(J'ai joué à la version remastérisée du jeu mais j'ai préféré écrire une critique sur le jeu original, histoire d'être plus cohérent avec la note que je lui ai donnée.)
Grim Fandango nous met dans la peau de Manuel Calavera, un agent de la mort chargé de procurer aux âmes en perdition des tickets express pour un voyage sans encombre jusqu'à l'au-delà. Lui-même contraint à ce travail d'intérêt général, il se retrouvera finalement au cœur d'un complot qu'il devra déjouer avec astuce et finesse.
Outre une bande son absolument parfaite, Grim Fandango se distingue grâce à son écriture exceptionnelle, son ambiance morbide et ses dialogues fins et calibrés magnifiquement doublés (surtout en version française), et si le premier acte est assez calme, le second nous propulse au cœur d'une ruche de personnages et d'interactions peu communs. On s'attache assez facilement à Manny, court sur pattes avec un crâne immense, et on s'amuse à le voir chaque fois en meilleure posture à chaque nouveau début d'acte, et à Glottis, son mécano-chauffeur privé hors normes. L'histoire elle-même est plutôt classique mais très bien racontée.
Côté technique, le jeu accuse forcément son âge, surtout en étant sorti à l'époque des débuts de la 3D temps réel, et les contrôles au clavier ne manqueront pas d'en rebuter plus d'un. La version remastérisée intègre le contrôle à la souris (avec quelques imperfections) et au gamepad, en plus d'améliorer les éclairages dans leur ensemble et de permettre au jeu de tourner sur des configurations plus récentes (il fallait patcher le jeu pour pouvoir bloquer l'ascenseur de l'Acte 2 par exemple).
Le lifting graphique est très léger et ce n'est pas plus mal (et surtout compréhensible, après le tollé provoqué par le remaster de Monkey Island...), mais les bugs sont tout de même bien présents : contrôles qui ne répondent plus et qui obligent à fermer le jeu, passage inopiné en mode fenêtré impossible à rétablir, emplacements de sauvegardes nomades...
Heureusement, le gameplay, lui, est intemporel, et niveau puzzles, on est servis. La plupart d'entre eux sont assez logiques, mais on finit fatalement par tomber sur une énigme tordue imaginée dans le coin du cerveau fatigué de ce cher Tim, tandis qu'il tentait de ne pas s'endormir en bavant sur son script. Le pire étant que la plupart de ces problèmes auraient pu être évités si le joueur n'avait pas eu à deviner ce qu'il devait faire. Qu'à cela ne tienne, je me suis résolu à toujours garder la soluce à portée pour ce genre de jeux. Je préfère tricher plutôt que d'entendre le même thème sonore pendant une demie-heure.
Grim Fandango ne se glissera sans doute pas tout en haut de mon podium personnel, mais une chose est sûre : ce jeu a une âme, et je ne risque pas de l'oublier.