J'te fais 12d10 de dommages, t'es faite mon ostie !
De tous les jeux de rôles sortis dans la période 1997-2002 et utilisant l'Infinity Engine, Icewind Dale fait souvent figure de brebis galeuse. Choisissant les sommets enneigés de l'Epine Dorsale du Monde pour le cadre de leur histoire, les développeurs de Black Isle ont choisi de délaisser l'exploration et l'interaction avec les compagnons pour se concentrer sur les donjons et la narration. Il en résulte un jeu très linéaire, un Porte-Monstre-Trésor où l'équipe complète est créée en début de partie, un vide-donjons pour grosbills qui passent leur temps à relancer les dés pour obtenir une équipe d'Hercules.
Cependant, au-delà de cet aspect très bourrin, Icewind Dale narre une histoire intéressante et bien moins puérile que la trame high fantasy de Baldur's Gate, au moins jusqu'au dernier tiers du jeu. Si l'amorce est loin d'être transcendante, les lieux que le scénario nous amène à explorer sont splendides et parsemés de dialogues et d'événements, qu'il s'agisse de temples malsains, de ruines oppressantes ou de halls imposants, et les musiques s'intègrent parfaitement à ces derniers.
La Main de la Seldarine restera mon coup de cœur (on y trouve notamment des PNJ neutres, et une bibliothèque remplie de livres « inutiles » détaillant la société elfe au sein de la forteresse).
Néanmoins, les quêtes, rares mais présentes, sont quasiment toujours liées à un donjon. On apprécie le fait de pouvoir résoudre certaines quêtes de façon différente, notamment en fonction de la classe de l'avatar sélectionné, mais on regrettera le fait d'avoir trop peu de quêtes (et de lieux) secondaires à se mettre sous la dent.
A propos des classes, j'ai particulièrement apprécié la façon dont le barde est mis en valeur. Celui-ci, à la limite de l'inutile dans Baldur's Gate, a droit à quelques lignes de dialogue inédites. Malheureusement, je ne l'ai ressenti qu'au début du jeu. Il reste toutefois un atout de valeur par ses compétences, vive le Chant de guerre de Sith.
Icewind Dale est très similaire à Baldur's Gate du point de vue des règles de jeu, modulo les compétences d'armes. Cependant, il utilise une version du moteur proche de celui de Baldur's Gate 2. On a donc droit à de jolis personnages animés, une haute résolution, un mode OpenGL, des déplacements rapides et à une recherche de chemins efficace.
Le jeu est plutôt bien équilibré : on ne croule pas sous les pièces d'or et les combats continuent à offrir un certain défi malgré une montée en puissance assez rapide (j'ai terminé ma partie avec plus d'un million de points d'expérience par personnage).
Toutefois, le chapitre deux m'a semblé bien plus dur que de raison, sans parler du dernier niveau interminable et chiant. Les deux derniers chapitres, malheureusement, versent dans la surenchère sous son plus simple apparat, et les deux derniers combats sont d'un ridicule à tomber par terre, en parfaite phase avec la cinématique de fin. Je dois bien l'avouer : sur la fin, j'en avais marre.
Icewind Dale n'est pas un monument, loin de là. Mais outre le fait qu'il propose une aventure solo plutôt intéressante, que vous mettrez probablement plus d'une trentaine d'heures à finir, il constitue selon moi une très bonne option au cas où vous souhaiteriez vider du donjon entre amis. Le fait de ne pas avoir à attendre une extension pour trouver un donjon intéressant est un point à prendre en compte.
De plus, il a au moins un autre avantage sur Baldur's Gate 2 : les portraits de base sont beaux[1], contrairement à ces horreurs-là[2].
[1] http://daedalus.w.free.fr/critiques/iwd.jpeg
[2] http://daedalus.w.free.fr/critiques/bg2.jpg