Seul, je me perds dans les galeries intestines d'Hollownest.
Insignifiant, je m'émeus de l'ingéniosité d'une civilisation entomologique à laquelle je n'appartient pas.
Tels les reliquats du système immunitaire défaillant d'une être mourant, accablé par la corruption, les coques et carcasses des autochtones tentent de stopper mes déambulations. Épuisé, las, je leur reprends ce simulacre d’existence, remettant au néant ce qu'ils furent. Ouvriers, soldats, notables ou nobliaux, quelle importance ?
Mon aiguillon ne fait aucune distinction. Il tranche l'air et les chairs, me libère de mes entraves.
Si je m'enfonce toujours plus profondément dans ces dédales gothiques majestueux, c'est dans l'espoir de comprendre un jour le sens de mon existence. Je trompe ma solitude le temps de quelques trop rares rencontres insolites avec des insectes au discours sibyllin. Certains ont sombré dans la folie, d'autres ont subsisté en se raccrochant de toutes leurs forces à ce qu'ils étaient.Tous m'ont appris quelque chose sur cette contrée mystérieuse et son fonctionnement. Certains n'ont néanmoins pas dissimulé bien longtemps leur animosité. Aveuglés par ma taille modeste et mon apparente fragilité, ils ont cru pouvoir m'arrêter, c'était une erreur, ils l'ont payée très cher au terme d'âpres duels.
Quand bien même leurs intentions seraient justes, c'est là le sort que je réserve à quiconque se mettra en travers de mon chemin.
Je poursuivrai sans relâche mon exploration, cartographiant le moindre recoin de ce fascinant mausolée. Je me perdrai toujours plus loin, des beaux quartier pourris par la luxure et la démesure, jusqu'aux abîmes puant la peur et la mort.
Je comblerai la vacuité de mon existence et trouverai ma place dans ce monde sordide et décrépit, dussé-je en crever.