Vieux, pas obsolète...

D'emblée, soulignons qu'il est rare qu'une licence ait l'audace de renouveler complétement sa formule afin de se mettre au goût du jour. Ici, retour de Kratos sous forme de reboot avec tout un tas de nouveautés alléchantes. Sommaire rapide : une nouvelle caméra pour un nouveau système de combat, une hache jouissive se maniant tel le marteau Thor, un gamin qui nous colle aux basques, ainsi qu'une narration favorisant l'émotion à l'instar d'un certain The Last of Us. À l'heure où God of War collecte les plus prestigieuses notes de la presse, est-il vraiment le chef-d’œuvre annoncé?

Pour commencer, il y a peu de chances que vous restiez de marbre face à un jeu aussi divin. La première heure fait office de gros tuto afin de tranquillement vous faire la main sur le nouveau gameplay, mais aussi sur le contexte de l'histoire. Une fois votre première claque prise, la deuxième se fera sans nul doute quand vous découvrirez toute la richesse du monde de God of War. En effet, le jeu n'est peut-être pas un open world, mais il en fait certainement pâlir plus d'un pour ses décors, ses zones à fouiller, ses secrets à dénicher, et ses connaissances mythologiques à acquérir. Pour tout cela, remercions donc le Bifrost qui permet à lui seul d'absoudre God of War de son étiquette du jeu linéaire grâce aux différents royaumes (et leurs DA tout aussi différentes) qu'il est possible d'explorer. On peut toutefois reprocher à deux de ces royaumes de ne proposer aucune exploration, et d'être plutôt des petites zones à défis redondants et futiles.

Ensuite, vis-à-vis du duo Kratos/Atreus on sent bien une légère influence de celui de The Last of US avec Joel et Ellie, bien que le traitement soit un peu différent. En effet, Kratos n'est pas du tout un "papa-poule", on a même davantage l'impression que Kratos agit avec son fils comme on le ferait avec un soldat, il le forme, et de la plus dure des manières. Sans arrêt, il le questionne sur le combat, la chasse, la navigation, et lui soumet quelles convictions à avoir sur le monde, les hommes, ainsi que les Dieux. Concrètement, c'est une relation compliquée, c'est d'ailleurs assez intéressant par moment (voir fun) de voir Kratos tenter maladroitement de jouer le rôle du père quand il y est obligé. À la limite, on peut reprocher à cette relation d'être un tantinet stéréotypée.

Concernant le gameplay, il est comme le reste du jeu, c'est-à-dire très riche et engageant. La découverte des zones se fait de cette manière simple : Kratos est les muscles, Atreus le cerveau. Chacun sa tâche, Kratos soulèvera/détruira/atomisera les obstacles imposants, Atreus passera où son père ne peut aller, déchiffrera les énigmes, donnera des indications utiles sur l'environnement. Lors des combat, les ennemis sont variés et même parfois bien plus puissants que nous. Certains développent par exemple des résistances à la hache, d'autres encore se soignent presque instantanément et sont quasi-immortels, d'autres encore sont simplement titanesques. Dans des cas comme ceux-ci, le côté bourrin et barbare des attaques devra laisser place à une ruse méthodique, notamment voir ce qui peut être fait avec Atreus en soutien ou lire le journal qu'il écrit pendant le voyage afin de connaître les faiblesses d'un adversaire. Enfin, la variété des attaques, combos, et personnalisations de ceux-ci, permettent des combats mémorables contre les groupes ennemis, mais aussi et surtout contre les différents boss.

Vis-à-vis des possibilités de combat justement, la hache, arme principale de Kratos dans cet épisode, est jouissive. Elle se joue tantôt tel le marteau de Thor avec des va-et-vient dans les airs, tantôt comme une arme de destruction massive combinée à un pouvoir de gèle. De plus, on peut aussi à notre guise, se battre à mains nues, avec le bouclier, ou vider notre jauge de rage sur les ennemis. Quoi qu'il en soit, toutes ces attaques possibles sont personnalisables soit par compétences à débloquer, soit en améliorant nos armes chez un forgeron, soit encore à l'aide de pouvoirs de runes. Tout ceci bien sûr, réclame une exploration poussée du monde afin d'y trouver les ressources nécessaires.

En somme, le retour de God of War est une réussite. La licence joue sur l'audace de tout renouveler et offre alors un gameplay engageant, un monde si riche qu'il en fait pâlir les open world, ainsi qu'une bonne narration émouvante. Il y a bien quelques légères aspérités ici et là certes, mais ce serait vraiment chipoter sur du détail comparé à ce qu'offre le renouveau de God of War.