Dire que « GTA » est une franchise majeure du jeu-vidéo de ce début de XXIe siècle relève de l’euphémisme. Il suffit de voir l’énorme campagne de pub déployée au moment de la sortie de ce 5e opus pour se convaincre qu’on a affaire à une véritable machine de guerre.
Derrière ces moyens colossaux se « cache » la société Rockstar, dont la popularité des jeux ne s’est pas démentie au fil des années. Et si certains pensaient que le fameux « Red Dead Redemption » sorti en 2010 resterait leur ultime chef d’œuvre, il est bien possible qu’ils aient à revoir leur jugement après avoir joué à ce nouveau « GTA ».


Ce 5e opus, c’est du changement dans la continuité. La première mission vous plonge au cœur d’un braquage dont les conséquences marqueront les protagonistes pour la suite de leur existence.
Pas de surprise, on va donc encore incarner du « bad guy » avec pour cadre, la ville de Los Santos. On retrouve donc l’ambiance du fameux « San Andreas » sorti quasiment une décennie plus tôt, et souvent considéré comme le meilleur opus de la série.
Alors bien sûr, on pourra toujours dire que Rockstar nous a déjà bien régalé par le passé et que les mondes ouverts dont il nous gratifie, aussi vastes soient-ils, on commence à connaître. Mais pourtant, comment ne pas être ébahi –une fois de plus- par le travail d’orfèvre de Rockstar North.
Plus que jamais, se balader au cœur de la métropole californienne est un spectacle ahurissant. Une ville comme en vrai, avec son trafic auto, ses passants, ses scènes de vie quotidienne et ses faits divers.
Inutile de dire donc, que la durée de vie du soft est encore particulièrement importante. Si la trame principale de l’histoire vous tiendra en haleine de longues semaines, voire de longs mois si vous jouez modérément, vous aurez aussi largement de quoi rajouter des heures de jeu pour l’exploration de la carte « juste pour le plaisir » ou vous fixer vos propres petits challenges (chourer un F16 sur la base de l’US Air Force par exemple !). Et encore, c’est sans parler des missions secondaires (plus ou moins intéressantes il faut le reconnaitre) prévues par les développeurs.
Vous l’aurez compris, « GTA » n’est pas moins chronophage qu’avant.


Néanmoins, l’intérêt de ce nouvel opus ne se limite pas à cela. Pour résumer, on peut surtout mettre en avant le fait que ce 5e volet de « GTA » a nettement gagné en profondeur.
Déjà, on tient ici sans aucun doute les « héros » les plus charismatiques de la série. Si Franklin peut paraître un peu banal dans le rôle du black « petit » délinquant de banlieue, en revanche Michaël et ses faux airs de Robert de Niro ainsi que le sociopathe Trevor sont absolument débordants de charisme et on ne risque pas de les oublier de si tôt. La remarque est également valable pour les personnages non-jouables.
Vous l’aurez compris, ce n’est donc pas un, mais bien trois personnages que vous incarnerez cette fois. Chaque membre ayant sa vie et missions propres bien sûr, mais les trois protagonistes seront également souvent amenés à « collaborer » ce qui amènera le joueur à « switcher » en fonction des circonstances d’un personnage à l’autre. C’est d’ailleurs une possibilité que vous avez tout le long du jeu, si vous êtes plutôt d’humeur à incarner l’un ou l’autre. On en profitera d’ailleurs pour souligner que les changements de personnage sont particulièrement réussis puisqu’à chaque fois, vous retrouvez le héro souhaité à un endroit plus ou moins aléatoire de la carte, dans des dispositions parfois franchement ubuesques.
« GTA V » fait progresser la franchise sur d’autres points dont le plus important est probablement la qualité des missions proposées. Il ne faut pas se mentir, aussi attachants, voire fascinants puissent être les univers développés par Rockstar dans ses softs précédents, les trames, elles, étaient souvent ponctuées de missions peu recherchées souvent prétexte à tuer tout le monde.
Incontestablement, les développeurs ont beaucoup travaillé cet aspect pour ce nouvel opus. Et force est de constater que si on retrouve évidemment quelques missions classiques déjà vues dans les épisodes précédents, il y a globalement beaucoup plus de variété et de profondeur dans les tâches à réaliser. A titre d’illustration, difficile de ne pas parler des braquages que vous devez plus ou moins organiser de A à Z (recrutement de l’équipe, préparation du matériel, repérage des lieux, passage à l’action…) et qui font figures de grosse nouveauté pour cet épisode.
Enfin doté d’un scénario digne de ce nom (bien que pas toujours facile à suivre) et de missions plus consistantes, le jeu ne déçoit pas non plus sur la forme. Malgré quelques bugs (un « GTA » sans bug ne serait pas totalement un « GTA »…), le jeu est somptueux et offre une variété de décors vraiment sympa tout en restant cohérente avec la réalité de la Californie que le jeu est censé dépeindre.
Le milieu urbain reprend toutes les composantes d’une vraie ville : ses quartiers pauvres et riches, son « downtown » et ses buildings, toutes les infrastructures habituelles (aéroport, commissariat, salle de spectacle…), son périph’…mais aussi des espaces ruraux composés de criques, collines boisées et autres déserts avec la population de rednecks qui va avec.
Côté bande-son, les fameuses radios diffusent des playlist toujours au top, mais ça on y était habitué. Les quelques musiques originales (surtout des titres d’ambiance) sont réussies également.
Au passage, on soulignera le souci du détail de l’équipe Rockstar qui a été jusqu’à intégrer des flash-infos à la radio annonçant un méfait que vous venez de commettre !
D’une manière générale, les personnages hauts en couleur de cet épisode ont droit à un doublage anglais d’excellente facture, qui contribue une fois de plus à l’ambiance générale du soft.
Toujours pas de version française, mais c’est sûrement mieux ainsi. Il faudra juste continuer à vous garer pour pouvoir suivre les conversations pendant que vous êtes en voiture !


