Take me down to the Paradise City ...
Grand Theft Auto est une licence à superlatifs ... Détestée et dénigrée par des gens qui souvent n'y connaissent rien et n'ont pas touché une manette de leur vie, ce côté ado rebelle cache depuis l'épisode Vice City un coeur beaucoup plus profond qu'un simple jeu de pan-pan t'es mort et je te pique ta caisse. GTA V était attendu au tournant par les fans qui savaient que ce serait un jeu dantesque autant que par les béotiens et autres pisse-froid qui attendait que le loup sorte du bois pour lui coller une bastos de bien-pensée direct entre les deux yeux.
Alors GTA V? C'est bon ou pas ...
N'y allons pas par quatre chemins, GTA V est un bon GTA. C'est même un excellent GTA. R* a su changer ses habitudes pour proposer un épisode certes classique sur le fond mais diablement original sur la forme.
Grosse nouveauté, le fait de contrôler 3 personnages
- Michaël, le braqueur rangé des voitures qui va devoir remettre le bleu de chauffe
- Franklin, le mec du ghetto qui veut s'en sortir mais que ses "potes" entraînent dans une déchéance certaine
- Trevor, l'entrepreneur-psychopate.
Je ne pense pas être le seul à avoir eu un frisson dans l'échine en découvrant cette feature. Un Driver récent avait utilisé ce procédé légèrement cheaté qui permettait de se jouer très facilement de la maréchaussée. Trop facilement d'ailleurs. Oui mais Ubisoft n'est pas Rockstar et ce qui semblait un God Mode dans Driver devient un élément de gameplay hallucinant de maîtrise et de possibilité dans GTA.
Oui, vous contrôlerez 3 persos à la fois dans GTA sans que jamais l'action semble coupée. Nos 3 anti-héros devront être utilisé de concert pour mener certaines missions à bien grâce à un système de semi-pause extrêmement fluide et bien pensé. En gros, lors de la sélection d'un perso (qui se fait sans manipulation pénible du genre mettre en pause, puis choisir un perso, puis revenir dans le jeu), l'action ralentit sans pour autant s'arrêter. Une fois le perso choisi, dézoome sur le perso qu'on contrôlait et rezoome sur celui qu'on va contrôler. Une classe monumentale! C'est bien simple, on regrettera juste que trop peu de mission utilise cette possibilité. Attention, il y en suffisamment. Mais le principe est tellement bon qu'on en voudrait encore et encore et encore ... Ce switch est bien sûr possible en mode promenade ... Vous en avez assez de contrôler Franklin sur Grove Street? Allez, un p'tit coup de roulette magique et vous voilà à Chumash à bord du pick-up de Trevor ... Ou chez Michaël en train de mater la télé ... Oui, car chaque personnage vivra sa vie en attendant que vous en preniez le contrôle. Et ça, c'est génial ... Comme dans cette fabuleuse série qu'était "Code Quantum", vous ne saurez jamais ce qui vous attend au détour d'un changement. J'ai souvent été surpris, parfois amusé ... Mais j'ai surtout totalement adhéré au système que ce soit en mission ou en mode libre.
Mike, Frank et Trev possèdent chacun un "atout" qu'il est possible d'activer en pressant le bouton adéquat. Course ralentie, visée améliorée ou fureur dopante ... bon ... Inutile et sous exploité à mon avis mais ça peut aider.
La visée automatique est très (trop?) efficace. Les hardcore gamer joueront en visée libre qui propose plus de challenge. Evidemment, il y a possibilité de se mettre à couvert ... Pas de surprise de ce côté. C'est efficace sans être follement original.
La conduite a gagné en précision depuis GTA IV et ses suspensions chewing gum. Plus de dérapage de 40 mètre de longs, c'est un pur bonheur de traverser LS à fond de train pour semer les perdreaux en rasant, poteaux, rétros et autres.
