Pour être franc, je n'attendais rien de ce jeu. Et on ne peut pas dire qu'Ubisoft ait réellement tenté de me faire changer d'avis... Un changement de nom étrange, une DA retravaillée au dernier moment, des leaks peu attayants... Et évidemment, l'ombre de Zelda qui plane au-dessus.
Et pourtant, j'ai sauté le pas ! En attendant que Cyberpunk soit jouable, il me fallait bien un petit jeu pour patienter. Déjà, je préparais mon ton dédaigneux, ma critique acerbe, mes mots durs... "Pouah ! C'est du sous Breath of the Wild !", "C'est moche !", "C'est déjà vu !", "C'est du recyclage".
Et il faut bien avouer que pendant les premières minutes, j'étais comblé ; les cinématiques étaient assez vilaines, le chara design digne d'un jeu mobile, l'humour lourd et, pour couronner le tour, la VF insupportable. Et dire qu'ils osaient communiquer sur la présence de Lionel Astier au doublage...
J'étais bel et bien conforté dans mon pressentiment... Il s'agissait d'une mauvaise copie de Zelda, finie à la va-vite et quasi sacrifiée par Ubisoft. Toutefois, au lieu de lâcher bien vite ma manette pour repasser sur un shooter classique et déglinguer du nazi/stormtrooper/zombie, j'ai pourtant voulu continuer un peu. Et je dois bien avouer que je m'étais emporté sur l'introduction. Immortals: Fenyx Rising est un jeu que l'on commence à apprécier au bout de 2 ou 3 heures de jeu. C'est le temps nécessaire pour aller au-delà de l'humour lourd et de tous nos a priori négatifs. C'est le temps nécessaire pour apprécier l'open world et comprendre la richesse du monde ouvert.
Il est indéniable que le jeu emprunte à Breath of the Wild. Mais il ne s'agit pas d'une vulgaire copie. Au contraire, Immortals offre, en premier lieu, un cadre tout à fait différent et une approche de la mythologie réellement rafraîchissante. Sous couvert de blagues ou de missions annexes, Ubisoft passe son temps à nous apprendre de petits détails, des anecdotes. Un peu la manière d'un Assassin's Creed, le joueur va se retrouver face à de nombreuses références mythologiques (qu'il appréciera d'autant plus s'il a moins de 6 ans). Libre à lui alors de s'y intéresser ou de retourner éclater les chicots de tout un tas d'ennemis.
Les combats, d'ailleurs, ne sont pas forcément l'atout majeur du titre, même s'ils s'améliorent au cours de la partie. Les compétences spéciales que l'on débloque au fil de la partie augmentent significativement l'intérêt des phases de castagne. Entre les esquives aériennes ou les attaques spéciales, le jeu prend une nouvelle dimension. Toutefois, le choix des touches, notamment pour la parade, me semble peu approprié (du coup, j'esquive tout le temps). Pas de panique non plus, les combats sont relativement faciles. Cela dit, les phases d'affrontements de boss sont plutôt bien réalisées, avec des patterns variés.
On ne peut pas non plus dire que les énigmes soient d'un niveau extrême. Elles se résolvent très souvent rapidement, mais apportent un peu de variété dans le jeu. Dans la même veine, on retrouve les phases dans le tartare; qui mélangent différents skills.
Tout cela rappelle beaucoup Zelda mais s'en détache aussi. Le gameplay de Fenyx repose énormément sur l'utilisation des ailes, que ce soit en combat, mais aussi durant les phases d'exploration ou de réflexion. En plus de cela, on ne pourrait pas vraiment qualifier Immortals de RPG. Ici, pas d'épées qui cassent, pas de gestion de l’inventaire très poussée etc. Au contraire, tout est plus simple, rapide. L'objectif d'Ubisoft est ailleurs.
Niveau graphisme, le jeu tient tout à fait la route. La plupart des environnements sont même réellement beau, sans pour autant faire souffrir la console. L'open world se révèle donc très sympa à parcourir et contient quelques surprises, preuves d'un jeu bien fini. Un exemple tout simple, mais qui fait plaisir ; quand Fenyx tente d'attraper un fruit dans un arbre, si ce dernier lui tombe sur la tête, les développeurs ont prévu une petite animation. Tous ces détails permettent de créer un monde crédible et rempli de secrets et d'ennemis. D'autant plus que le level design est très bon ; la verticalité est au cœur du jeu, ce qui accroît le sentiment d'immensité de l’environnement face à un.e Fenyx qui parait comme perdu dans ces immenses temples. On se retrouve alors souvent à se promener, à cheval ou en planant, à la recherche d'une quête, d'un coffre, d'un défi, d'un minijeu... Tout n'est pas indiqué sur la carte par de bêtes points d’interrogation ; l'exploration est privilégiée. Bref, le contenu est présent et suffisamment varié pour ne pas s'ennuyer.
Au final, Immortals:Fenyx Rising n'excelle dans rien, mais présente un univers cohérent, coloré et très agréable à parcourir. Le jeu n'est pas très long et ne se vautre pas dans une monotonie insupportable, comme un certain Ghost Recon. Il ne s'agit pas d'un grand jeu, mais d'une bonne surprise, qui change un peu des autres productions Ubisoft et juste pour ça, ce serait dommage de bouder notre plaisir.