NARRATION
Histoire : ★★★☆☆
Alors qu’elle vient tout juste de vaincre la secte Eclipse, Aloy poursuit tant bien que mal sa recherche d’une copie de Gaïa, toujours dans le même objectif d’enrayer l’effondrement des écosystèmes terrestres. Tandis qu'elle mène ses investigations dans les ruines de l'Ancien Monde, la désormais « Sauveuse de Méridian » va vite être informée de la trahison de son ancien allié, le mystérieux Sylens, ce dernier ayant récemment fui en possession d’Hadès, l’intelligence artificielle maléfique qu’elle pensait pourtant avoir détruite… Face à cette nouvelle menace, notre héroïne n’aura d’autres choix que de se rendre jusqu’aux rivages du Pacifique, par-delà-même les frontières du monde civilisé, à travers l’Ouest sauvage prohibé.
Bénéficiant d’une mise en scène plus aboutie que celle d’Horizon: Zero Dawn, l’odyssée d’Aloy délaisse peu à peu le post-apocalyptique pour nous plonger davantage dans un récit de science-fiction ambitieux : suite à une révélation osée mais excitante, Forbidden West n’aura de cesse d’illustrer un thème récurrent tout au long de son aventure, celui de l’Homme se prenant pour Dieu et qui cherche à dominer la nature par la technologie, laquelle finit toujours par se retourner contre son créateur… Une histoire plutôt bien ficelée et dont la conclusion appelle logiquement à un troisième volet.
Personnages : ★★★★☆
Aloy incarne ici une héroïne courageuse et solitaire, mais qui va peu à peu apprendre à s’entourer d’alliés plutôt que de supporter seule le poids du monde. Et là où les expressions faciales étaient beaucoup trop figées dans Zero Dawn, elles sont maintenant devenues excellentes : les dialogues s'en trouveront ainsi fortement enrichis, d’autant plus que le doublage en VF ou en VO sera toujours de qualité. Le jeu propose par ailleurs une base à la Mass Effect où il sera possible d’échanger avec l’ensemble de ses compagnons, voire de recueillir auprès d’eux des requêtes plus personnelles : mention spéciale à Kotallo, le noble guerrier Tenakth amputé du bras gauche, ou encore à Alva, l’affable et curieuse devineresse Quen.
Univers : ★★★★★
Déjà bien installé dans le premier épisode, l’univers de la saga Horizon confirme ici sa richesse foisonnante ; après des débuts familiers en territoire Carja, le pèlerinage de notre héroïne la mènera à l’encontre de nouvelles tribus : les guerriers Tenakths, les pacifiques Utarus et les explorateurs Quens. Bien qu’encore un peu trop édulcorées pour des sociétés si primitives (quid de l’impitoyabilité des Tenakths, parfois évoquée mais presque jamais illustrée concrètement dans le jeu ?), chacune dispose de sa culture et ses propres croyances, qui ne manqueront d’ailleurs pas d’exaspérer la cartésienne Aloy… Un retour à l’Âge de Fer qui tranche radicalement avec les vestiges technologiques de l’Ancien Monde, et dont les enregistrements textuels et audio nous en apprendront bien plus sur la fin de l’humanité telle que nous la connaissons. A noter aussi que les quêtes secondaires sont plutôt réussies dans l’ensemble, sans atteindre l’originalité et l’écriture d’un The Witcher 3: Wild Hunt.
JEU
Game Design : ★★★★☆
A défaut de révolutionner le genre de l’open-world, Horizon: Forbidden West emprunte ses idées à gauche à droite en y combinant ce qui s’y fait de mieux depuis dix ans : quêtes annexes à la Witcher 3, exploration teintée de Zelda: Breath of the Wild (paravoile, énigmes environnementales), combats rappelant Monster Hunter (repérage des points faibles, pièges, loot de composants, qualité des animations), arbre de compétences bien fourni, mais aussi – il faut le reconnaître – remplissage à la Ubisoft : camps d’ennemis, points d’intérêts, tours radio sous forme de Grands-Cous... Pourtant, malgré cet enrobage classique qui pourra en agacer certains, la formule fonctionne parfaitement, car la plupart des activités trouvent leur intérêt ludique sans jamais venir empiéter sur les qualités principales du titre (là où elles peuvent devenir envahissantes et indigestes dans d’autres mondes ouverts). Par ailleurs, tout comme CD Projekt avec leur Gwent, les développeurs de Guerilla Games ont eux-aussi développé leur propre mini-jeu, l’Attakth, à mi-chemin entre le jeu d’échecs et les figurines Warhammer.