Graphiquement, GTA V ne va pas vous faire pleurer des larmes d'admiration, soyons clairs. Nous sommes loin de The Last of Us. Mais le jeu est fluide, la distance d'affichage est phénoménale et du Mont Chilliad, on voit les tours du quartier d'affaire de LS par temps clair. GTA V met une claque technique a celui qui sait que les graphismes ne font pas tout. Si "de près" le jeu reste un peu supérieur au niveau de GTA IV, l'environnement est décuplé. Il est plus vivant, plus ouvert, plus varié. Les PNJs vivent leurs vies, discutent au téléphone, s'embrouillent ... Il y a des courses poursuite avec la police sans que vous y soyez impliqués ... Oui, on a l'impression d'une ville vivante. Tout cela coûte des ressources et pourtant ça tourne bien. La PS3 crache sans doute ses tripes, mais elle ne le montre pas.
Red Dead Redemption proposait des environnements variés. GTA V, de mon point de vue, fait encore mieux. Des skyscrapers de LS, aux plages de Vespucci Beach en passant par Sandy Shores ou les vignobles, vous verrez du pays. Le cycle jour/nuit apportera son lot de changement d'ambiance ... C'est tout simplement splendide. Les conditions météo aussi seront de la partie et influenceront pas mal de choses dont la conduite, plus touchy sur sol trempé. Oui, GTA V fait très fort aussi à ce niveau. La réalisation laisse sur le cul.
Ville tentaculaire, campagne étendue ... Oui, mais si on y fait rien, la map peut être monstrueuse et vivante, si les activités ne sont pas là, ça ne sert à rien. La pléthore d'activité serait fastidieuse à décrire ici, mais ça va du parachutisme à la plongée sous marine. Bien sûr, c'est une constante dans la série GTA. Votre perso peut devenir taxi ou pompier entre deux activités malhonnêtes. GTA V a poussé ce concept à son paroxysme. Le conté de Los Santos foisonne de trucs à faire. Courses ( vélo -si, si- , auto, moto, bateau, avion), triathlon, golf, tennis, recherche de prime ... On ne s'ennuie jamais ... Un imprévu peut surgir d'un bosquet sous la forme d'une fille de mafioso à sortir d'un mauvais pas ou d'une partie de chasse improvisée ... On pourrait craindre une certaine répétitivité des actions. Cela n'arrive pas vraiment tant les activités annexes sont nombreuses et très éloignée des quêtes-remplissage du style plumes de machin de Assassin's Creed. Elles permettront de faire monter son niveau ou de récupérer de l'argent.
L'argent occupe une place importante et le système monétaire est des plus abouti. Un exemple, la bourse. Quel autre jeu peut se vanter de gérer un système boursier? On peut y gagner gros ... et y perdre tout aussi gros. Votre budget ne devrai de toutes façons pas trop poser de soucis à la fin du jeu. Mais il est toujours intéressant de voir le soucis du détail poussé à ce point.
Toutes ces possibilités s'inscrivent de façon fluide dans une histoire qui, si elle n'est pas exceptionnelle, permet quand même de grands morceaux de bravoure, voire de folie totale. Trevor notamment se verra confier les missions (et les "évènements") les plus WTF.
Il faut plus considérer la trame principal comme un fil rouge qui permet de dresser un tableau cynique des Etats-Unis. Tout y passe ... Sacro-saint droit de porter des armes, recherche de la célébrité immédiate, télé abrutissante, shrink escrocs, minorités ethniques, déliquescence de la cellule familiale, Melting Pot raté, défiance (souvent à raison) du gouvernement fédéral, omniprésence de la surveillance, Patriot act ... Ce sale gosse en a dans le ciboulot et il appuie là ou ça fait mal. Ce n'est pas toujours très fin, et il exagère très souvent mais il en dit beaucoup plus que ce que la première impression peut laisser penser. Celui qui vous dit que GTA V n'est qu'un condensé de violence n'a rien compris, et c'est souvent le cas de ses détracteurs. Soit il n'y a pas joué et n'a vu que ses phases de violence "pure" (et oui, il y en a), soit il y a joué et c'est un imbécile.
Les quêtes annexes elles aussi prendront un malin plaisir à dégommer quelques aspects pas forcément folichon de l'American Way of Life.
