Pleine lune. La pluie battante. Quelques éclairs découpaient les silhouettes des bâtiments aux allures de châteaux d'un autre temps. Je me dirigeais vers l'un des étages du building, scrutant chaque recoin pour ne pas me faire repérer. On me proposait un passage souterrain pour éviter les gardes, mais je ne suis pas comme ça, j'affrontes le danger et ce sont les ennemis qui me redoutent, pas l'inverse.

La lumière blafarde d'un plafonnier me fit reculer d'un pas, observant le garde faisant sa ronde. Je l'observai de l'extérieur du bâtiment, scrutant ses faits et gestes, cherchant la petite faiblesse qui le conduira à une mort certaine. Il se retourna vers moi, mais tant que je n'entrai pas dans la lumière, le bougre n'avait aucune idée de l'ombre qui le guettait. Soudain, un éclair vint m'éblouir, et le garde eut un sursaut: dans cette nuit pluvieuse il crut voir quelque chose, une ombre fugace qui le regardait. Je ne perdis pas une seconde et sautai pour m'accrocher au rebord du mur extérieur, tandis que le garde passa en-dessous de moi pour tenter de découvrir l'origine de cette apparition. Grave erreur: je profitai de sa curiosité pour bondir de mon perchoir et l'occire d'un coup de sabre savamment placé. Pas de bruit, pas de témoin, net et sans bavure.

A l'intérieur, j'observai les éclairs distinctement par les fenêtres ornées. Des statues parsemaient la pièce et offraient une cachette idéale. Des crochets au plafond me permettaient de jouer les araignée aisément. Trois gardes, dont un avec un bouclier qui pouvait lancer une fusée éclairante à la moindre alerte. L'obscurité étant mon terrain de jeu, il n'était pas question de lui laisser une chance. Je m'accrochai à un support maintenu dans les airs et descendis grâce à mon grappin au-dessus de ma victime. Le bougre n'eut pas le temps de savoir ce qui lui arrivait et se retrouva étranglé, pendu sur le support telle une pièce de boucher. Je décidai de m'amuser avec les deux autres. Je plaçai juste derrière les deux gardes une mine à pointes et revins en arrière. Accroché au support, je lançai une dague sur l'un d'eux et m'enfuis sur le plafond pour éviter le faisceau de leurs torches. Le soldat se dirigea vers le support et braqua sa torche sur son compagnon pendu. L'effet est immédiat: le couard prit peur, son acolyte aussi et le duo tira n'importe où, complètement terrorisé. Celui en arrière tua malencontreusement son camarade et tout en reculant, déclencha mon piège pour finir empalé sur les pointes. Effet garanti.

Je sortis à l'extérieur. La pluie frappait mon visage violemment, mais ça ne m'empêchait pas de penser aux multiples possibilités qui s'offraient à moi pour me débarrasser des gardes précédents. Se cacher derrière les statues? Ces pauvres imbéciles se seraient approchés trop près et auraient accéléré leur trépas. Les prendre à revers via un des conduit d'aération? Propre et sans bavure, et j'aurais pu cacher mes proies dans le conduit. Mes bombes fumigènes empoisonnées auraient suffi pour les éliminer sans qu'ils ne comprennent rien. J'aurai aussi pu les attirer en détruisant les lumières: le bruit aurait attisé leur curiosité et leur zèle aura été la dernière chose dont ils auraient pu être fier. Beaucoup de possibilités. La ville au loin plongée dans l'obscurité, discernable par les quelques points lumineux, est un terrain de jeu extraordinaire pour les ninjas. Plein de cachettes, de pièges, de fourberies en tout genre. Un ninja doit rester dans l'ombre, agir sans que personne ne se doute de rien. Un ninja est mené par l'honneur du combat. Je sautai en contrebas et plongea dans l'obscurité, silencieux et imperceptible.
Cronos
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le 22 sept. 2012

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Cronos

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