Gameplay : ★★★★☆
Si l’escalade a été grandement améliorée par rapport à Zero Dawn – notamment grâce au grappin et à des prises plus généreuses – elle reste encore très perfectible : à l’instar des premiers Assassin’s Creed, Aloy a un peu trop tendance à s’accrocher à tout et à n’importe quoi, sans compter que les parcours manqueront parfois de lisibilité. Mais si Horizon se voit avant tout comme un melting-pot d’action/aventure/RPG en monde ouvert, le cœur de son gameplay restera bien sûr ses combats épiques contre ses machines… et cela tombe bien car ces affrontements-là sont particulièrement réussis ! Les robots-dinosaures demanderont planification, réflexes et précision pour être vaincus, d’autant plus que le bestiaire y sera particulièrement relevé ! Côté moyens de transport, l’ailegide (c’est-à-dire la paravoile) nous permettra de planer sur de longues distances, tandis que le piratage mettra à notre disposition pas moins de quatre montures,
dont la surprenante Aile-d’Hélion et la possibilité de voler en toute fin de partie !
Level Design : ★★★★☆
Du point de vue du world design, la progression dans l’open-world sera rythmée par la trame principale, puisqu’on découvrira régulièrement de nouvelles régions au fur et à mesure de notre avancée vers l’Ouest. Ces dernières seront par ailleurs parsemées de niveaux linéaires bien mis en scène (les interludes et les creusets), s’inspirant davantage de jeux à la Uncharted. On y trouvera également des phases d’énigmes/plateformes ayant bénéficiées d’une attention toute particulière, notamment celles des ruines anciennes et de l’ascension des Grands-Cous.
PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★★
Ce n’est pas un mystère si Horizon: Forbidden West s’avère être une tuerie graphique ! Après le Colorado, le Wyoming et l’Utah du premier épisode, Aloy débutera son périple dans les canyons de Zion pour se diriger par la suite vers le Nevada et la Californie, à la découverte d’autres paysages emblématiques des Etats-Unis : Sequoia National Park, les monts enneigés du Yosemite, les ruines de San Francisco, dont on peut reconnaître les vestiges du Golden Gate ou de Lombard Street,
mais aussi les casinos ensablés de Las Vegas, aux hologrammes enchanteurs qui viendront illuminer le désert de nuit…
Du côté des machines, les nouveaux designs sont encore plus inspirés qu’avant, donnant parfois un air de Jurassic Park futuriste au jeu : raptors, ptérodactyles, spinosaures, mammouths… Enfin, les différentes tribus sont elles-aussi très réussies, tant au niveau de leurs accoutrements que de leurs colonies : Mélopée, cité végétale construite sur les hauteurs de paraboles à l’abandon, Lance Ardente, à la silhouette fortement inspirée d’un Mad Max, le Rempart, qui pourra rappeler Les Eyrié du Trône de Fer, ou encore Falaise, village bâti en amont de majestueuses chutes d’eau…
Ambiance : ★★★☆☆
Le sound design est de qualité mais manque un peu d’ambiances mémorables, à l’exception peut-être de certaines phases sous-marines ou sous-terraines (dont les explorations de Thèbes et Cavidune). Restent les magnifiques effets de lumière et de brume, qui nimberont parfois l’open-world d’une atmosphère saisissante…
Musiques : ★★★★☆
Une bande sonore excellente, quoiqu’un peu discrète en jeu. Dans la continuité de Zero Dawn, le thème principal reste toujours aussi majestueux, même accompagné de sonorités plus électroniques. Parmi les autres musiques à retenir : Whatever Comes, A Promise to Uphold ou encore la vibrante The World On Her Shoulders. Et sans oublier la belle chanson du générique d’introduction : In the Flood.
La saga Horizon serait-elle maudite ? Car après Zero Dawn sorti cinq ans plus tôt dans l’ombre de Breath of the Wild, c’est face à un autre géant de l’open-world (Elden Ring) qu’Horizon: Forbidden West peine aujourd’hui à trouver son heure de gloire. Et même si l’aventure ne révolutionne en rien le genre, contrairement à ses deux concurrents directs, ce second opus s’affirme malgré tout comme un excellent jeu qui aura réussi à gommer certains des défauts de son aîné : narration et personnages plus engageants, expressions faciales devenues impeccables, diversité de ses activités annexes, nouveaux outils facilitant l’exploration… Et c’est sans compter les véritables stars du jeu, ses machines toujours aussi impressionnantes, ainsi qu’une claque graphique retentissante ! Bref, un monde ouvert classique dans sa construction, mais sublimé par une exécution de très très haute volée !