pas ! Bon, et tu sais ce qu'il y a de bien avec les gens ? C'est que certains d'entre eux sont des fiiiiiiilles ! Tu aimes bien ça, les filles, n'est-ce pas ? C'est beau, les filles. C'est doux. Tellement qu'on n'ose pas leur parler même si on voudrait bien ! Hé ben là c'est pas une fille, que je te propose, c'est pas deux, mais trois, sans le moindre surcoût, qui vont te sourire et te dire des choses gentilles et faire genre elles s'intéressent à toi alors qu'en fait elles s'en tapent comme dans la vraie vie, c'est réaliste t'as vu ! Et puis il y a un chien qui chevauche un poulet. Rien que ça c'est le GOTY. Bon, et si jamais tu t'ennuies malgré tout, il y a une histoire compliquée du multivers Marvel avec des méchants gentils qui sont pas vraiment méchants de la méchanceté du mal des dimensions parallèles de l'espace-temps des physiciens Facebook et des gentils très gentils mais un coup morts et un coup pas, on sait pas trop bien, ils sont fluides de l'existence, mais bon c'est pas très important va plutôt aider cette gamine à tresser des colliers de fleurs, ça au moins c'est une valeur sûre et puis ça fait pas mal à la tête !
Des mécaniques vidéoludiques qui ont fait leurs preuves, ok, d'accord, mais il y a plus de quinze ans et ça commence à faire. On en est revenu depuis. Le retour à un open world à papa, il pique un peu, quand même, après des pointures comme the Witcher III, RDR2, Death Stranding, Elden Ring, Breath of the Wild et même Final Fantasy XV, pas plus inconsistant et nettement plus crédible dans ses biomes comme dans sa topographie. Combien de jeux récents se sont fait épingler par la critique pour cette histoire de tours à débloquer ? Même Zelda n'y a pas coupé. Mais là, c'est FF VII alors ça passe. Bonjour l'objectivité critique. Et après, bon, voilà, c'est un jeu PS3 avec la technique d'un jeu PS4 pro, et puis quoi ? Il y en a des très bien, des jeux PS3. Maintenant, de là à crier au GOTY parce que le héros il a de la laque dans les cheveux, ce serait un peu exagéré, l'affect qu'on a pour le jeu d'origine n'excuse pas tout, sans quoi je lui aurais collé dix mille sur vingt vu que j'avais fait celui-ci à sa sortie, en japonais, convaincu qu'il ne serait jamais traduit en français (et il ne l'a jamais été, quoi qu'on prétende). C'est dire si notre histoire d'amour, c'est pas du chiqué mais là, je suis navré, comme pour le Remake, j'ai plus l'impression de visiter un parc à thème que de me replonger dans cet univers qui m'est cher. Tout y paraît forcé, merchandisé, artificiel, le peu d'authenticité de la démarche croulant sous le poids d'un fanservice omniprésent.
