Que dire sinon que la promotion du jeu a été honnête. Lollipop Chainsaw n'est pas très malin, il se contente de jeter toutes ses références à la gueule du joueur puis cherche à le placer dans une configuration propice au fun et au second degré pour peu qu'il ait gardé son âme d'adolescent mâle (cheerleader blonde dans une ville infesté de zombies). Ce faisant, il espère que la sauce prenne, en jouant la carte de la complicité et de l'humour potache. A mon goût ça ne suffit pas.
Alors certes, je n'attendais pas un beat'em all aussi juicy que Bayonetta compte tenu du passif du studio, mais le personnage de Juliette offrait tout de même de sacrés perspectives de souplesses. En réalité on se retrouve avec un résultat proche de No More Heroes (QTE comprises mais sans le wiimote), c'est à dire cool mais quand même un peu bancal. La touche d'esquive et de saut correspondent en réalité à une seule et même input, et le level design est en permanence balisé de murs invisibles qui réduisent à néant toute possibilité d'exploration ou même d'exploitation du décor en pleine baston. Je n'ai rien contre les jeux couloirs, surtout quand il s'agit de beat'em all, mais se limiter à une arène plane en se contentant de disposer variablement des bidons rouges et bleus... je trouve ça un peu limite.
Définitivement le level design est sans surprise et compte tenu du ton parodique du jeu et de la célèbre capacité de Suda51 à briser le quatrième mur, on était en droit d'en attendre plus... surtout quand la première chose que le jeu nous demande de faire est une action contextuelle. Parlons-en, de ce ton parodique. Tout ce qui a trait aux univers musicaux dans le jeu est réussi, à commencer par les boss battle qui sont entre le génial et le vachement fun (avec un gros fail toutefois sur la fin du jeu. Indice : ça commence par "Boss" et ça finit par "QTE") autant dans leur présentation que dans leur construction ludique. A la façon de No More Heroes (again), ce sont ces moments du jeu qui se démarquent et la découverte de chacune de vos némésis devrait être l'occasion d'un bon fou rire. L'humour potache permanent quant à lui... je trouve qu'il passe moyennement au travers de Juliette. Ca ne me gênais pas dans Shadows of the Damned, car les personnalités de Garcia et Johnson se complétaient bien et formaient un duo comique solide, mais ici il y a comme un trop plein qui m'empêche de jouer le jeu. L'héroïne est vraiment une insulte envers la gente féminine par sa naïveté et son enthousiasme aveugle, et surtout, l'adresse à un public "pervers" est trop omniprésente dans le jeu pour ne pas créer un léger malaise (dans les temps de chargement une pancarte défile en indiquant souvent d'arrêter de regarder "ma culotte"). L'héroïne cheerleader implique un certain regard masculin que j'espérais peut être pointé du doigt avec plus de subtilité, comme ce fut le cas avec l'Otaku de No More Heroes, mais ici il n'en est rien. Tout est un peu trop gratuit, sorti de tout contexte, comme ces phases de mini-jeux au goût plus que discutable et que l'on effectue régulièrement sans plaisir (broyer une centaine de zombies passifs, même en difficulté maximale, dans une arène de 100m² avec une moissonneuse batteuse). Je voulais une héroïne girly, on me sert une héroïne nunuche.
Bon à côté de ça c'est quand même sympa à prendre en main et une fois que l'on a assimilé le système de multi-kill pour faire exploser le high-score, on se retrouve davantage à gérer méthodiquement des packs de zombies plutôt qu'à participer à des combats à proprement parler. Certains passages sont vraiment déséquilibrés (tout du moins en difficile, je n'ai pas essayé en normal) ce qui m'a fait prendre conscience que les chargements sont un poil trop longs au sein d'un même niveau, mais rien d'insurmontable pour qui a les nerfs solides. Vous n'êtes toutefois pas à l'abri de deux ou trois injustices directement issues du système de chute tout droit hérité de NMH (encore), qui casse le rythme et vient parfois provoquer des situations exaspérantes face aux zombies spéciaux.
Bilan, c'est plutôt cool, assez joli, peu bugué (bugué tout de même) mais inégal, pas assez girly et handicapé par sa volonté de trop faire plutôt que bien faire.
P.S. Et ça manque sévèrement d'un mode boss en time trial façon MGS.