Will Wright est un génie. Il ose adapter la maison de poupée à l'ordinateur et voilà qu'il crée un monstre. Grand amateur de Half Life et Baldur's Gate à cette époque, allez savoir ce qui m'a pris de me procurer les sims dès sa sortie. Une sorte de curiosité mêlée de fascination devant la promesse video-ludique: allais-je découvrir enfin un simulateur de vie comme l'ont promis avant tant de jeux? (Je pense à toi, Creatures ou à toi, Little Computer People qui m'a tant déçu - peut être parce que je t'ai installé sur un émulateur...)
C'est pire que ça. Les sims est une reflexion glaciale sur notre condition de Mortel, où le facteur temps est le grand régisseur - en d'autre terme, jouer aux Sims, c'est comprendre que chacun de nos choix est juste un crédit alloué par la grande faucheuse à faire fructifier au mieux.
J'ai joué le week end entier à faire progresser mon bonhomme dans sa maison, à peu à peu améliorer ses meubles, à faire grandir son salon, à lui faire lire des livres, pour qu'il ait accès à un meilleur emploi, pour qu'il puisse acheter des meubles plus chouettes, pour que les invités soient enclins à rester plus longtemps, pour améliorer ses jauges sociales, pour qu'il soit plus heureux, afin de moins déprimer, afin d'avoir plus d'énergie pour faire du sport, ce qui va lui permettre de faire la vaisselle plus vite, afin de dégager du temps pour étudier... Vous suivez le topo?
Une course contre la montre pour progresser avant de mourir. Tout ça sur fond du meilleur outil de design de maison (va te rhabiller, google ketchup!) et avec des petits airs de bossa nova qui te glissent au fond de l'oreille "tout va bien... tout va bien".
Et lorsqu'on sauve et que l'on quitte, on se regarde soi même.
Inutile de dire que j'ai eu le sommeil agité, et que j'ai désinstallé cette cochonnerie immédiatement, pour me remettre à vivre naïvement, à gaspiller mon temps à continuer à jouer et à fumer des cigarettes.