Avec en prime ce sentiment dont on n'arrive jamais à se défaire : les porteurs de projet n'ont rien compris à l’œuvre qu'ils actualisent, aussi dépouillée de sa substance que les icônes pop émaillant le navrant Ready Player One. Tout est là, oui, en surface, mais rien ne l'est vraiment. Tout est lisse, tout est creux. Parfois jusqu'au contresens. Lorsqu'en 1997, on quittait Midgar pour la première fois, on était frappé non seulement par l'immensité du monde dans lequel on était catapultés de force, sans le moindre repère, et qui contrastait d'autant plus avec le cadre étriqué de nos premières heures de jeu (nos premiers mois, en ce qui me concerne, parce qu'allez sortir ne serait-ce que du wall market quand vous ne lisez pas la langue...), mais également par son austérité, par sa désolation, dans son ciel voilé, dans les tons ternes de ses décors, dans l'absence de détails, le thème musical oppressant, les monstres tous les trois mètres... L'impression de désorientation et de vulnérabilité était à son comble - où aller, où ne pas aller ? -, on mesurait pleinement l'impact négatif des agissements de la Shinra sur la biosphère, on arrivait à Kalm sur les rotules, providentielle oasis dans ce grand néant de gris et de terre sèche. Le flashback survenait à point nommé pour qu'on puisse reprendre notre respiration. Tout le contraire de ce que propose ce Rebirth aux vastes plaines verdoyantes, ensoleillées, plus débordante de vie animale et végétale qu'un Maxi Zoo. Si la Midgar d'origine semblait vivre en autarcie et en décalage civilisationnel avec le reste d'un monde plus archaïque laissé à l'abandon, et si Kalm semblait moribonde, léthargique, quasi-déserte, désormais, elle est lieu de villégiature huppé où il fait bon se ressourcer, avec des concerts de rue blindés d'autotune et des glaces Moggle fourrées aux noix de pécan, qui entretient avec la capitale des relations cordiales et sans nuages. Même constat à Junon ou au Cosmo Canyon : l'univers de FFVII Rebirth est composé à 95% de touristes, c'est la Costa Del Sol à l'échelle d'une planète, sans qu'a priori personne ne se fasse jamais bouffer par des monstres entre deux étapes (sans pourtant qu'il y ait la moindre voie praticable de l'une à l'autre), seuls nos héros sont dans le collimateur de l'écosystème qu'ils cherchent à défendre (un comble), je ne sais pas pourquoi, sans doute une question de phéromones. Oh oui, il y a bien une bande désertique entre Kalm et Midgar, mais quelques kilomètres carrés à peine, contre des infinis de luxuriance à perte de vue. Comment, dès lors, croire encore à l'extrémisme halluciné d'Avalanche, quand la planète semble partout si bien se porter ? Quatre cailloux en périphérie et c'est la fin du monde ? On ne pourrait pas les blâmer, les climatosceptiques. A ce rythme, la catastrophe, c'est pour dans dix mille ans. Tiens, reprends une glace Moggle aux pépites de chocolat issues du commerce équitable pour chasser ces vilaines angoisses. On comprend mieux pourquoi au lieu de suivre la trace de Sephiroth, l'équipe préfère coincer la bulle en jouant aux cartes, en courant après les piafs dès qu'ils font « rourouuuuuuu » (le jour où ils débarquent sur Paris, on les perd définitivement, les mecs) et en chassant le dahu. Nouvelle démonstration par l'exemple que le format JRPG s'accorde mal au concept de monde ouvert, qui annule de facto toute intensité dramatique. Comment croire à un récit qu'on ne suit qu'en pointillés, une fois qu'on a vidé la carte de ses activités annexes, comme si on jouait à deux jeux distincts en parallèle ou si ce FFVII Rebirth était composé aux deux tiers d'épisodes filler à la Naruto. Plus que jamais, tandis qu'on s'égare volontairement entre deux touffes d'herbe à la recherche de trucs à photographier, ou d'éléments copiés-collés à l'infini (tours, grottes, sources, abribus, ...), dont