Quand le développement de FFXII fut entamé en 2000, soit en même temps que FFXI, qui aurait pu croire que près de six années s'écouleraient avant le jour béni de sa sortie ? Et pourtant ce temps d'attente n'aura pas été vain. L'énorme quantité de travail investie à tous les postes saute aux yeux comme une évidence dès les premières secondes de jeu.
Dès la grandiose introduction, on comprend qu'on aura affaire à un Final Fantasy pas comme les autres. La liesse qui accompagne le mariage de la princesse Ashe, se mue instantanément en cauchemar éveillé. Écrasé par les géants Rosaria et Arcadia, le petit royaume de Dalmaska n'a aucune chance de s'en sortir.
Les fans de FF-Tactics et Vagrant Story seront sans doute ravis de retrouver le monde d'Ivalice dans toute sa splendeur bigarrée, enrichie ici de nouvelles races, de nouveaux codes, de nouveaux horizons. On retrouvera abondance de lieux merveilleux, comme un village Viera, tapi au fond de la jungle.
Matsuno fait encore une fois honneur à sa réputation d'excellence en matière d'écriture. Intrigues tortueuses et complexes, personnages pluridimensionnels, thématiques matures et admirablement développées...
La grande révolution de ce FF reside néanmoins dans son système de jeu. Désormais plus rien ne sépare les combats des phases d'exploration. La mécanique de combat reste assez proche du TPT avec la sempiternelle jauge ATB, cependant le fait de pouvoir déplacer ses personnages en temps réel transfigure littéralement le gameplay. Beaucoup plus vivant, spectaculaire, intuitif et immersif. Le nouveau système de Gambit, véritable coup de génie de Matsuno permet de gérer les I.A de ses personnages de manière très pointue. Ce système est progressif et s'étoffe au fur et à mesure de l'aventure. Ainsi dirigés selon vos consignes, animés par votre finesse d'esprit, vos alliés deviennent de redoutables auxiliaires à l'efficacité indéniable.
Mais c'est bien sur le plan technique que FFXII tape très fort. D'une parfaite splendeur, misant sur des textures fines, avec un rendu "aquarelle" fort réussi. Les villages sont animés d'une vie presque irréelle, habillés par un sens du détail qui frôle la manie obsessionnelle. Les cinématiques en FMV et celles en temps réelles sont aussi proches que possible, véritable tour de force technique. Les textures lêchées à souhait se marient soigneusement à des modélisations riches et détaillées.
Gameplay transfiguré, réalisation à couper le souffle, durée de vie hallucinante, un nom prestigieux, une réussite totale... L'esprit insufflé par Matsuno aura survecu jusqu'au bout au tumulte du développement. Envers et contre tout.