Annoncé lors de l'E3 2016, Marvel’s Spider-Man a tout de suite charmé les fans de l'araignée : un monde ouvert vivant, une beauté ahurissante, des animations impeccables, un gameplay "à la Arkham". Autant d'atouts alléchants qui ont fait du jeu une des exclusivités les plus attendues de cette année 2018.
Pour commencer, les plus nostalgiques retrouveront sans doute les sensations de balade en toile qu'ils ont pu connaître sur PS2. Chaque balancement, chaque figure aérienne, chaque animation est une preuve qu'Insomniac a vraiment fourni un travail remarquable afin de procurer au joueur un sentiment immense de liberté. Pourtant, en terme de gameplay difficile pour Spider-Man de passer après Batman. En effet, avec sa licence Arkham Rocksteady a su imposer un style particulier dont le jeu s'est grandement inspiré. Sans surprise, on se trouve avec des affrontements rythmés usant ainsi du même schéma : attaques légères/lourdes, gadgets, utilisation de l'environnement, tandis que l'efficacité et le style des combos prennent forme en fonction de la créativité du joueur. Quoi qu'il en soit, seule l'infiltration demeure au rez-de-chaussée de son potentiel, car justement à l'inverse d'un Batman Arkham qui savait maitriser à la fois les phases d'action et d'infiltration Spider-man reste à la traîne. Certes, il est possible d'effectuer des attaques silencieuses ou de placer des gadgets afin de surprendre l'ennemi, mais l'ensemble n'offre que peu de possibilités d'approche en plus de devenir rapidement redondant.
Ensuite, l'Open World est à tomber par terre. Visuellement les éclairages naturels le jour comme les lueurs de la ville la nuit offrent des plans impressionnants, la ville de New York grouille de vie et cache de nombreux secrets, JJ Jameson parle régulièrement à la radio pour commenter -objectivement- nos dernières prouesses, tandis que voltiger entre les immeubles demeure un réel plaisir jouissif et insatiable. Cependant, cette map n'échappe pas aux tares des Open World actuels. En effet, d'innombrables icones étouffent la map et ils représentent presque tous une activité futile : trouver des sac-à-dos disséminés un peu partout, capturer des pigeons pour l'éleveur du coin, prendre en photo des lieux spécifiques, ou encore pirater des tours radios afin de dénicher encore plus de tâches similaires. Qui plus est, ces tâches fastidieuses permettent d'acquérir des jetons essentiels à l'achat de nouveaux costumes, de mods, ou de gadgets. Concrètement, l'idée d'Insomniac est de créer une monnaie à travers des jetons divisés en catégories distinctes en fonction de la mission (jetons de crime, de recherche, de monument...ect), d'un objet à l'autre le prix variera et il faudra fournir un ou plusieurs types de jetons spécifiques afin de débloquer le contenu souhaité.
Enfin, concernant le scénario il a le mérite de bénéficier d'une mise en scène similaire aux films du Marvel Cinematic Universe. En ce sens, Spider-Man respecte les codes du MCU avec une dose généreuse d'action posée sur des thématiques simples, le tout englobé par un humour propre à ce genre de production. Quoi qu'il en soit, comme Rocksteady avec son Batman, Insomniac semble s'être complément imprégné du héros et avoir compris son univers. Ce qui se caractérise par troquer de temps en temps notre rôle d'araignée sympa du quartier pour celui de Peter Parker, cette transition permet de voir l'autre facette du personnage ainsi que l'équilibre compliqué entre ses responsabilités de héros et sa vie de jeune adulte. En revanche, il nous arrive parfois d'être dans la peau d'autres personnes, comme par exemple Mary Jane « MJ » Watson. À travers la vulnérabilité de quelqu'un sans aucun pouvoir ces quelques séquences dévoilent de manière plus concrète la réelle envergure de la menace, toutefois celles-ci sont basées sur des phases d'infiltration qui manquent souvent d'intérêt . Pour finir, on peut également reprocher aux développeurs un manque d'équilibre concernant le temps à l'écran de certains bad-guys. Concrètement, beaucoup d'ennemis emblématiques de Spider-Man sont présents, mais bien peu ont droit à une exploitation suffisante.
En somme, après quelques productions catastrophiques Insomniac Games livre enfin un jeu Spider-Man tel que les fans pouvaient en rêver. Cependant, en s'inspirant du Batman de Rocksteady les défauts deviennent tout de suite évidents. Marvel's Spider-Man manque d'audace et ne réinvente rien, tandis qu'il collecte les tares les plus récurrents du genre Open World. Néanmoins, même si le Dark Knight demeure encore supérieur dans bien des domaines, Spider-Man semble enfin avoir trouvé sa voie et regagne en estime. Sans aucun doute, un bel avenir lui est envisagé parmi les adaptations vidéoludiques à succès.