on sait pourtant qu'ils ne nous réserveront jamais la moindre surprise, on pense à la radicalité du parti pris de Final Fantasy XV en la matière, qui abordait le monde ouvert pour ce qu'il est : une perte de temps, un éparpillement régressif pendant lequel le monde n'arrête pas de tourner, tant pis pour nous, pour les faits d'armes, pour les intrigues à démêler... Alors bien sûr, ce contrepied était contraint par un développement chaotique, mais il n'empêche : au moins, le monde ouvert de Final Fantasy XV était cohérent dans sa façon de laisser les protagonistes à la marge de leur propre histoire. Rien de tout ça ici. Pas même d'alternances jour-nuit pour marquer le passage du temps, pas de conditions météo évolutives. Urgence ou pas urgence, les explorations se déroulent le temps d'une même journée sans fin durant laquelle jamais les personnages ne mangent, ne dorment ni ne font popo. A chaque zone ouverte, le scénario se met en pause pour casser l'immersion et nous rappeler sans cesse qu'on est dans un jeu vidéo. Or qu'a-t-on, en contrepartie ? Les mêmes activités que dans n'importe quel autre jeu du genre, à l'identique, ceci depuis vingt ans, avec une difficulté minimale pour tout ce qui ne touche pas aux combats (lesquels peuvent être velus, quand on joue en normal, qu'on n'est pas du genre à grinder et qu'on n'est pas un spécialiste. Ouf). Si bien qu'en terme de liberté d'exploration et d'esprit d'aventure, Ys VIII reste objectivement plus efficace, huit ans après sa sortie, alors qu'il n'est même pas en monde ouvert et moche comme un pou sans filtre Instagram, un comble. A l'opposé, il faut vraiment aimer faire toujours la même chose d'un jeu à l'autre pour s'enthousiasmer de ces bornes à retaper et ces autels à découvrir pour faire baisser les stats de la prochaine invoc' avant de l'affronter. On a déjà effectué les mêmes tâches mille fois, dans mille autre jeux, sans que le titre n'essaie d'apporter la moindre pierre à l'édifice : il suit juste complaisamment le mouvement avec des années de retard et ça fait le taf', certes, avec de l'indulgence et le curseur nostalgie poussé à fond jusqu'au larcen mental, c'est quand même meilleur que Final Fantasy XVI sur absolument tous les plans, mais de là à crier au GOTY ?
Oui, c'est beau. Pas beaucoup plus que le Remake, qui tournait pourtant bien sur PS4 pépère - mais c'est plus vaste aussi. L'éclairage la joue un peu Jacquouille la Fripouille avec l'interrupteur, jour, nuit, jour, nuit, les clairs obscurs sont franchement rudes, c'est Jean Michel Jarre qui gère l'Unreal Engine 3, mais c'est un moindre mal.
Oui, les musiques sont jolies. Enfin, surtout les morceaux d'Uematsu, toujours réinterprétés avec élégance, et les nombreux thèmes inédits qui se fondent dans le moule originel. Tout le contraire de ces atroces compositions se voulant plus "modernes" (mais y échouant lamentablement) qui donnent envie de se faire seppuku de honte à la place des auteurs rien que pour les avoir entendues du bout de l'oreille.
Oui, c'est plaisant à jouer. Le système de combat est toujours aussi efficace (même si toujours aussi bordélique et si peu lisible), en cela qu'il propose une réactualisation vraiment intelligente du tour-par-tour d'antan, revisité à la sauce jeu d'action moderne. C'était LE gros point fort du remake, ça restera LE gros point fort du Rebirth, dès lors qu'on aura compris qu'il faut jouer avec les trois personnages, et pas se contenter de spammer carré comme un gros neuneu (Clive, si tu nous lis...). La caméra est en roue libre totale, la fenêtre de parade plus approximative qu'un dessin de Kurumada, le lock nous fait sa crise d'adolescence et malgré tout, quand l'ennemi résiste et qu'il faut la jouer stratège, on se prend au jeu.
Est-ce que ça suffit à faire chef d’œuvre ?
Evidemment que non.
