Le jeu qui vous forge un caractère de petite vieille entremetteuse
Fire Emblem… J'avais déjà abordé la licence à deux reprises, deux brefs accrochages avec Shadow Dragon sur GBA et Path of Radiance sur Wii, pour à chaque fois perdre foi en l'humanité, haïr les coups critiques, les unités qui murmurent des paroles funèbres à te fendre le cœur juste avant de rendre l'âme, et le jeu, impitoyable, qui fait peu cas de ton sentiment de deuil et te dit : "A toi d'jouer, bro !".
En général, tu lui claques sévèrement le bouton OFF pour toute réponse, mais du coup, tu restes coincé au même niveau.
"Heureusement", avec Awakening, la recette a un peu changé. Déjà, ce qu'il faut savoir, c'est qu'Intelligent Systems (les développeurs) se sont trouvés dos au mur pour la conception de cet épisode. Au vu des ventes décroissantes, Nintendo avait annoncé leur couper les vivres s'ils vendaient moins de 250 000 copies du jeu.
Du coup, ce n'est pas étonnant de voir que ce dernier épisode est une sorte de melting pot géant. On y pioche à droite et à gauche des éléments qui font le succès d'autres jeux, de la même licence ou non, et on mixe le tout (et surtout, on renonce à prendre des risques bizarro-originals, comme faire un Fire Emblem contemporain... ils ont gardé l'idée pour un prochain Shin Megami Tensei X Fire Emblem).
D'ailleurs, même au niveau de la difficulté, pour ne pas rebuter les nouveaux arrivants, le jeu propose de jouer ou non en mode Classique (un personnage qui meurt... reste couic, c'est la formule de base d'un Fire Emblem, mais ici, on peut décider que l'équipe est ranimée à la fin du combat), en plus d'un traditionnel choix de difficulté (Facile, Normal, Difficile).
Pour continuer à parler de ces ajouts/transformations qui paraissent être un moyen de fidéliser un maximum de monde (vous choisissez comment vous préférez jouer, ce qui n'est pas plus mal), il est également possible de faire du Level Up dans ce dernier opus. Avant, c'était à vous d'engranger le maximum d'expérience dans chaque mission, et parfois de répartir des points à vos unités à la fin de l'affrontement, selon vos préférences et vos besoins stratégiques.
Eh bien maintenant, c'est fini tout ça (si vous le voulez en tout cas). On peut acheter pour une bouchée de pain des "boîtes maudites", qui font surgir sur la carte du monde un ennemi, son niveau s'adaptant à l'endroit (le chapitre) d'où vous l'invoquez.
J'ai entendu quelques puristes hurler à l'infamie (les mêmes qui veulent que les personnages qui clamsent restent trente-six pieds sous terre), mais pour ma part, je suis enchanté. D'autant plus qu'il y en a des choses à faire évoluer dans Fire Emblem !
Chaque unité peut aller du niveau 1 à 20 dans sa classe (jusqu'à 30 pour une classe spéciale), et à partir du niveau 10 utiliser un objet (le "Magister") pour choisir une classe Avancée qui correspond (il y a deux choix, les classes spéciales ne peuvent pas utiliser de Magister).
Pour continuer à parler des classes, il y a également un autre objet qui permet de reclasser son personnage, dans une branche tout à fait différente, et les caractéristiques comme les techniques engrangées par les montées de niveau dans ses classes sont conservées.
Il y a largement de quoi customiser et optimiser.
Mais ce n'est pas tout. Chaque membre de la brigade est également compatible avec une sélection de personnages dont il est possible de faire monter l'affinité (C, B, A et S). Ces liens, en se renforçant, permettent aux unités d'être plus efficaces en combattant côte-à-côte ou en duo (deux unités sur la même case).
D'ailleurs, le rang S, disponible une unique fois, est synonyme de mariage, et amène même une descendance au couple (ce qui rajoute d'autant plus d'affinités sociales à faire évoluer). Les enfants puisent également dans les caractéristiques et les techniques de leurs parents, et donc sont souvent plus coriaces encore (je mets "les", sauf exception, il y a un enfant par couple, et même si les enfants peuvent se marier à leur tour, on a pas droit à un petit-fils ou une petite-fille derrière... je crois).
Pour continuer d'innover (à moitié), Awakening propose pour la première fois (mais je peux me tromper) dans la série de se créer un Avatar qui participera à l'histoire. Il est relativement customisable. On peut choisir entre jouer une femme ou un homme, ainsi qu'entre trois "types de gugusses" (exemple : ressemblant à un jeune garçon, un jeune homme, ou à un homme d'âge mûr).
Là-dessus, il est possible de sélectionner un visage, des yeux (entre 5 et 9 choix par "type"), et d'admirer le résultat à l'écran, car on en obtient un rendu 3D ET un dessin 2D qui s'animera lors des conversations (il a quelques expressions, quoi).
Ce personnage sera plutôt bien intégré à l'histoire malgré un background peu original, pourra nouer des liens avec la totalité des membres de la brigade (ça fait beaucoup-beaucoup...), et devenir n'importe quel type de combattant (on peut lui choisir une caractéristique forte et faible au début, mais avec un des objets que je mentionnais plus tôt, il peut vraiment choisir la classe qu'il veut).
On se prend vraiment d'affection pour ce héros, d'autant plus que son caractère nous épargne une traditionnelle niaiserie. Il a un peu d'humour, de maturité, bref, je l'ai trouvé sympa (les voix changent selon le "type" choisi au début de la création de personnage, même si on les entend uniquement lors des passages importants, sinon, c'est des borborygmes et petits mots lâchés pour donner un soupçon de vie aux dialogues).
Outre une ost vraiment pas mal du tout (en jeu, à écouter tout seul, ce n'est pas forcément top), je tiens à signaler que le jeu est prodigue en cinématiques, surtout au début. Et il est important de mentionner que c'est le studio Madhouse qui s'est chargé de l'animation !
Honnêtement, ça dépote, ça envoie du boudin et ça gère de la fougère.
Ces cinématiques vont se raréfier par la suite, mais quand même... les premières heures de jeu vous usent la dentelle du slip à vous faire vous trémousser sur votre siège.
Pour finir, j'aimerais vous rassurer sur la qualité de l'intrigue, qui a de quoi piquer l'intérêt, et le tout-bête plaisir de jeu qu'il y a à lancer sur le champ de bataille entre 6 et 14 (ou plus, je ne sais plus) unités, toutes ayant leurs forces et leurs faiblesses, à ordonner judicieusement si l'on ne veut pas se prendre une sévère dégelée.
Les missions annexes du jeu ont un degré de difficulté supplémentaire comparé à l'histoire, mais si vous n'abusez pas du Level Up, il faudra toujours rester vigilant pour ne pas perdre de troupes (ça arrive très vite).
Bref, cette critique, qui est longue comme un jour sans pain et vient vous tartiner le navigateur de la plus hideuse des façons n'a qu'un seul objectif.
Si vous avez une 3DS : jouez à Fire Emblem Awakening !
On lui présage une trentaine d'heures de jeu. J'en avais plus de soixante en achevant l'aventure. C'est dire le plaisir avec lequel j'ai folâtré.