Notons que les personnages secondaires restent eux aussi très bien écrit. Du vieux flic dont la carrière ne tient qu'à un fil à la quarantenaire qui a peur de vieillir, vous rencontrerez une galerie de personnages haut en couleurs. Quelques clins d'oeils viendront même vous remémorer les bons moments passés dans les précédents opus. OG Loc est par exemple présent quelque part dans le jeu ... Je laisse le soin aux fans de trouver où.
On a fait toute une tartine sur les radios ... Personnellement, je les trouve beaucoup moins sympas que celles des autres GTAs. Beaucoup de techno, de trucs chiants à écouter (RnB notamment jusqu'à la nausée), du easy listenning très easy ... Même les radios rocks (en comptant Rebel comme une radio rock) sont pénibles à écouter au final. Seules surnagent East Lost FM et West Coast Classic ... Goût personnel certes mais tout de même ...
GTA V propose également un mode online étoffé. Si celui du IV était limite bateau, le nouvel arrivant propose un menu alléchant. Course, affrontement, mission en coop, survival ... On peut également déambuler ici et là à la recherche de pognon facile (braquage d'épicerie, recel de voiture ... ) pour acheter un garage, un appartement, une nouevlle caisse avant de la booster pour faire baver les autres joueurs. Les petits problèmes connus au lancement du bouzin étant résolu, on peut s'y adonner sans problème aujourd'hui. La séquence de création relève un peu du pifomètre. On choisi ses grands parents, puis ses parents, un coup de brassage génétique et paf! Ca a fait un avatar. La méthode à l'air sympa comme ça mais après avoir passé une plombe à gérer son ascendance, on lance assez facilement la commande random et on recommence si ce qui est sorti ne nous plaît pas.
La maniabilité du Online reste la même que celle du mode solo. On améliore également ses aptitudes et il n'y a aucune surprise de ce côté.
Le gros point noir du multi, au final, c'est sa communauté. GTA V est certes un jeu permissif, avec des bouts de bandit. Tous les "MontanaDu93" et autres "BoGoss1995" se sont donc donné rendez-vous en ligne et c'est une plaie que de devoir partager une map même aussi énorme que celle de GTA V avec eux. En effet, il vous arrivera plus d'une fois de vous faire éxécuter froidement sans autre raison que d'être passé au mauvais endroit. On va me dire "ouais mais c'est le jeu" ... Pour moi, le jeu, ce serait plutôt de courser les gens ayant des primes aux fesses (dans ce cas, je comprendrai l'éxécution), de voler des caisses aux PNJs pour les refourguer, de s'en mettre plein la fiole au sujet d'un fourgon blindé, bref, de pas faire chier le monde. Sans compter les commentaires super agréables dont je vous ferai grâce ici.
Le meilleur moyen de profiter du online, au final, est de se trouver un crew sympa, ce qui est mon cas. Là, vous prendrez plaisir à jouer les Sebastian Vettel dans les ruelles de Los Santos en criblant de balles les flics de Los Santos ... Certaines missions devront être abordées très stratégiquement pour espérer les finir. Emprunt d'hélicoptère, tir de soutien, débordement des hordes de malfrats ennemis, couverture ... Tout cela est fort bien fichu. Les braquages devraient arriver bientôt et ce sera sans doute un plaisir de se faire un casse avec son crew.
Au final, GTA V est un jeu énorme, à la durée de vie monumentale mais qui ne lasse pas (pas comme cette critique). Techniquement au top, son histoire ne surprend guère mais marche dans les pas de ses glorieux aînés et reste une valeur sûre de la licence. Le fait de contrôler 3 perso différents pouvaient sembler audacieux et tuer le gameplay, mais il n'en est rien et c'est une excellente idée. Il casse parfois même le quatrième mur en nous proposant une appli pour smartphone (bon, soyons honnête, elle n'est pas terrible) ou un compte Rockstar Social Club reprenant la charte graphique du réseau social ingame (et ou vous pourrez retrouver les photos prises grâce à votre téléphone dans le jeu, excellente idée!).
On découvrira avec joie les aventure de Michaël, Trevor et Franklin avant de se créer une nouvelle vie avec le jeu en-ligne pour des heures de jeu assurées, même en compagnie des pires kevins.
GTA V fait assurément partie des derniers grands jeux de cette génération, si ce n'est pas LE dernier grand jeu de cette gen.
