Les plantes ont demandé aux pierres, mais les pierres ne s’en souviennent pas...

NARRATION
Histoire : ★★☆☆☆
Après que son ami Daxter soit tombé dans une cuve d’Eco noir, le transformant en animal hybride (une beloutre), le jeune Jak entreprend un voyage vers le Nord pour retrouver le sage Gol, le seul capable d’inverser la situation. Dans le même temps, une force maléfique a pris la tête d’une armée Lurker afin de déterrer d’anciens et puissants artefacts Précurseurs : mais dans quel but ?

On ne va pas se le cacher, ce n’est pas pour son histoire qu’on retiendra The Precursor Legacy. Celle-ci se révèle en effet archi-classique, narrant un énième voyage héroïque pour sauver le monde ; le scénario tente bien un petit retournement de situation en milieu de parcours, mais on le voit arriver à des kilomètres à la ronde... Rien de bien folichon au final, même si les différentes cinématiques se laissent suivre avec plaisir.

Personnages : ★★★☆☆
Les personnages, s’ils sont tous archétypaux, ont au moins le mérite de marquer par leurs designs et leurs personnalités excentriques, à l’image d’un Daxter parfois irritant mais qui arrache aussi quelques sourires. On aura de plus la satisfaction de découvrir toute une galerie de figurants particulièrement haute en couleur : le Maire, le Sculpteur, la Géologiste, les mineurs Willard et Gordy, etc… Le héros Jak est quant à lui muet dans ce premier opus, ce qui en fait une belle petite coquille vide.

Univers : ★★★☆☆
L’univers de Jak and Daxter peut parfois intriguer avec ses immenses structures à l’architecture bronzée et élégante qui émergent de ses ruines anciennes, mais la civilisation des Précurseurs aurait gagné à être un peu plus développée, car elle demeure en l’état un simple élément de mystère. A noter l’apport des nombreux PNJ toutefois, qui aident aussi à rendre ce monde plus vivant et plus étoffé.

JEU
Game Design : ★★★☆☆
The Precursor Legacy présente un game design très classique pour l’époque, que certains pourront qualifier de « collectathon » : l’objectif principal y est de collecter suffisamment de piles d’énergies pour débloquer la zone suivante, laquelle nous propose de ramasser encore plus de piles, et ainsi de suite… Le tout sous couvert d’un jeu de plateformes non moins traditionnel, mais toujours efficace.

Gameplay : ★★★★★
Nous arrivons enfin à ce qui fait le charme d’un Jak and Daxter, à commencer par son gameplay fun et son plaisir immédiat. Si la caméra paraît un brin capricieuse, le maniement de Jak n’a pas pris une ride : renforcé par des animations de toute beauté, notre héros virevolte entre deux doubles sauts, tournicote avant un plongeon en piqué, puis rebondit pour s’élancer à nouveau tel un boulet de canon… Les possibilités de gameplay sont en effet plus larges qu’à première vue puisqu’il est possible de combiner plusieurs touches pour déclencher de véritables « combos », et c’est un vrai délice d’en maîtriser toutes les subtilités. Les phases de plateformes sont quant à elles très précises, et le jeu nous offre aussi la possibilité de piloter un zoomer ou de chevaucher un Flut-Flut.

Level Design : ★★★★☆
Jak and Daxter: The Precursor Legacy est peut-être l’un des seuls cas de platformer en monde (semi-)ouvert sans temps de chargement. En découle un world design brillant, qui favorise le sentiment d’immersion et de cohérence dans cet univers enchanteur. On passe ainsi d’une zone à l’autre de manière très fluide, comme si l’on explorait les différentes régions d’un même monde, et la dizaine de niveaux principaux, pris séparément, sont tout aussi excellement construits ; non linéaires et parcourables dans différentes directions, ils présentent une variété de défis toujours amusants à relever : mini-jeu de pêche, phases de plateformes chronométrées, arènes remplies d’ennemis… On retiendra par exemple la Plage Sentinelle et son pélican chapardeur, la Jungle Interdite et l’ascension de son temple (où à l’image d’un Dark Souls on peut reconnaître l’architecture d’autres niveaux à son sommet), la Cité Précurseur Perdue et son univers sous-marin, la Montagne Enneigée, à l’atmosphère magique, ou encore les Grottes aux Araignées, qui auront fait paniquer les plus jeunes joueurs de l’époque…

PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★☆
Pour ses 20 ans, le jeu a superbement vieilli, conservant sa direction artistique colorée et cartoon qui avait déjà bluffé à l’époque. Les différents environnements sont toujours aussi chatoyants et enchanteurs, dépeignant une diversité de paysages très appréciable : un village en bord de mer, une île embrumée, une jungle mystérieuse, une montagne enneigée… La réalisation des personnages est aussi reconnaissable entre toutes puisque Naughty Dog avait déjà l’ambition de s’inspirer du cinéma d’animation en 2001.

Ambiance : ★★★★☆
Grâce à ses musiques d’ambiance et son sound design soigné, bien aidé par la diversité de ses environnements, The Precursor Legacy réussit à nous plonger dans des atmosphères tantôt féériques (le Village des Sables, la Plage Sentinelle, la Montagne Enneigée…), tantôt plus inquiétantes (l’Île de la Brume, le Marécage, les Grottes aux Araignées…), pour une immersion de chaque instant.

Musiques : ★★★☆☆
Les musiques de Mark Mothersbaugh manquent de mélodies marquantes mais accompagnent très bien nos déambulations dans les différents niveaux de Jak and Daxter, proposant par ailleurs diverses variations pour chaque thème. Parmi les meilleurs morceaux : Sandover Village, Snowy Mountains ou encore la musique du combat contre Klaww.

Premier volet d’une série culte qui aura délaissé par la suite le féérique pour un univers plus sombre, Jak and Daxter: The Precursor Legacy n’en demeure pas moins l’épisode le plus maîtrisé de sa génération. Grâce à un world design impressionnant et une réalisation aujourd’hui encore remarquable, ce petit jeu sans prétention aura marqué le début d’une ère bénie de platformers, en compagnie de Ratchet & Clank, Sly Cooper ou encore Psychonauts. Une superbe aventure fun et rythmée, mais surtout empreinte de nostalgie pour beaucoup de joueurs de l’époque…