Sans l'aura du Final Fantasy VII d'origine et avec moitié moins de budget, ce Rebirth aurait pris un 12, on l'aurait dit honnête, mais daté, kitsch, paresseux, japoniais et on n'aurait pas eu totalement tort, au risque de me répéter, c'est un jeu PS3 avec la technique d'un jeu PS5 (ou disons : PS4 pro). Je n'invente rien : on a assassiné les mondes ouverts de Final Fantasy XV et de Forspoken pour moins que ça, sous prétexte qu'ils étaient « vides ». Il faudra m'expliquer en quoi celui de FFVII Rebirth l'est moins, avec ses monstres une fois tous les dix kilomètres qui ne font même pas l'effort de se déplacer au-delà de leur secteur d'activité. Pour peu qu'on ne soit pas de trop mauvaise foi et qu'on ait quelques connaissances en game design (un peu d'expérience de jeu suffira, pour peu qu'on réfléchisse à ce qu'on fait au lieu de consommer bêtement), on ne pourra pas s'empêcher de se sentir floués par des programmeurs biberonnés aux jeux gatchas et aux smartphones, qui privilégient la quantité à la qualité pour mieux enfumer le pigeon : il faut maintenir le joueur en état de stimulation permanente en l'obligeant à appuyer sur des boutons, quels qu'ils soient, que cela soit utile ou non, l'important étant qu'il ait constamment l'impression de faire quelque chose, tant pis si c'est du bluff. Final Fantasy XVI souffrait déjà de tares similaires, comme l'aura relevé l'excellent (bien que gratuit) Interaction isn't Explicit, non sans avoir abondamment justifié son point de vue, aussi subjectif qu'il se revendique. Quand bien même son auteur y enfonce-t-il beaucoup de portes ouvertes, la démonstration n'en est pas moins pertinente et nous oblige à réfléchir à ce que nous sommes prêts à accepter, en tant que joueurs, et quelles concessions implicites nous sommes prêts à faire en matière d'exigences formelles. Or je ne sais pas vous mais moi, je n'aime pas être pris pour un jambon, surtout à 80 euros pièces (prix officiel du jeu tout nu).
D'ailleurs puisqu'on en parle, j'espère que vous kiffez les jeux smartphone parce que vous allez en bouffer, c'est moi qui vous le dit, j'en ai dénombré une trentaine et autant, dans le métro, entre deux messieurs qui suent, ça passe, autant dans une grande aventure épique dont l'enjeu est le sauvetage d'une planète, la cueillette des champi ça fait un peu tâche. Pour une activité annexe vaguement sympa, c'est dix purges qu'il faut s'infliger, il y a littéralement des heures de jeu où on ne fait que ça, et à peine est-on débarrassé de l'une qu'il faut passer à l'autre, chacune mettant un point d'honneur à être plus approximative dans ses contrôles et son gameplay que les précédentes, des fois qu'on serait tenté d'y prendre du plaisir. Et alors là où vraiment, les développeurs ont fait très fort, c'est qu'aucun n'a eu la présence d'esprit d'en proposer une version multi ne serait-ce qu'en local sur écran splitté, accessible via le menu principal une fois débloqué. Non, penses-tu, ça aurait pu les rendre un peu fun et dans ce cas-là, nous, on les sort à l'unité en démat' et à 40 balles pièce. Reste le Queen's Blood, qui fut à maintes reprise ma seule raison d'avancer dans le jeu : trouver d'autres adversaires, pour quinze minutes de bonheur relatif à chaque nouvelle zone ouverte. ça peut paraître peu comme ça mais quand on est la tête dedans, c'est un soulagement.
Côté visuel, sans surprise non plus, on retrouve le pseudo-photoréalisme qui a fait les beaux jours de l'éditeur depuis l'épisode X, toujours aussi J pop, toujours aussi insipide, voire plus que jamais (ah non mais ces designs, je ne m'y ferai jamais, je maintiens que ceux d'Advent Children sont infiniment plus réussis. Rien que Cid, en vingt ans, il en a perdu autant et sa dignité avec, il ressemble désormais au Rufus Shinra d'un univers alternatif, qui aurait tourné le dos à l'héritage familial pour monter un groupe de K-Pop avec les Turks, normal, le genre baroudeur de catalogue Bonobo, incollable sur la jungle parce qu'il a vu un reportage à la télé mais dont les fringues de safari sont toutes repassées de la veille, un Philippe Machette à la japonaise, on n'y croit pas une seule seconde, sauf pour ceux qui sont convaincu que la terre est plate et qui ne sont plus à ça près). Un parti pris d'autant plus dérangeant