Si « GTA V » est un réel bonheur, il serait malhonnête de dire qu’il est parfait. On peut ainsi dresser une liste de menus défauts comme cette IA toujours (très) limitée qui font virer certaines scènes aléatoires au grand n’importe quoi (imaginez qu’une fusillade éclate en pleine rue, les flics et les « gangstas » meurent tous. Une ambulance arrive en écrasant des passants. Les infirmiers tentent une réanimation sans succès puis s’en vont en laissant la scène de guerre et les cadavres sur la chaussée pendant que les riverains reprennent le cours normal de leur vie comme si rien ne s’était passé…).
On regrettera par ailleurs d’autres détails un peu décevants comme cette conduite qui ne change pas d’un épisode à l’autre et s’avère toujours un peu « brusque » (essayez de conduire en respectant le code de la route et vous verrez), la remarque étant valable essentiellement pour les véhicules terrestres, le pilotage des avions et hélicos étant en revanche jouissif.
On citera également cette impossibilité de pénétrer dans la plupart des bâtiments ou encore la fameuse gestion du personnage (possibilité de se nourrir, de faire de la musculation, etc.) qu’on a tant apprécié dans « San Andreas » et qui n’est que très peu poussée ici.
Vous enragerez également quelques fois en constatant que votre véhicule fétiche que vous venez de garer se soit volatilisé sans raison quelques instants après une cinématique ou même en l’ayant pourtant laissé dans un garage censé sauvegarder tous les véhicules que vous y mettez.
En réalité, on pourrait relever un million de choses à dire parce que ce jeu est tellement bon qu’on voudrait qu’il le soit encore plus. Mais il ne mérite définitivement pas qu’on s’attarde outre mesure sur ses défauts tant l’expérience reste fabuleuse.


En dépit d’un niveau de difficulté très nettement revue à la baisse (plus besoin de cheat code pour avoir une chance de finir le jeu !), « GTA 5 », c’est la promesse de dizaines d’heures d’action, d’exploration, de rêve, de massacre, de rigolade et parfois, de grand n’importe quoi…et bien plus encore.
Classique dans l’esprit, ce cinquième volet de « Grand Theft Auto » est en revanche le plus abouti de tous à bien des égards. Mais c’est avant tout la qualité des missions et de la carte de jeu, le charisme des protagonistes et l’ambiance générale qu’on retiendra.
Le « pire » est que malgré cela, la franchise possède encore une bonne marge de progression que les consoles actuelles permettront peut-être de combler.
Toujours est-il qu’en attendant, « GTA V » reste un must-have absolu et qui marquera sans aucun doute son époque. Ce ne sera pas facile de passer après lui !

billyjoe
9
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le 8 déc. 2015

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Billy Joe

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