Si je devais résumer mon avis sur Lego Builder's Journey, c'est qu'il se loupe sur ce qu'il est sensé être (un jeu de réflexion), mais qu'il se rattrape en excellant là où on ne l'attend pas.
Je me demande ce qui a motivé ce projet, qui a tout du petit jeu indé mais financé par une grosse entreprise qui vend des jouets. Est-ce une commande ou bien l'initiative d'une petite équipe qui a su bien pitcher son idée à des danois en costards ? A défaut de pouvoir répondre à cette question, je vais commencer par répondre à celles-ci : "C'est quoi comme jeu, ce jeu LEGO ?" et "Est-ce que c'est bien ?"
Ce qu'on a en face de nous, c'est un jeu de réflexion qui nous demande de poser des briques au bon endroit pour pouvoir avancer. Est-ce que c'est un bon jeu de réflexion ? Pas vraiment. Les "puzzles" qu'on nous demande de résoudre ne sont jamais bien intéressants parce que la solution est toujours assez simple à trouver. Ce qui prend du temps, ce n'est jamais de comprendre ce qu'il faut faire mais de le faire une fois qu'on a compris la marche à suivre. Ca fait que j'ai commencé à souffler du nez à moins de la moitié du jeu alors que celui-ci n'est pas très long.
Mais pourtant je suis resté jusqu'à la fin.
Je suis resté jusqu'à la fin parce que malgré les sections poussives et redondantes, le jeu a réussit à m'accrocher sur des aspects auxquels je ne m'attendais pas. Déjà son rythme. Oui, ce qu'on nous demande de faire n'est jamais très élaboré, mais les situations de jeu arrivent tout de même à varier pour renouveler l'intérêt de l'expérience. Se créer un chemin ou une rampe, interagir avec des molettes pour modifier le décor, construire un véhicule… Ca ne va jamais très loin mais il y a ce côté Uncharted ou l'enchaînement des différentes sections arrivent à nous tenir en haleine.
Il y a l'histoire aussi, simple mais efficace, et avec un message assez marrant quand on sait que le jeu est quand même estampillé du nom d'une grosse organisation capitaliste. L'intrigue tourne autour de la relation entre ce qui s'apparente à un père et son fils, qui vivent heureux en allant à l'aventure. Mais voilà que celle-ci s'arrête quand le papa est forcé de retourner au travail. Le fils va alors être embarqué dans un voyage qui l'amènera à détruire le système et à la fin tout le monde est heureux parce qu'on a plus besoin de travailler. J'ai bien conscience qu'il y a un côté mercantile à l'ensemble, en montrant à quel point c'est trop chouette de pouvoir s'amuser avec des legos en famille, mais j'ai trouvé l'intrigue assez subversive par rapport au cadre de sa production.
Mais pour moi, la plus grande réussite du jeu, c'est bien son atmosphère. C'est là qu'il m'a le plus captivé. Lorsque j'étais à deux doigts de lâcher ma manette, le jeu arrivait à me montrer quelque chose (et je ne pensais vraiment pas voir ça dans un jeu LEGO) d'intriguant. L'ambiance sonore, l'éclairage, les constructions par fois étranges, il y a des scènes qui ont vraiment un je ne sais quoi de "wow'. Tout ça m'a fait tenir jusqu'au bout.
Je ne sais toujours pas ce qui a motivé ce projet, mais je sais ce qui me pousse à me poser la question. Ce n'est pas la première fois que je suis face à un jeu avec une esthétique indé édité par une grosse boîte. Ubisoft à tenté de nous faire le coup plusieurs fois avec Child of Light ou Valiant Hearts, mais contrairement à ceux-là, Builder's Journey est un jeu qui parvient à avoir une âme.
Et ça c'est beau.
Ouais.