qu'il existe un réel fossé graphique entre nos protagonistes typés mangas et les PNJ ordinaires, beaucoup plus réalistes, comme si la génétique avait décidé de mettre tous ses points de charisme dans dix bonhommes en tout et tant pis pour les sept milliards restants, ils se disputeront les restes avec leurs physiques ingrats de mecs lambda qui n'ont pas de destinée glorieuse. Une absence d'homogénéité morphologique qui, là encore, nuit à la cohérence d'un univers dont elle renforce l'artificialité. Sauf qu'effectivement, le jeu n'est plus à ça près, et c'est paradoxalement la surabondance de petits défauts de ce genre qui les rend supportables : le jeu est tellement maladroit dans son écriture et sa direction artistique qu'on finit par ne plus trop faire attention, et par ne plus tiquer que sur les plus grosses boulettes (qu'il prodigue néanmoins en abondance, avec une absence de complexes à faire froid dans le dos). Les incongruités se noient dans leur propre masse, vouloir les relever de manière exhaustive, c'est se condamner à vider la mer avec une épuisette. Comme moi, vous espériez que cette fois ci, le scénariste aurait bien fait son boulot, qu'il aurait appris de ses innombrables erreurs passées ; après tout, il a écrit la fin de Crisis Core, qui est une des plus belles de l'histoire du jeu vidéo (si !), il ne peut pas être complètement mauvais, n'est ce pas ? Ce serait bien mal connaître Nojima : on grimace dès le générique d'introduction en le découvrant crédité comme unique auteur d'une histoire qu'il se contente de piétiner avec des pompes tailles 47, en y greffant des twists méta qui auraient été bluffants il y a vingt ans et sous une autre plume, peut-être, mais qu'on a vu partout depuis et dont on est lassé en proportions : Kingdom Hearts, Doctor Who, le Multivers Marvel et tous ceux qui ont sauté à bord du train de la hype pour essorer le filon jusqu'à épuisement des stocks-options. En optant pour un remake qui serait aussi une suite qui serait aussi une réécriture, le tandem Remake-Rebirth se prend pour les Rebuild d'Evangelion, la parenté des intitulés ne trompe pas, ce qui est d'autant plus ironique que l'original s'inspirait lui-même énormément de la série du même nom dans sa construction et sa narration. Sauf que pour réussir un Rebuild à la Anno (qui ne l'est lui-même que partiellement, réussi), il faut que le niveau d'écriture suive derrière. Avoir des ambitions, c'est une belle chose, mais encore faut il en avoir les moyens, ou bien se les donner, sans quoi vaut-il mieux rester à sa place et s'en tenir à ce qu'on peut ou qu'on sait faire. Et avant qu'on rétorque « oui mais c'est Nojiima aussi sur le jeu d'origine », j'invite l'aimable contradicteur à acheter le premier tome de l'Encyclopédie Memorial Ultimania chez Mana Books et de lire les (affligeantes) notes de travail de l'intéressé, tellement persuadé d'écrire le meilleur RPG de tous les temps (ce sont ses termes) qu'on aura fini par lui dire « allez, t'es bien gentil mais tu remballes ton truc, tu t'en serviras plutôt pour Final Fantasy VIII » (là j'extrapole, laissez-moi ce plaisir, mais il n'empêche que c'est ce qui s'est passé au final). Piétiner n'étant pas un vain mot puisque Nojima ne se contente pas de prendre des libertés avec le scénario originel, il s'en sert de paillasson, brossant la mythologie d'origine à rebrousse-poil pour mieux se faire mousser.
Meuh oui les Cetras en fait c'est des méchants, meuh oui en fait ils n'ont jamais construit de temples, meuh oui en fait le peuple des Gi c'est rien que des victimes innocentes, comme les Tusken de Book of Boba Fett, c'est la grande mode l'incompréhension ethnique, c'est pas parce qu'on enlève des gens pour les vendre comme esclaves qu'on est méchants, faut arrêter avec l'ethnocentrisme, meuh oui en fait Bugenhagen c'est un vieux sénile qui refuse la vérité vraie parce qu'elle ne l'arrange pas, pas comme la jeunesse qui a toujours raison parce qu'elle est pleine de rêves et d'espoirs et de mini-jeux, houlala, que c'est audacieux, houlala que c'est subversif, c'est bien Kazushige, bravo, mais tu sais, tu n'as plus seize ans maintenant, il va falloir grandir un peu, moi je n'ai pas envie de jouer à ton Skyblog, même entrecoupé de cinématiques à trente mille balles.
