La vraie simulation d'Indiana Jones

La-Mulana est ce que l'on appelle un métroïdvania : un jeu à défilement en 2D dans lequel on se déplace dans un labyrinthe géant dont on débloque progressivement les chemins, afin d'explorer toujours plus cet univers. De la plate-forme, de l'exploration, de l'action mais aussi beaucoup d'énigmes. En effet, l'univers est une sorte de gigantesque temple souterrain rempli de pièges mortels et d'énigmes que le joueur (qui incarne donc un clone d'Indiana Jones, fouet inclus) devra résoudre. Les salles regorgent de tablettes contenant des indices pour résoudre les mystères d'une salle qui ne se trouve parfois pas à côté (attention, c'est en anglais).

Le level design est absolument exemplaire. Il n'y a pas d'ordre imposé pour la visite : on fouille un coin, on bloque, on essaie ailleurs, on bloque, on finit par résoudre une énigme mais cela ne déverrouille qu'un passage qui est toujours bloqué par une autre énigme (frustration !). Au bout d'un moment on finit par comprendre où le jeu veut en venir (ou pas), on apprend quelques astuces pour trouver les innombrables passages secrets indispensables à l'aventure (frappez partout !). On finit par connaître ces ruines par coeur, de même que ces fichues tablettes incompréhensibles mais néanmoins indispensables pour comprendre ce que l'on attend de nous. Ce monde ne livre jamais complètement tous ses secrets et au final, l'expérience risque d'être bien différente d'un joueur à un autre.

Vous l'aurez compris, ces énigmes sont VRAIMENT retorses. Pas toujours évidentes à interpréter ("Sois comme le mendiant, à genoux pour ramasser les pièces qui tombent"), on ne sait pas toujours ce que l'on a accompli en les réussissant ("Ok, j'ai activé l'interrupteur, maintenant où est-ce qu'il y a eu un changement ?"). Il m'est arrivé de nombreuses fois de devoir recourir à une soluce, et même si c'est évidement hautement déconseillé, il y a des fois où je me suis dit que la solution était vraiment tordue. Mais vraiment quoi. Même après le boss final, les développeurs se moquent de moi avec une énigme halakon à comprendre en temps limité, sous peine de devoir recommencer l'affrontement. Et j'arrive toujours pas à trouver cette énigme logique. Mais ça fait partie du charme de ce jeu : les cellules grises sont réellement utilisées, on se sent vraiment comme Indy qui se creuse la cervelle sur les énigmes qui lui tombent dessus.

Sans compter le nombre de pièges mortels. Le jeu n'est pas seulement difficile pour ses énigmes, il l'est aussi pour sa partie action. Les ennemis sont nombreux, les pièges sont parfois imprévisibles et bien vicelards, les boss sont cauchemardesques. Attention, il existe une tablette dans le jeu qui dit : "Maudit sois celui qui lit cette tablette !". Si un ennemi n'apparaît pas immédiatement pour vous exterminer, c'est bon. Sinon, ça veut dire que vous venez d'activer le mode difficile. Si vous sauvegardez à ce moment là, vous ne pourrez plus revenir en arrière et vous risquez de pleurer devant ce qui vous attend. Il y a plus d'ennemis et les boss sont encore plus rapides qu' avant (j'en laissais certains de côté parce que je les trouvais impossibles à battre avec mon niveau actuel, et là...). Le cauchemar est là avec ce mode : il m'a fallu 4-5 heures pour battre certains boss.

Et la maniabilité particulière n'aide pas : à la manière des premiers castlevania, on ne peut pas modifier la trajectoire de ses sauts en plein vol, sauf dans certains cas. Globalement ça fonctionne, mais ça oblige à anticiper beaucoup plus que d'habitude. Et là, les boss vous torturent (oui, j'ai été traumatisé par ce jeu). Oldschool, les graphismes et la musiques le sont aussi : les décors imitent une 32 bits avec beaucoup de charme, c'est retro mais pas trop. Les musiques sont très dynamiques et vous donnent la patate. On se sent bel et bien dans un castlevania.

Éprouvant, traumatisant, mais franchement bon. Ce jeu, on l'adore ou on le maudit mais on ne l'oublie jamais (sauf si vous abandonnez la partie). Il est jusqu'auboutiste, exigeant, motivant, gratifiant. Il ne s'adapte jamais au joueur, c'est le joueur qui s'adapte à lui. Il nous tient en haleine pendant des heures et des heures, nous énerve, mais purée des jeux aussi purs, il y en a bien peu. Si vous vous en sentez le courage, ne laissez pas passer celui là.