Medal of Honor Airborne est un jeu intéressant à deux titres : il cumule des défauts bien spécifiques à son époque de conception, et aide à comprendre pourquoi la franchise Call of Duty d'Activision s'est imposée face à Medal of Honor d'Electronic Arts durant les années 2000.
Celui-ci nous met dans les bottes d'un parachutiste de l'US Army qui va participer à une série de missions durant la seconde guerre mondiale, face aux forces italiennes puis à l'armée allemande.
Les premières impressions face au jeu sont encourageantes : les graphismes sont corrects pour l'époque et le fait de pouvoir sauter en parachute pour rejoindre le lieu des combats est un artifice de mise en scène appréciable, de même que le caractère ouvert des cartes qui sont peu basées sur des séquences scriptées et donnent simplement une série d'objectifs à remplir dans l'ordre et de la manière que l'on souhaite.
Mais rapidement, les défauts les plus fondamentaux sautent aux yeux. D'abord, les armes sont d'une imprécision considérable et affichent des organes de visée massifs. On comprend vite que cela a été conçu pour rendre le jeu jouable sur console en basse définition. Sauf que sur PC, cela apparait totalement artificiel et même gênant, en réduisant la distance efficace des armes (à l'exception du sniper) ce qui force les affrontements à se dérouler de très près. Assez vite, on est frustré par cette limitation.
Mais à cela, s'ajoute une mode typique des alentours de 2007 : l'introduction d'un "système de couverture". Ainsi, pour permettre au joueur de s'abriter derrière une barricade ou de tirer depuis derrière un mur, celui-ci est bloqué à sa place dès qu'il se met à viser, et les touches directionnelles servent alors à se pencher sur les cotés, se lever ou se baisser afin de se cacher. Malheureusement, cela tient du gimmick inutile, qui se révèle en plus franchement gênant, car il est du coup impossible de se déplacer tout en continuant à viser, contrairement à ce à quoi nous ont habitué nombre d'autres jeux de tir.
On pourrait passer outre ces défauts si au moins une des armes était agréable à utiliser : ce n'est même pas le cas du sniper qui cumule plusieurs défauts. D'abord, le point au centre du viseur est immense, ce qui réduit la portée utile et empêche de viser précisément, menant parfois à tirer à coté de sa cible. Et là, s'ajoute un problème purement technique mais très ennuyeux : un système assez rustique de profondeur de champ dysfonctionne régulièrement, d'abord en étant lent à permettre de voir nettement sa cible, mais aussi parfois en rendant flou tout le champ de vision, empêchant ainsi de viser.
En 2007, le moteur du jeu, l'Unreal Engine 3 était encore en rodage, et malheureusement, cela se voit dans d'autres domaines : il arrive parfois au joueur ou à un ennemi d'être subitement téléporté de quelques mètres sur la carte, on peut parfois se bloquer tout seul sans raison, comme collé au sol, et il peut arriver de voir un ennemi apparaître de nulle part. Bref, la qualité de réalisation n'est pas au rendez-vous, et c'est le même topo coté graphismes. On peut les qualifier de corrects pour l'époque, mais en 2007 où sont sortis de très beau jeux de tir, on a vu des titres d'un tout autre niveau. La modélisation est inégale mais globalement grossière, en particulier les véhicules, et les textures peu détaillées. Quant aux effets, ils sont corrects, sans plus, tandis qu'aucun travail digne de ce nom n'a été fait sur la lumière dans les niveaux, assez bruts de décoffrage.
Ceux-ci sont peu inspirés, d'une conception assez banale, et l'absence d'une réelle mise en scène les rends assez mornes, d'autant que les apparitions d'ennemis en grand nombre sortant de nulle part deviennent vite lassantes. Le jeu a quelques passages un peu difficiles, mais plus par le nombre d'ennemis qu'il envoie face à un joueur aux armes inefficaces (même améliorées), qu'en proposant une situation tactique exigeante. Bref, c'est lassant.
Si l'on ajoute à ça l'absence de réels personnages combattant aux cotés du joueur, et une histoire qui reprend de manière fade des épisodes déjà bien connus de la seconde guerre mondiale, il y a de quoi s'ennuyer. Et on peut imaginer que c'est pour cette raison que les développeurs ont basculé dans l'uchronie durant l'avant dernière mission où l'on découvre des troupes d'élites de la Wehrmacht extrêmement résistantes et armées de mitrailleuses gaitling.
Enfin, ajoutons à cela une durée de vie plutôt faible, de l'ordre de cinq heures passées sur seulement six missions différentes. Bref, Medal of Honor Airborne n'était pas un bon jeu à sa sortie, ce n'était même pas un titre passable mais bien une expérience médiocre dont on comprend mieux pourquoi elle a été vite éclipsée par une série d'excellents FPS sortis la même année et qui eux, sont toujours plaisants à jouer neuf ans plus tard.