Et alors vraiment, pour moi, Nojima, c'est LE grand mystère de chez Square Enix, devant Nomura (qui a quelques qualités créatives malgré tout), Toriyama (pas celui auquel vous pensez, l'autre), Kitase (j'ai failli t'oublier, petit cannaillou !) et consorts : comment un type aussi mauvais dans son domaine (vous avez essayé de lire ses romans, sérieusement ?) a pu occuper une place aussi importante au sein d'une si prestigieuse société dont le fond de commerce fut le storytelling, et conserver ladite place jusqu'à aujourd'hui sans qu'on lui colle un pied au derche en ATB, ça me dépasse. Ses scénarios sont médiocres (au mieux du mieux), ses dialogues sont mauvais (confondant opportunément substance et bavardage, à l'instar de ceux de l'épisode XVI), ses personnages sont horripilants (que celui qui a acheté la Play Arts Kai de l'autre débilos en moto se dénonce !), il a le niveau d'un auteur de Young Adult auto-édité spécialisé dans la fan-fiction, mais personne ne s'en plaint. Au contraire, on lui paie un salaire. Sans doute conséquent. Et c'est très bien pour lui, hein, mais ça me sidère. Où est Foxu Muruderu quand on a besoin de lui ?
Dans la famille "génies", je demande celui qui a cru que dans une zone ouverte destinée à être arpentée en long, en large et en travers pendant plusieurs heures d'affilée, on pouvait se contenter d'une boucle musicale d'une minute trente, que ça ne rendrait absolument pas fou sur la durée, que dans les autres jeux du même genre s'ils avaient choisi le silence c'était par faignasserie et que soixante dix heures de thème de Chocobo ça passerait crème. La première fois que j'ai entendu la musique de Gongaga, juré, je me suis dit "tiens, c'est sympa, du biniou, ça change un peu". Bien mal m'en avait pris ! Une heure plus tard, les tympans en sang, je coupais le son définitivement pour ne le rallumer qu'à Cosmo Canyon (sans enthousiasme, puisque c'était pour endurer une énième variation tiédasse du thème de la map, mais encore était-ce un moindre mal). Depuis, je n'ai plus le droit d'approcher un Fest Noz à moins de deux cent mètres, ordre du médecin. Si un jour vous avez à torturer un prisonnier de guerre, sait-on jamais, passez-lui la musique de Gongaga en boucle, il ne tiendra pas vingt quatre heures. J'ai testé sur mon facteur, vingt minutes plus tard il avouait l'assassinat de Kennedy.
Autant de fautes de goût qui accentuent encore la schizophrénie artistique de ce Rebirth, qui alterne des moments corrects, voire enthousiasmants, quand ils suivent scrupuleusement la trame d'origine, et des moments d'humour ras-des-pâquerettes ou de connivence surjouée, qui se veulent naturels mais ne parviennent qu'à susciter l'ennui et les soupirs (holala, Tifa va masser Aerith toute seule dans leur chambre, vite, à mes pinceaux, il y a des doujjins à se faire, misez toute ma fortune sur les actions du groupe Sopalin, je lui prédis une remontée foudroyante dans les jours qui viennent). Oh, ne me fixez pas avec ces yeux-là, je ne suis pas dupe : les Final Fantasy d'antan aussi comptaient leur lot de répliques volontairement ridicules, de PNJ absurdes et de blagues qui font plouf. C'est moins un accident de parcours qu'une tradition. Seulement voilà : d'une part, tout ceci était mieux écrit, même si pas toujours très heureux. D'autre part, tout ceci se bornait à une ou deux répliques courtes, à l'écrit, pas quinze entièrement doublées et dans un cadre photoréaliste, donc, dont la crédibilité esthétique jure avec le ton cartoonesque de ces interventions, là où l'emballage graphique stylisé des neuf premiers opus autorisait les auteurs à ne pas se prendre au sérieux. Permettez là encore que j'enfonce des portes ouvertes mais directeur artistique aussi, c'est un métier : si tu ne comprends pas les limites implicites qu'imposent le style que tu choisis, quel qu'il soit, ce que tu peux te permettre, ce que tu dois t'interdire, alors laisse ton poste à quelqu'un qui sait faire et va vendre des churros à la Costa del Sol. Il ne faut pas non plus avoir fait Bac +12 pour savoir que tu ne vas pas caster David Bautista pour jouer Hamlet, et vice versa (même si j'adorerais voir l'un comme l'autre). Voilà comment on se retrouve dans un jeu de cette envergure à tenir le crachoir à des joueurs de cartes qui chouinent parce que soi-disant ça les rend plus forts, des conducteurs de camion qui n'ont vraisemblablement pas entendu parler du mouvement #metoo (malgré la volonté évidente de l'équipe de souscrire aux canons de l'inclusivité, même si sans grande subtilité), des personnages féminins qui semblent débarquer tout droit de TikTok, unanimement écervelées et vaporeuses jusqu'à la nausée (oubliées les héroïnes fortes et torturées du jeu d'origine, ces nouvelles versions vont te vendre l'eau de leur bain). Yuffisées, pour ainsi dire. Minaudant à tout va, comme si l'auteur ne connaissait des femmes que les influenceuses en vogue et les abonnées à Femme Actuelle. A l'image des pseudo romans qui colonisent la littérature de l'imaginaire à coups de mâles alphas et d'apprenties sorcières-succubes-patissiers-ninjas-magiciennes, ce Rebirth ne propose pas de héros ou d'héroïnes à proprement parler, pas d'êtres exceptionnels par leur vécu, leurs traumas, leur façon de le surmonter, juste les miroirs d'un cœur de cible superficiel qu'on entend bien séduire par projection. Aerith et Tifa, notamment, pâtissent en permanence de cet effet girl next door, pour que tous les Jean-Jul de seize/dix sept ans voient en elles les camarades de classe dont ils sont secrètement amoureux et qui les gratifieront enfin de l'attention à laquelle ils aspirent par avatars virtuels interposés. Je veux dire... même ce Barret complètement ravagé du ciboulot est plus mûr et posé que ces deux ingénues, dont la conduite est en contradiction perpétuelle avec les traumatismes dont elles portent le poids l'une et l'autre. Helena ? C'est pas beaucoup mieux, elle joue au foot avec des grenades. Et Yufffie, beeen... ça reste Yuffie pour le meilleur et pour le pire. Dès lors qu'on a un QI à deux chiffres, on n'a qu'une seule envie : tout plaquer pour aller vivre avec Red XIII au Cosmo Canyon (l'original, pas la version rael du rebirth). Question road trip et alchimie entre les personnages, tout semble factice, préfabriqué : même quand Barret imite Prompto, on est loin de l'authenticité insolente (autant que providentielle) de l'épisode XV, lequel pâtissait d'un millier de défauts mais avait au moins su trouver le ton juste, à la vanne près. Or le problème, c'est que ce problème d'écriture se manifeste à tous les niveaux de la narration, qu'elle soit directe ou environnementale, jusque dans les détails les plus anecdotiques. Outre les contresens évoqués plus haut, deux exemples parmi des gillions : Cloud, qui ne peut pas se reposer sous un abribus s'il n'a pas un coussin où poser ses fesses, ben oui dis donc le bois c'est pas cucul friendly, alors qu'il a quand même bouffé de l’entraînement paramilitaire jusqu'à ras la gueule pour devenir Soldier ; ou le Red XIII en question, qui ne peut pas bêtement courir à côté lorsque ses camarades sont à dos de Chocobo, non, ce serait trop spéciste, tu penses, allez, on lui file un Chocobo à lui aussi, qu'il se démerde avec sa morphologie à la Pat Patrouille. Parole, la première fois que j'ai vu Red XIII à dos de Chocobo, j'ai eu un temps d'arrêt, mon cerveau a freezé avant que mes zygomatiques ne cèdent sous les coups de boutoir d'une franche hilarité. De mémoire de joueur, je n'avais pas vu un tel affront à la nature depuis les créatures procédurales de No Man's Sky d'avant les premières mises à jour. Le machin est planté raide comme un piquet sur son gros poulet, avec un air concentré à mi chemin entre la détresse intérieure et la constipation. "Voilà ! C'était exactement ce que je voulais faire !", se serait exclamé Sho Tucker en découvrant cette abomination, avant de sortir son calepin et de prendre des notes. Cloud, petit grand frère, pourquoi j'ai mal ? Je te rassure, XIII. On a mal nous aussi. Vivement la statuette résine échelle 1/4 à 1500 balles (soit le tiers du prix de l'édition physique de Final Fantasy Pixel Remaster, une broutille). Je l'exposerai dans l'entrée pour bien que mes invités sachent qu'ils ne sont pas les bienvenus et que je les déteste. Non parce que bon, ok, à la rigueur, pourquoi pas, ça peut être un élément comique, ou une façon pour lui d'éviter de fatiguer sur de longues distances, mais un truc aussi visuellement saugrenu, a minima, tu l'introduis, tu te fends d'une cutscene, par exemple, durant laquelle les personnages se demandent comment le brave toutou va faire, spéculent, s'inquiètent, se moquent, n'importe, tout mais pas balancer un truc aussi ubuesque comme la chose la plus évidente du monde, qui se passerait de justification. Je te promets que si demain, sur le périph', tu croises une autruche qui fait du pédalo sur un orang-outang, tu auras besoin d'une explication. Même chose pour l'histoire du coussin : tu veux faire quelque chose d'un peu décalé, d'accord, mais au moins, présente-le comme tel, ne nous demande pas de le prendre pour argent comptant sans quoi ça n'a absolument aucune espèce de sens et ça nous sort de l'aventure pour nous rappeler encore une fois que ce n'est qu'un jeu vidéo. Ecrire, c'est un métier, je te rappelle. Mérite ton salaire, bon sang. Arrête d'essayer d'être drôle, arrête d'essayer d'être spirituel. Fais ton boulot au mieux de tes compétences. Sauf que non, même ça, c'est trop demander. Et donc on s'habitue, à force, on laisse filer la foultitude de petits couacs en haussant les sourcils et en soupirant en sourdine, parce qu'on sait très bien qu'il y a pire qui nous attend plus tard, et ça n'y manque jamais. Vroum, vroum. Elle te plait pas, ma moto ? Là est le drame : plus le jeu essaie d'être mature et sombre, et plus il frôle la parodie involontaire.
Mais il y a du fric. C'est bling bling. Et puis c'est Final Fantasy VII. Alors ça passe. On prends sur soi. On pardonne tout. On fait comme si c'était l'éclate, et ce sera peut-être le cas pour ceux pour qui ne jouent qu'à Fortnite et à Assassin's Creed. On en a tellement rêvé, de ce remake, alors on prend ce qu'on nous donne et on se persuade, on trouve des excuses. Les textes sont débiles ? C'est la traduction. Les persos sont foireux ? C'est les doubleurs français ! Le jeu buggue ? C'est la console qui n'est pas assez puissante ! 10/10. Superstar Joypad. Au fond, tout au fond, on le sait, on le voit bien, pourtant, qu'il y a pléthore de défauts d'un autre âge, on peut même les lister ici et là. Mais on ne voit que les étoiles qu'il nous met dans les yeux à tirer sur la corde sensible. Un autre titre aurait gentiment pris cher. Seulement c'est FFVII. Alors on ferme les yeux.
Ou bien c'est pour ne pas voir Red XIII à califourchon sur son bucket de douze. C'est possible aussi.
GOTY ?
Bitch, please.
Ys X sort en Occident à l'Automne.